Faits divers

Inauguration de la stèle en hommage aux rapatriés d’Afrique du Nord

Désormais au Cap d’Agde, en haut de la Conque, regardant vers cette mer Méditerranée…

Désormais au Cap d’Agde, en haut de la Conque, regardant vers cette mer Méditerranée qui leur est si chère et le mémorial du Débarquement en Provence, se dresse une stèle en hommage aux rapatriés d’Afrique du Nord. Celle-ci a été officiellement inaugurée vendredi 20 décembre en fin de matinée par le Maire d’Agde et Robert Craba, président de l’Amicale des Français d’Afrique du Nord, en présence de nombreux élus de la Ville, sympathisants de l’association, représentants du monde patriotique et porte-drapeaux. Un moment empreint d’émotion pour tous les rapatriés présents sur le site. 

Après le dévoilement de la stèle et le dépôt des gerbes de fleurs, Robert Craba a pris la parole, remerciant en préambule l’ensemble des personnes présentes. “En ce 20 décembre 2013, jour historique et particulièrement mémorable de notre existence en Agde, imaginez… la vie… notre vie en Algérie. Chrétiens, Musulmans, Juifs en osmose sur une terre. Notre univers ? il s’étirait entre une mer bleue , devant laquelle nous avions dressé nos villes éclatantes. Rappelons nous… les souvenirs heureux et malheureux, mais aussi les différences, les conflits. Une guerre qui dura huit ans”. Après avoir rappelé les “jours funestes”, Robert Craba devait évoquer “l’exode. En quelques mois, 900 000 Français, Européens et Harkis, quittèrent le pays dans une situation de chaos et un mouvement de désespoir. 1962 représente l’année où nous avons dû quitter notre terre natale, laisser un peu de notre âme, abandonner nos racines. Après tant de souffrances, nous avons appris à surmonter notre douleur et, face à l’adversité, nous battre, reconstruire pierre après pierre une nouvelle vie. Nous sommes sortis grandis, riches de cet apprentissage douloureux. Nous n’avons pas à rougir de nos racines, de notre œuvre, de notre histoire”.

Prenant à son tour la parole, le Maire d’Agde a déclaré que “c’est avec une fierté et une émotion toute particulière que j’ai l’honneur de m’adresser à vous aujourd’hui afin de rendre hommage à ceux de nos compatriotes, qui ont vécu si douloureusement, mais avec quelle dignité, les conséquences de la fin du conflit algérien.

Peut-on pleinement mesurer aujourd’hui l’injustice dont ils furent victimes et l’absence de reconnaissance qui fut celle de la nation à l’égard d’hommes et de femmes dont le comportement fut le plus souvent admirable.

1954-1962. Huit années ont suffi pour anéantir l’œuvre de plusieurs générations de Français. Huit années durant lesquelles l’Etat s’est déshonoré à force de renoncements successifs qui menèrent à l’abandon final et pire, au reniement de la parole donnée.

Pourtant, au moment du massacre de la Toussaint rouge, en ce mois de novembre 1954, il n’était pas un responsable politique français pour ne pas rappeler que l’Algérie, c’était la France, et qu’il était impensable de négocier avec les terroristes qui s’en prenaient avec lâcheté et sauvagerie à des familles dont le seul tort était de vivre paisiblement sur la terre de leurs ancêtres.

Huit années seulement, pour aboutir à ces accords d’Evian immédiatement bafoués avec ce funeste cessez-le-feu qui fut le signal sanglant des terribles massacres orchestrés par le FLN, notamment à Oran où fut atteint le comble de l’horreur.

Vous fûtent donc un million à embarquer dans l’urgence afin de regagner la métropole et de sauver ce qui pouvait encore l’être. Peut-on imaginer, ceux d’entre nous qui n’ont pas eu à vivre ce déchirement, combien la rupture avec vos racines a pu être brutale et la culpabilité, si injustifiée soit-elle, que l’on doit ressentir lorsque l’on laisse derrière soi, dans la solitude de leurs sépultures, ceux que l’on a aimés et qui ne sont plus.

Quitter définitivement une terre où l’on a grandi, où s’inscrit la mémoire des siens et de ce qu’ils ont accompli pour un ailleurs où ne réside souvent rien de familier et où, pourtant, il faudra se trouver à l’avenir. Voilà ce que fut votre destin.

Agde a accueilli en son sein nombre d’entre vous avec, en toile de fond, cette mer Méditerranée comme unique lien avec le temps d’avant, celui d’un bonheur que l’on craint enfui.

Vous êtes devenus pêcheurs, commerçants, agriculteurs, enseignants, les plus jeunes d’entre vous ont repris leurs études. Vous avez renoué avec cet esprit pionnier qui caractérisait vos aïeux et leur avait permis de renverser des montagnes pour bâtir un  pays.

C’est ainsi que vous avez donné à vos enfants, à force de courage et d’abnégation, des racines nouvelles sans pour autant qu’ils oublient ce que vous aviez vécu, ni cette terre qui fut naguère de France.

Je veux dire une nouvelle fois ici, combien les Agathois savent ce que vous avez apporté à notre chère cité. Agde ne serait pas aujourd’hui ce qu’elle est devenue sans l’ardeur que vous mîtes à contribuer à son développement.

C’est pourquoi, ce que vous avez vécu en Algérie s’inscrit désormais dans notre histoire commune, la stèle que nous inaugurons aujourd’hui en porte témoignage. Je vous remercie”.

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