Restauration écologique du littoral agathois : PROJET X REEF, une première en Méditerranée !
Les 14 km du littoral de la commune d’Agde (Hérault) et de l’Aire Marine…
Les 14 km du littoral de la commune d’Agde (Hérault) et de l’Aire Marine Protégée de la côte agathoise font l’objet depuis de nombreuses années de balisages avec corps-morts pneus/béton ou béton pour l’installation de la bande littorale des 300 m.
Le maire est compétent dans la bande littorale des 300 m au titre de la baignade et des activités pratiquées à partir d’engins non immatriculés.
Le préfet maritime est notamment compétent pour règlementer dans la zone des 300 mètres la navigation, le mouillage des navires et des engins immatriculés ainsi que la plongée sous-marine.
En saison estivale, un plan de balisage est constitué par les arrêtés de ces deux autorités dans leur domaine de compétence.
Quelques kilomètres de côte vers l’ouest sont également équipés de bouées délimitant la zone des 300 m sur les communes de Vias et de Portiragnes.
L’AMP (Aire Marine Protégée) de la côte agathoise, site Natura 2000 « Posidonies du Cap d’Agde » FR9101414, couvre une surface de 6152 ha du Grau d’Agde à Port Ambonne, jusqu’à 3 milles nautiques au large.Elle est gérée par la ville d’Agde via la Direction du milieu marin.
Les fonds marins y sont caractérisés par différentes entités biologiques et géologiques : étendues de sables fins, grandes dalles de tufs d’origine volcanique, éboulis rocheux, herbiers de posidonies, mattes mortes et coralligène. Ces différents biotopes constituent un environnement marin favorable à la diversification de la faune et de la flore sous-marine. De plus, ce relief sous-marin, en grande partie d’origine volcanique, est unique en région Languedoc-Roussillon.
Le système de balisage de la bande des 300 m concerne une centaine de bouées jaunes (hors chenaux d’accès). Il est installé entre le mois de mai et septembre, et reste sensible aux coups de mer. Il nécessite chaque année de nombreuses interventions des services de la ville pour les remettre en place in situ, voire pour les enlever entièrement et les remettre en place, parfois au cours même de la saison.
De nombreux corps-morts sont aussi abandonnés au fond – pneus, béton, chaînes rouillées…) et dégradent les milieux naturels marins des petits fonds côtiers de l’aire marine protégée (petits fonds sableux parfois à proximité de petits fonds rocheux, herbiers de posidonies, ou d’une mosaïque roche/posidonies).
La frange infralittorale est composée de sables, de roches (éboulis, galets), de petites étendues de mattes mortes et d'herbiers de posidonies reconnus comme habitat prioritaire au sein de la Directive européenne “habitat faune flore”.
Contexte économique du projet
L’installation, la désinstallation et l’entretien des balisages peuvent constituer un poste de dépense non négligeable pour la collectivité : coût des fournitures pour l’entretien ou le remplacement des balises et de leurs ancrages, coûts des contrats de travaux si externalisés, coût des moyens nautiques et de mobilisation des agents si réalisé en interne, etc.).
La mise en œuvre de solutions techniques plus pérennes présente un réel intérêt technico-économique.
Le balisage repose sur la mise en œuvre de bouées de signalisation, dont la forme et le volume varie en fonction des espaces balisés (zone de baignade, chenal de navigation…). Les méthodes d’ancrage de ces bouées sur les fonds marins sont définies en fonction de la nature des fonds (corps-morts en béton sur fonds sableux, anneaux scellés sur fonds rocheux, ancres à vis sur fonds sensibles tels les herbiers).
La mise en œuvre de ces bouées nécessite la mobilisation de moyens de transport et de travaux maritimes spécifiques.
En raison des risques de décrochement liés aux intempéries hivernales, ces bouées de signalisation sont quasi-systématiquement désinstallées en fin de saison estivale pour être réinstallées l’année suivante.
Dans la plupart des configurations de fonds sableux, les ancrages doivent également être sortis de l’eau afin d’éviter qu’ils soient perdus par enfouissement.
L’objectif de la ville d’Agde est d’optimiser la gestion de ce balisage des 300 m et d’expérimenter de nouveaux équipements de corps-morts multifonctionnels, de type X REEF.
Cette démarche relève de l’éco-conception: la démarche d’éco-conception d’ouvrages maritimes est une démarche innovante dont l’objectif est de concevoir différemment ces ouvrages afin qu’ils assurent, en plus de leurs fonctions techniques, des fonctionnalités écologiques utiles pour les écosystèmes dans lesquels ils s’insèrent.
Ce concept innovant retient un intérêt grandissant chez les donneurs d’ordre, tant en France qu’à l’international dans la mesure où il constitue un outil permettant de concilier le double objectif de développement économique et de préservation des écosystèmes marins. Si cette démarche est en cours depuis quelques années sur les ouvrages portuaires, elle n’a pour l’instant été appliquée aux corps-morts de mouillage que de manière anecdotique et à l’international.
Ces équipements écoconçus devront répondre à la fois à cette optimisation de la gestion et participer à la restauration de ces petits fonds méditerranéens par la conception de prototypes de modules de corps-morts / mouillages adaptés aux fonds méditerranéens et pouvant faire office de micro-récifs artificiels pour les populations de juvéniles notamment.
L’objectif technique de ce projet X REEF est donc de développer un équipement d’ancrage de bouées de signalisation de la bande des 300 m en particulier, à la fois pérenne et accessible aux moyens nautiques courants de la ville d’Agde en charge de leur mise en œuvre.
L'objectif est de développer un corps-mort en béton modulaire, composé de différentes sous-unités qui puissent être aisément manipulées et assemblées en place.
La modularité visée est double :
– Modularité de poids : l’assemblage permet d’atteindre, au cas par cas, une dimension, et donc une résistance, adaptées aux conditions physiques locales ;
– Modularité de forme : l’assemblage permet de générer un design d’habitat variable en fonction du contexte écologique local et des fonctionnalités ciblées.
L’objectif environnemental de ce projet vise à développer un équipement d’ancrage de bouées de signalisation présentant une empreinte écologique améliorée par rapport aux équipements traditionnellement mis en œuvre. Cette amélioration d’empreinte environnementale est assurée sur différents aspects.
– L’ancrage, n'étant pas désinstallé chaque année, se traduit par :
Une moindre perturbation des écosystèmes sur lesquels ils sont installés. Leur plus forte stabilité évitera également des déplacements accidentels vers des écosystèmes sensibles à l’écrasement (par exemple les herbiers) sous l’action de fortes houles.Un bilan d’émission de gaz à effet de serre amélioré pour la collectivité du fait d’interventions en mer réduites.
– L’éco-conception du système d’ancrage se traduit par :
L’exercice de fonctionnalités écologiques utiles pour l’équilibre des écosystèmes marins locaux. Compte-tenu de la dimension limitée des ancrages, des écosystèmes environnants et des profondeurs d’immersion, ces fonctionnalités pourront a priori être : nourricerie, abri d’espèces patrimoniales, abri d’espèces à intérêt halieutique, etc.
L’utilisation de ressources renouvelables. Les bétons intégreront une fraction de sables coquilliers, obtenus à partir des exploitations conchylicoles de l’étang de Thau par exemple. Les bétons seront non armés, c’est-à-dire qu’ils ne consommeront pas d’acier.
Ainsi, ce projet pourra proposer des solutions adaptées visant à :
– Restaurer naturellement les petits fonds côtiers sensibles, par une diminution de l’impact mécanique des systèmes d’ancrage actuels.
– Optimiser le recrutement et la connectivité des juvéniles de poissons dans les petits fonds côtiers
– Optimiser la mise en œuvre du balisage, en terme de coût /efficacité et de valorisation pour les collectivités.
L’objectif sociétal serait également un plus car placés en limite de zone de baignade, ces équipements seront aussi des outils ludiques et pédagogiques pour la communication, la sensibilisation des baigneurs et des autres utilisateurs du milieu marin, sur la nécessité de préserver les écosystèmes côtiers.
Ce système innovant est développé avec la startup Seaboost basée à Montpellier
Le plan de travail de l’opération s’est déroulé comme suit :
– Conception des 6 nouveaux dispositifs de corps-morts avec le prestataire Seaboost, start up spécialisée en ingénierie travaux maritimes et environnement marin, avec la participation de plusieurs sous-traitants
– Repérage en plongée des sites potentiels d’installation de ces modules par l’équipe de l’AMP
– Immersion des modules expérimentaux sur le littoral agathois (moyens nautiques et agents de l’AMP)
– Suivi scientifique des structures (tenue à la mer et de biodiversité ante immersion (point 0) puis après immersion des prototypes sur un an
– Cartographies et rapports
Cout total du projet : 72 500 €
Il est financé à 80 % par le ministère de l’écologie via un Contrat Natura 2000 marin
L’OPERATION D’IMMERSION DES MODULES S’EST DEROULEE EN SEPTEMBRE 2017 SUR PLUSIEURS JOURS
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