10 ans de l’attentat de Charlie Hebdo : une expo “borderline” pour “montrer le dessin de presse vivant” à Montpellier
Plusieurs expositions sont prévues à partir du 7 janvier, 10 ans jour pour jour après l’attentat islamiste qui a tué douze personnes dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo à Paris. Un hommage au dessin de presse et aux victimes.
Le 7 janvier 2015, les frères Kouachi rentraient dans les locaux du journal satirique Charlie Hebdo et tuaient douze personnes, dont huit membres de la rédaction qui étaient menacés depuis la publication de caricatures du prophète Mahomet en 2006.
Dix ans plus tard, l’exposition “Border Line” leur rend hommage avec 150 dessins inédits exposés sur le parvis de l’hôtel de région et dans la gare Saint-Roch de Montpellier. Deux expositions sur le thème des frontières qui seront respectivement inaugurées le 7 janvier à 18h30 et le 8 janvier à 12h30, et qui dureront jusqu’au 15 février.
Des dessinateurs qui prennent la relève
“Ce n’est pas une exposition mémorielle : on veut montrer le dessin de presse vivant d’aujourd’hui”, revendique Vincent Girard, commissaire de l’exposition. “Car les Cabu, Wolinski ou Tignous ne sont plus là, ils sont irremplaçables. Mais nous voulons apporter une lueur d’espoir lors de cette journée qui est très sombre : il y a des dessinateurs qui ont du talent et qui prennent la relève. Cette génération est arrivée à maturité dans les rédactions, ça continue“, continue le membre du club de la presse Occitanie, qui organise l’événement en partenariat avec la région.
Parmi les 700 dessins réceptionnés après l’appel à projet, seuls 150 de 23 dessinateurs ont été sélectionnés. Au milieu se cachent quelques esquisses de Wolinski et Tignous. “L’idée, c’est de ne pas les mettre à part ni de faire une pierre tombale avec leurs dessins mais les mettre au milieu des autres pour montrer qu’ils sont toujours d’actualité“, soutient M. Girard.
Des dessinateurs héraultais et internationaux
Le but est aussi de mettre en lumière les dessinateurs locaux. Sur les 23 sélectionnés de sept nationalités différentes, deux au moins sont Héraultais : Aurel, qui dessine pour Le Monde, Politis et Le Canard enchaîné, et qui a réalisé le film césarisé Josep, et Man, dessinateur du Midi Libre.
“Le thème des frontières a été choisi car il est assez ouvert pour que la diversité des dessinateurs soit représentée“, explique M. Girard. Frontières visibles dans les conflits ou les migrations, frontières invisibles entre centre-ville et banlieues, entre riches et pauvres, entre femmes et hommes… “Ce thème est très riche et permet de parler de thèmes plus ou moins lourds“, continue le commissaire de l’exposition.
Rendre le dessin de presse accessible
Et le parti pris a aussi été de mettre les dessins accessibles à tous dans l’espace public. “Si on met des dessins dans un musée, on touche que les personnes qui sont déjà converties et habituées au dessin de presse, que l’on n’a pas besoin de convaincre. Nous voulions éviter l’entre-soi et frotter les gens aux dessins de presse car ce langage s’est éloigné du grand public avec la baisse du nombre de lecteurs de journaux“, constate M. Girard.
Les dessins seront donc exposés aux côtés de textes qui les contextualisent. “Car le souci du dessin de presse aujourd’hui, c’est qu’il est partagé sur les réseaux sociaux sans aucune contextualisation, il est sorti du cadre dans lequel il a été publié“, remarque le commissaire de l’exposition.
Une expo collective dans un train
Et pour toucher le plus de monde possible : quatre dessinateurs vont monter le 8 janvier dans un train entre Montpellier et Toulouse pour relever le défi de créer une exposition collective sur le thème du voyage pendant le trajet, au contact des voyageurs. “L’idée est de créer des rencontres avec des personnes qui sont plus éloignées que d’autres de la presse“, explique M. Girard, dont l’ambition est de rendre le dessin de presse plus populaire.