Société — Castelnau-le-Lez

80 ans de la libération d’Auschwitz : l’histoire méconnue des Juifs de l’Hérault

À l’occasion des 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau, le musée de la résistance et de la déportation de Castelnau-le-Lez rafraîchit son exposition permanente. Parmi les nouveaux thèmes abordés, les visiteurs pourront s’informer sur les enfants cachés, les rafles de l’Hérault, et découvrir le portrait de Justes parmi les Nations. Une exposition inaugurée le 29 janvier et ouverte au public le 10 février.

Il y a  80 ans, le 27 janvier 1945,  le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau en Pologne était libéré par les soldats soviétiques de l’Armée rouge. Des camps où ont été déportés et où sont morts des centaines de Juifs arrêtés dans l’Hérault.

Pour leur rendre hommage, le musée de la résistance et de la déportation de Castelnau-le-Lez ouvre à partir du mercredi 29 janvier un nouvel espace dans son exposition permanente, dédié à la mémoire héraultaise de la Shoah et aux Juifs de la Seconde Guerre mondiale. 

Une histoire “un peu oubliée” localement

Le musée a été créé en 1990 par des résistants qui ont été déportés pour des raisons politiques. Pendant très longtemps, le musée se concentrait sur la résistance locale mais tout ce qui avait trait à la déportation raciale était peu présent. Pour le 80ème anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, nous avons décidé de créer un espace muséal avec des thèmes consacrés aux Juifs dans l’Hérault, puisque rien ne parlait de ça dans la région”, explique Françoise Couderc, membre du bureau et de l’équipe scientifique du musée. “Nous ajoutons des panneaux pour parler de cette histoire que l’on a un peu oubliée.” 

Une première partie de l’exposition va parler de la situation de la population juive à Montpellier et dans l’Hérault au début de la Seconde Guerre mondiale, dans les années 1930 et 1940, avec l’afflux de réfugiés venus de la France libre, de Pologne, de Hollande ou de Belgique, qui s’ajoute aux familles installées depuis longtemps dans le département. Le fichier établi par la préfecture en 1942 contient 1 153 noms de Juifs, dont 819 Français et 334 étrangers.

Des Juifs maquisards

Une partie du musée est d’abord dédiée aux maquis de l’Hérault qui ont prospéré à partir de 1943, surtout dans les hauts cantons. Des portraits de Juifs qui ont combattu dans ces maquis vont donc être ajoutés. 

Je pense à Albert Uziel qui avait rejoint le maquis Bir Hakeim en 1943 à l’âge de 20 ans. Arrêté par la police, il avait réussi à s’échapper de prison pour participer à la libération de Montpellier”, prend pour exemple Mme Couderc, qui cite d’autres noms de maquisards juifs comme François Arjona, Robert Krzepicki, Henri Glazer ou Maxime Samama. 

La grande rafle du 26 août 1942 

L’exposition permanente du musée aura désormais toute une partie dédiée aux rafles dans l’Hérault, qui était pourtant censé être encore en zone dite libre. “Nous avons eu une grande rafle le 26 août 1942, quelques semaines après celle du Vel d’Hiv à Paris”, rappelle Mme Couderc. 

Mais les autorités vont rafler beaucoup moins de Juifs que ce qu’elles pensaient car les Juifs de l’Hérault qui étaient là depuis très longtemps ont été cachés ou avertis. Ceux qui ont été déportés sont pour la plupart des Juifs étrangers qui étaient venus se réfugier à Montpellier”, détaille-t-elle. 

La rafle commence le 26 août 1942, à 5 heures du matin. Environ 400 personnes sont arrêtées dans l’Hérault, au lieu du millier initialement prévu. “À Montpellier, les autorités avaient prévu d’en ramasser 144 mais elles n’en ont pris que 43”, précise Mme Couderc. Idem pour Palavas, 17 arrêtés sur les 59 prévus. 

Les Juifs étaient vigilants depuis la rafle du Vél d’Hiv. Nombreux ont bénéficié de l’aide de la population et quelquefois de la négligence des policiers qui étaient assez réticents à faire ce genre de choses”, explique Mme Couderc. 

Les personnes arrêtées ont été dirigées vers les camps d’Agde et de Rivesaltes avant d’être acheminées vers Drancy puis vers les centres de mises à mort d’Auschwitz-Birkenau. Une autre rafle aura lieu entre le 21 et le 23 février 1943 

56 Justes héraultais 

Ensuite, le musée a voulu mettre en lumière ces Justes, qui ont évité l’arrestation de nombreux juifs pendant les rafles. Sur les 4 255 Justes parmi les Nations en France, 56 sont dans l’Hérault. 

Mme Courdec prend pour exemple Camille Ernst, qui était à la préfecture de Montpellier, la famille Pallarès ou la famille Beille. Mais l’un des personnages très important reste Sabine Zlatin, une assistante sociale qui a essayé de protéger de jeunes enfants juifs mais qui vont tout de même être déportés malgré ses efforts. 

Sabine Zlatin a essayé de protéger une colonie d’enfants juifs de l’Hérault. Comme elle trouvait qu’ils étaient en danger dans le département, elle a essayé de les mettre ailleurs dans l’Ain, dans une maison à Izieu mais ils ont finalement été raflés”, raconte Mme Couderc. “Ce que l’on voulait faire apparaître, c’était que les enfants d’Izieu sont en lien avec Montpellier où ils ont d’abord été cachés”, explique-t-elle. 

Autant de faits marquants de l’histoire du département qui n’étaient pas mis en lumière jusque là et qui vont désormais se retrouver aux côtés de l’histoire des résistants politiques qui ont été déportés comme le général Véran Cambon de Lavalette, André Dau ou Suzanne Orts. Une exposition inaugurée le 29 janvier et ouverte au public le 10 février.

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