A Lunel, des jardins “anti-stress” dans la cité de la Roquette
Les habitants du quartier cultivent des légumes et plantes aromatiques sur les 33 parcelles du jardin partagé depuis le printemps dernier.
Comme une oasis au milieu des barres d’immeubles du quartier de la Roquette, les jardins partagés d’un vert luxuriant s’étendent sur près de 1 000 mètres carrés. Choux, céleris, menthe, oignons, citrouilles, persil, navets et betteraves poussent côte à côte, choyés par une vingtaine de jardiniers et de jardinières.
“Nous plantons un peu de tout. Les jardiniers de la ville nous ont aidé au démarrage mais des adhérents qui sont déjà agriculteurs aident aussi les autres et leur apprennent à planter”, explique Saliha Bziout, présidente de l’association Les Jardins de la Roquette. Des parcelles mises en place depuis le printemps dernier qui ont été inaugurées ce mercredi 30 octobre par Pierre Soujol, le maire de Lunel, et Michel Calvo, président d’ACM Habitat.
“Un espace de vie et de solidarité”
Occuper cet ancien terrain vague qui servait de terrain de foot informel est un moyen d’éviter les espaces abandonnés dans la cité et de se réapproprier le territoire de ce quartier prioritaire de la ville, où les taux de pauvreté et de chômage sont élevés. Un projet qui s’inscrit donc dans l’axe “cadre de vie” du nouveau contrat de ville “Engagements quartiers 2030”, signé ce même mercredi 30 octobre
“Ce projet incarne notre vision du territoire où la solidarité et la proximité ont une place centrale. Ce n’est pas seulement un lieu d’agriculture mais aussi un espace de vie et de solidarité”, a précisé dans son discours inaugural Pierre Soujol, le maire de Lunel et président de Lunel Agglo. Car au-delà de répondre à des questions écologiques et de précarité alimentaire, ce jardin crée des liens intergénérationnels dans le quartier.
Des légumes bio pour toute la famille
Au milieu de sa parcelle de 20 mètres carrés, Ouria Mazzour, habitante du quartier depuis 22 ans, se penche en deux pour récolter du persil qu’elle cuisinera dans la soupe du soir. “C’est la première fois que je cultive, je ne connaissais rien mais j’ai appris”, se réjouit-elle. “En plus, tout est bio et ça a plus de goût.”
A côté, Hagat Yachou a encore avec des étoiles dans les yeux quand elle parle des tomates récoltées cet été, qui n’ont rien à voir avec celles qu’elle avait l’habitude de prendre au supermarché. “Pendant deux mois, je n’ai pas acheté de tomates, nous avons consommé uniquement celles qui venaient de notre jardin”, se rappelle la mère de famille, soulagée pour son portefeuille. “Mon fils de huit ans adore aller dans le jardin avant d’aller à l’école, chaque matin on passe pour regarder ce qui a poussé”, raconte-t-elle.
Une baisse du taux d’agressivité
Un pari réussi pour Saliha Bziout, présidente de l’association les Jardins partagés de la Roquette. “Ces jardins ont créé un fort lien social entre les habitants du quartier, même en dehors des adhérents. Chaque soir, c’est un moment de retrouvaille pour les mamans après l’école, les jardins restent un prétexte pour qu’on se retrouve. C’est notre anti-stress”, témoigne M. Bziout, devant sa parcelle bien ordonnée et entretenue.
“Le taux d’agressivité dans la gestion des cages d’escaliers a baissé”, ajoute Michel Calvo, président d’ACM, la régie HLM de Montpellier, principal bailleur social de ce projet. “C’est notre 33ème jardin partagé, le premier en dehors de Montpellier. C’est le plus beau mais c’est aussi le plus cher”, ajoute-t-il en rigolant. Ce jardin a coûté près de 87 000 euros, dont un tiers a été financé par l’Etat via l’agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU).