À Montpellier, les étudiants en architecture pensent à des “quartiers qui s’adaptent à la montée des eaux”
Face au recul du trait de côte, étudiants en architecture, professeurs et acteurs départementaux s’unissent pour trouver des solutions durables pour habiter le littoral héraultais de demain. Des propositions de projets concrets sont actuellement exposés à l'Ensam.
Des petites maisons sur pilotis, des passerelles d’accès surélevées et des structures amovibles miniatures ont été assemblées sur une immense maquette installée dans le hall de l’École nationale d’architecture de Montpellier (Ensam).
Ce sont les propositions faites par l’agence d’architecture Archiles pour répondre à la montée des eaux et au changement climatique à Frontignan – territoire particulièrement fragile. Un projet qui a été le premier prix lauréat du concours “Habiter le littoral, demain!” qui a eu lieu en février 2022 et qui interrogeait la manière d’habiter le littoral héraultais en 2050.
Du 25 novembre au 17 janvier, cette maquette ainsi que six autres projets lauréats sont présentés dans une exposition à l’Ensam. C’est dans ce cadre que s’est tenue le 2 décembre une table ronde pour réfléchir aux stratégies pour la transition environnementale sur le littoral héraultais et dans les zones rurales voisines.
Des zones inondées dans cinq ans
“Des zones aujourd’hui inondables seront inondées, certaines dans cinq ans, d’autres dans 50 ans. Nous devons anticiper les préoccupations liées au réchauffement climatique pour savoir comment vivre sur ces territoires fragiles”, explique Thierry Verdier, directeur de l’Ensam.
Sont alors mis autour de la table les étudiants, les professeurs mais aussi le département de l’Hérault et des professionnels privés. L’occasion de présenter des solutions, des travaux ou des mémoires d’étudiants qui “remettent en cause et questionnent les pratiques actuelles”, explique Stéphane Bosc, maître de conférences et président du conseil scientifique et pédagogique de l’Ensam.
Adapter la commande publique au changement climatique
“Les étudiants apprennent de nouveaux outils et des méthodes adaptées aux questions environnementales pour proposer les solutions de demain, mais ils ont peu l’occasion de les mettre en pratique”, continue M. Bosc, qui cherche à les mettre en contact avec le département, les communes et les acteurs privés “pour faire avancer leurs réflexions.”
Car les changements se font lentement. “La commande publique n’est pas toujours adaptée à l’urgence de la situation”, regrette Théo Lévy, architecte et urbaniste de l’agence Archiles, qui fait partie de l’équipe qui a remporté le premier prix du concours “Habiter le littoral, demain!” à Frontignan. Même s’il reconnaît qu’une prise de conscience commence à émerger dans la région Occitanie.
“On montre aux élus que la montée des eaux n’est pas une contrainte mais une donnée nouvelle : il faut transformer nos modes de vie et d’habiter”, milite M. Bosc.
Transformer les modes d’habitation
Pour le professeur, il est donc essentiel de s’intéresser au littoral mais aussi aux conséquences du changement climatique dans les zones rurales. “La montée des eaux risque de provoquer des déplacements de populations et donc de créer un déséquilibre dans l’arrière-pays”, anticipe-t-il.
“Comment donner envie d’habiter sur un territoire à risque ?” C’est la question que se pose alors Laura Nave, architecte de l’agence Archiles, qui s’est appuyée sur une équipe composée de neuf personnes issues de disciplines complémentaires, de la sociologie à l’urbanisme en passant par le paysagisme ou l’architecture à risques majeurs.
Vivre avec l’eau
En pointant du doigt les croquis exposés sur des planches, Laura Nave explique que le parti pris du projet a été de considérer qu’il était possible de vivre avec l’eau et qu’il fallait s’adapter et non partir. “Nous avons proposé de protéger le centre historique. Mais nous souhaitons aussi construire du neuf qui peut s’adapter aux risques actuels et futurs, qui est surélevé et auquel on a accès par des passerelles sur pilotis”, explique la jeune architecte.
“Nous avons pensé à des quartiers entiers qui s’adaptent à la montée des eaux et aux inondations”, continue Théo Lévy, qui prend pour exemple le fait de planter une végétation résistante à la salinité. “Il faut répondre à la montée progressive des eaux mais aussi aux intempéries violentes et ponctuelles”, ajoute-t-il en montrant des zones refuges sur les habitations. “Nous devons penser le littoral autrement”.
Informations pratiques :
Quoi ? Exposition “Habiter le littoral, demain!”
Quand ? du 25 novembre 2024 au 17 janvier 2025
Où ? Hall 2 de l’École nationale supérieur d’architecture de Montpellier (Ensam), 179 Rue de l’Esperou, Montpellier