Accident du Boeing 737 : nuits blanches, boîte noire et zones grises, l'aéroport s'exprime
Après trois jours de manœuvres de terrassement, de relevage et de tractage, l'avion Boeing 737 est sous bonne garde pour les enquêtes en cours. Le président de l’aéroport Emmanuel Brehmer s’est exprimé ce lundi 26 septembre sur la reprise du trafic.
Emmanuel Brehmer, à l’aéroport de Montpellier le lundi 26 septembre © Mathieu Weisbuch
“Ménagez-le car il n’a pas beaucoup dormi pendant trois jours”. Voici la petite recommandation glissée aux journalistes présents sur le tarmac de l’aéroport de Montpellier alors que s’approche son directeur Emmanuel Brehmer, lunettes noires et barbe de trois jours. L’homme s’exprime, à quelques heures d’une reprise du trafic aérien, et trois jours après l’accident du Boeing 737.
“Au plus tard demain j’espère”
Une information à mettre évidemment au conditionnel à ce moment-là. (Le trafic a repris vers 13h30 ce lundi 26 septembre). Mais à l’heure où s’exprime le directeur, les opérations de sécurisation en cours mobilisaient beaucoup d’organismes, dont les services de nettoyages sous l’autorité de la SSLIA (Service de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs) et la DGAC (La Direction générale de l’Aviation civile). C’étaient sont autant de voix qui devaient donner leur aval pour une reprise des vols. “Sur les points de finition en matière de sécurité, nous ne pouvons pas être dans l’à peu près, résume Emmanuel Brehmer, si on redémarre aujourd’hui c’est merveilleux, au plus tard demain j’espère.”
Un finish aux forceps
Dimanche soir peu avant minuit, l’avion a enfin été sorti de l’eau. Puis les grues de la société Martin levage ont fait pivoter l’avion sur 180 degrés pour poser son nez sur le train roulant d’un premier camion de tractage. “Dans la nuit [de samedi], une piste de 120 mètres avait été terrassée pour passer ce bout de prairie et l’amener sur la piste. C’est ce qui a été suspendu dimanche soir, car la piste provisoire n’a pas supporté le poids des engins et de l’avion (…) on a avancé de 4 à 5 mètres mais les ornières du terrassement étaient trop profondes et il valait mieux attendre. J’ai pris la décision de stopper le chantier. Le camion commençait à patiner. Le revêtement a été démonté pendant la nuit et refait (…) pendant près de 5 heures” raconte le président de l’aéroport de Montpellier. En parallèle, du renfort est appelé pour tirer l’avion de façon linéaire le lendemain. Des engins de la société Montpellier dépannage arrivent une heure plus tard.
Pouvait-on faire mieux ?
Emmanuel Brehmer estime que l’opération a été menée avec réflexion et concertation. Avant tout, la décision de fermer l’aéroport tient à la nécessité “d’éviter le suraccident, en raison de débris de l’avion sur la piste” explique le directeur. Quant aux manœuvres, l’avion pouvait-il être délesté de son énorme cargaison et des 6 500 litres de kérosène ? “Au départ, on voulait tout sortir pour alléger l’appareil au maximum. Mais sa position et le fait qu’on est dans une zone écologique très importante [Natura 2000], nous a imposé des choix, heureusement c’était les bons”, assure le directeur de l’aéroport. Par mesure de sécurité, le SDIS avait installé un filet pour empêcher le carburant de l’avion de se diffuser dans l’étang si par malheur la manœuvre échouait. Il n’a pas été utile fort heureusement.
Les instants de l’accident
L’avion Boeing 737 a atterri en plein orage dans la nuit du vendredi à samedi 24 septembre. La météo a sans nul doute joué un rôle dans le déroulement de la soirée. L’aéroport pouvait-il empêcher l’appareil de se poser ? “ Non, nous n’intervenons pas sur la séquence d’atterrissage, tranche Emmanuel Brehmer. La tour de contrôle est en relation avec le pilote, elle lui donne des informations, des données techniques, le pilote est seul à prendre sa décision”.
Deux enquêtes
Un enquête technique et celle juridique sous l’autorité du procureur de la République, ont été ouvertes. La boîte noire a été rapidement sortie de l’avion et se trouve toujours entre les mains des enquêteurs. L’enquête pourrait durer “entre douze et dix-huit mois” estime Emmanuel Brehmer. Une centaine de vols ont été annulés depuis le début de la crise. Seule la compagnie Air France a proposé une alternative à ses passagers. Ils ont été conduits par bus jusqu’à l’aéroport de Marseille. Les passagers des autres compagnies ont eu recours aux annulations, remboursements ou échanges de billets.
“C’est mieux qu’un mur”
Sur le site de l’aéroport, quelques traces de l’accident et des manœuvres sont encore visibles. L’avion Boeing 737 qui a raté son atterrissage dans la nuit de vendredi à samedi a fini dans l’étang. C’est cette étendue d’eau qui a arrêté sa course folle. “L’étang nous a aidé, reprend Emmanuel Brehmer, l’avion a glissé sur plus de 120 mètres et il a fini dans l’étang, c’est mieux qu’un mur. Il n’y a pas de blessé, tout le monde va bien”.