Agde, Jean-Baptiste Campins : "Nous apportons uniquement ce dont la plante a besoin"
Au Domaine le Parguet, à la sortie d'Agde, une serre de plus d'un hectare héberge des tomates en grappe.
Depuis quatre ans, Jean-Baptiste Campins a repris l’affaire familiale. L’entreprise est née en 1989, au Domaine le Parguet, sur la route de Marseillan. Diplômé d’une licence professionnelle, il dirige désormais une serre de plus d’un hectare à tout juste 27 ans.
Que produisez-vous sur votre exploitation ?
Nous avons une serre où nous produisons uniquement des tomates rondes en grappe. La serre fait 1,3 hectare, ce qui représente 13 000 m2. Cette année, nous avons également planté deux rangées de tomates cerises en grappe. Nous testons ce produit servi au moment de l’apéritif, très porteur pendant l’été notamment grâce au tourisme.
Combien avez-vous d’employés ?
Nous sommes quatre employés permanents. Nous avons aussi quatre saisonniers qui commencent un peu plus tard dans l’année, ce sont les mêmes qui reviennent à partir du mois d’avril et jusqu’au mois de novembre. Depuis trois ans maintenant, nous avons globalement la même équipe.
Quelles sont les étapes de production ?
À partir de la mi-janvier, nous recevons les plants de tomates. Puis, du mois de janvier jusqu’à la mi-avril, la plante pousse. Elle se développe et augmente sa surface foliaire, son diamètre de tige, et
commence à faire grossir les fruits. La maturité de récolte arrive au mois d’avril. Nous
ramassons ensuite en moyenne une grappe par plante, chaque semaine, jusqu’au mois de novembre. Enfin, au mois de décembre, nous nettoyons la serre pour préparer la prochaine plantation.
Dans un souci d’écologie, quels dispositifs avez-vous mis en place sur votre exploitation ?
Concernant la protection biologique intégrée, nous introduisons dans la serre des insectes destinés à manger les nuisibles qui attaquent la tomate. Cela nous permet de ne pas faire appel à des produits phytosanitaires. Et nous utilisons également des bourdons pour polliniser les fleurs.
Avez-vous été impacté par l’inflation, la hausse du coût de l’énergie et la sécheresse ?
Oui, forcément. Nous consommons de l’électricité pour les serres, les pompes… Et elle est devenue plus chère. Nous avons aussi été impactés par le coût des engrais avec une augmentation qui a quasiment doublé. Le chauffage pendant la période hivernale dans la serre est également à prendre en compte. Concernant la sécheresse, nous avons un forage. Nous utilisons un arrosage goutte à goutte géré par un ordinateur climatique et une station météo : nous apportons uniquement ce dont la plante a besoin. Donc, nous ne consommons que peu d’eau.
Comment se porte votre activité ?
Depuis l’année dernière déjà, nous avons enregistré une augmentation des coûts de l’énergie. Afin de m’aligner au cours du marché, j’ai donc décidé d’augmenter le prix des tomates de 10 centimes au kilo. Avant, le prix était de 1,20 euros, il est désormais à 1,30 euros, ce qui a légèrement augmenté notre chiffre d’affaires. Pour le moment, cela compense.
Le prix de l’énergie est tout de même plus bas qu’à la même période de l’année dernière, je pense que nous allons pouvoir stabiliser le prix des tomates entre 1,20 et 1,30 euros le kilo cette année.
Percevez-vous des aides de la Région ?
Il existe des aides uniquement pour l’investissement comme la construction d’une nouvelle serre ou de projets à développer. Toutefois, nous ne sommes pas aidés dans notre activité au quotidien : il n’existe pas d’aides à l’hectare.
Où commercialisez-vous vos produits ?
Nous faisons appel au circuit court : les magasins aux alentours, comme Hyper U en Agde… Nous allons jusqu’au magasin Auchan à Béziers. Nous livrons aussi à Sète, dans des centrales de l’enseigne Carrefour et des grossistes sur Montpellier.
Que diriez-vous à un jeune qui souhaite se lancer ?
C’est très simple. S’il n’a pas déjà l’outil existant, c’est-à-dire la serre et les équipements, il peut difficilement faire ce métier. C’est extrêmement coûteux de faire construire une serre sans compter le matériel. Par exemple, pour monter uniquement la structure de la serre, il faut compter au moins un million d’euros pour un hectare de superficie.
Et en plus, les aides mises en place ne concernent pas les serres chauffées. Mais sans chauffage, la période de plantation est beaucoup plus courte. Donc pour amortir l’investissement, c’est extrêmement compliqué si on part de rien. Après c’est un métier prenant, mais avant tout un métier passion.