Agde : l’ histoire méconnue du marais du « petit Bagnas » par David Mallen

C’est ce que David Mallen vous explique dans le texte qui suit.

” Je vous emmène à présent au cœur de mes recherches pour vous en faire découvrir un peu plus. Après avoir étudier les missions de bombardements des positions allemandes sur Agde ainsi que les vues aériennes d’époque et actuelles, je suis allé, intrigué, à la recherche des traces au sol de ces derniers lâchés de bombes. Mes investigations m’ont mené à l’intérieur du site de la réserve naturelle du Bagnas. Sur place j’ai pu découvrir plus de 53 impacts de 4 à 10 mètres de diamètre quasi intacts. Mais comment sont-elles arrivées là ?

Les rapports de missions indiquent que les bombardiers quadrimoteurs B-24 « Libérator » larguent souvent leurs bombes au visuel d’une altitude allant de 16000 pieds (4500 mètres) à 18000 pieds (5500 mètres) à très haute altitude, ce qui a pour conséquence de ne pas être précis et de ne pas atteindre les objectifs ciblés. Résultat : les bombes tombent soit bien avant ou après les objectifs. On retrouve cette information dans le rapport de mission du 460th Bomb Group du 13 août 1944, de la formation Dog qui avait pour objectif final les positions d’artillerie de la campagne de Saint Martin des vignes. Les sept appareils de la formation Dog larguèrent à 13h08 leurs 17 tonnes de bombes dont ils étaient équipés et signalèrent quelques impacts directs et beaucoup de bombes perdues autour de l’objectif.

J’ai donc décidé d’étudier et comparer les vues aériennes d’époque et actuelles et de réaliser un relevé topographique (qui consiste à collecter des données sur le terrain afin d’en proposer une restitution à l’échelle souhaitée sous la forme d’un plan topographique). Pour ce faire, il est nécessaire d’établir un système de coordonnées tridimensionnel dans lequel seront représentés les impacts ou le terrain relevé.

Après plusieurs campagnes de recherches sur le terrain et dans les archives photographique j’ai pu relever ces résultats :

53 impacts de bombes répertoriés à ce jour, les explosions ont réalisés 2 types de cratères allant de 4 mètres à 10 mètres de diamètres et d’une profondeur allant de 50 cm à 1 mètre. Ces différences de cratères ne sont pas dues à une constitution différente du sol ni à de différentes bombes utilisées lors de ces bombardements car les bombes utilisées lors de ces deux jours sont du même type.

Ce sont des bombes explosives de 500 livres, soit 240 kg type M43 d’une longueur de 1,14 m et 0,41m de diamètre contenant 120 kg d’explosif. Par contre ces bombes étaient armées de fusées-détonateurs de culot et d’ogive à armement par hélice et léger retard, la fusée d’ogive du type AN.M103 avec retard de 0,1 seconde et la fusée de culot était de type AN.M100 avec un retard de 0,025 seconde. Ces légères différences de temps d’explosions après armement faisaient qu’une fois la bombe pénétrant le sol, explosait soit rapidement soit légèrement peu de temps après ( ce qui explique la différence de cratères au sol).

Pour mémo un avion à une capacité de chargement de 5800kg ce qui correspond à 24 bombes de 240 kg. Nous pouvons donc en déduire que minimum 3 avions ont largué leurs bombes en dehors des cibles prévues. À ce jour que sont devenues ces dernières traces du passé ….On constate qu’au fil du temps, ces cratères se sont transformés en plans d’eau l’hiver et à sec l’été puis deviennent de nouveaux éléments de l’écosystème local . Les cratères offrent des abris à de nombreuses espèces d’amphibiens, de reptiles, d’insectes, d’oiseaux , et aux diverses espèces végétales .“

Sources et Remerciements

Department of the air force, headquarters united states air force Washington dc. avec mon correspondant local le Colonel J.A Bill Saavedra (sources 15th USAAF).L’association ADENA – Réserve Naturelle du Bagnas, Madame Dita Hesselberg-guilhem Co présidente et Monsieur Xavier Fortuny Conservateur de la Reserve naturelle du Bagnas pour les autorisations des levés topographique.

Contact : Agdehistoire3945@yahoo.fr  / 06.22.60.51.83