Agde : l’association Agathé repart en guerre contre le camping La Tamarissière

Autant dire que François Cros, le délégataire de service public gestionnaire du camping municipal la Tama à Agde, est un peu dépité.

Ce gestionnaire s’est vu confier la mission de monter en gamme du camping municipal, mais les nouveaux équipements envisagés ne sont pas du goût d’une association locale qui multiplie les recours devant le tribunal administratif de Montpellier pour bloquer l’évolution du camping.

« Cette association ne semble pas comprendre qu’un camping sans point de baignade et sans habitation légère de loisirs ne correspond plus aux normes du tourisme actuel. Même en camping, les familles ont besoin d’un peu de confort. », affirme le gestionnaire.

Même son de cloche du côté de la mairie d’Agde où le maire Gilles d’Ettore refuse que la Tama reste à la traîne du tourisme régional. « Ce camping était jusqu’à présent peu attractif par manque d’investissement. C’était certainement le seul camping de la côte méditerranéenne qui n’affichait pas complet en saison alors qu’il est en bord de mer. Cela prouve bien qu’il n’était tout simplement plus dans le coup. Grâce à un nouvel appel d’offres lancé en 2021, nous avons confié sa gestion à un nouveau délégataire qui a pour mission de le moderniser dans le but d’attirer une nouvelle clientèle avec plus de pouvoir d’achat. Il en va également du versement d’une redevance de 1,3 million d’euros dont doit s’acquitter le gestionnaire à la ville plus une partie variable supplémentaire en fonction des résultats obtenus. Tout le monde a y à gagner et cela passe par des investissements entièrement financés par un privé sur ce terrain municipal. »

Au programme de cette montée en gamme, l’installation d’une soixantaine de chalets en bois et d’un lagon de 1 000 m2 permettant une baignade des familles en toute sécurité en cas de mer agitée.

Au départ, le gestionnaire avait obtenu un permis de construire pour un bassin traditionnel en structure béton, mais devant la levée de bouclier de cette association et le blocage du projet par le tribunal administratif, il a finalement revu sa copie en déposant une déclaration préalable de travaux en février 2023, prévoyant cette fois-ci une lentille d’eau dont l’étanchéité est assurée par une géomembrane recouverte de sable blanc.

Pour l’association Agathé, tout cela ne semble pas conforme à la réglementation du secteur classé en ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique Faunistique et Floristique) et en SPR (Site Patrimonial Remarquable) et cela crée un doute sérieux sur la légalité de ces constructions et des autorisations accordées par la ville. « Certes, le nouveau projet de lagon ne nécessite aucune dalle de béton, mais pour le traitement des eaux du lagon, il faut un bassin de décantation et celui-ci est en béton et situé dans la bande des 100 mètres inconstructibles. On nous dit par ailleurs qu’il s’agit d’un espace naturel, mais qui nécessite un affouillement maximal de 1,20 m au plus bas. S’il y a un affouillement, c’est que ce n’est pas naturel. »

Cependant, l’ABF (Architecte des Bâtiments de France) a validé cet aménagement. De son côté, le gestionnaire du camping se défend de toute infraction : « Contrairement à ce que croient des membres de cette association, nous n’avons pas creusé le sol naturel. Nous avons, en fait, effectué un apport de 1,50 mètre de terre que nous avons ensuite creusé par endroit de 60 cm à 1,20 mètre pour donner une forme au lagon. Je suis déçu de voir une poignée de personnes dépenser autant d’énergie pour une cause qui va finalement desservir les intérêts de la ville et de l’activité économique et touristique du secteur », affirme François Cros.

Du côté des commerçants, ce nouveau recours engagé par Agathé fait grincer des dents : « Ce projet de modernisation du camping va dans le bon sens, il est bon pour tous et va nous attirer une nouvelle clientèle. Je ne comprends pas l’obstination de cette association à vouloir le faire capoter », affirme Yanni, le patron du restaurant Les Dunes situé à quelques centaines de mètres du camping.

Incompréhension d’un côté, entêtement juridique de l’autre, c’est dans ce climat que l’affaire sera portée devant le Tribunal administratif de Montpellier le 24 mai prochain.