Agde : Quartier naturiste du Cap, trois agents de sécurité jugés pour violences en réunion
Ce 19 janvier à 8h30, trois agents de sécurité du quartier naturiste au Cap d’Agde seront jugés pour violence en réunion. Des agents qui dépendent de la Ville et qui doivent travailler en parfaite harmonie avec la police municipale.
L’affaire n’est pas mince, il s’agit de la mise en accusation de trois agents de sécurité du Cap d’Agde pour « violences raciales aggravées pour avoir commis les faits en réunion et en raison de la race ou de l’ethnie de la victime. » Béziers, 6 décembre 2023, le parquet de Béziers a présenté les agents de sécurité, âgés de 22, 24 et 60 ans, du village naturiste du Cap d’Agde, suite à une série d’investigations menées par le commissariat de police d’Agde. Ces investigations ont été initiées pour élucider plusieurs cas de violences survenus entre le 27 mai et le 9 septembre 2023 au sein du centre naturiste.
Dans Marianne, de cette semaine, Gilles d’Ettore lance : « ne me cherchez pas des poux dans la tête. » Le journaliste s’interroge sur son manque de réactivité face à une affaire aussi grave. La situation serait tendue pour l’ex-lieutenant de police devenu maire, d’autant qu’il aurait reçu un courriel de la victime du 27 mai.
« Sale négro »
En juillet 2023 sur France Bleu, le maire d’Agde, rejetait alors toutes les accusations et justifiait le comportement de ses équipes : « ce dernier [ la victime ] est entré illégalement dans le village naturiste en passant par la baie des cochons. Les agents de sécurité ont alors accompagné ce baigneur à l’extérieur. Il était menaçant dans ses propos. Il n’a pas été agressé comme il le dit. Cette blessure n’a pas été faite à l’intérieur du village. »
Cette première affaire remonte au 27 mai, dans son communiqué Raphaël Balland, procureur de la République près le tribunal judiciaire de Béziers, indique que la victime a subi des violences racistes et une fracture de la cheville droite, entrainant 45 jours d’Incapacité Temporaire Totale (ITT). Elle a rapporté avoir été insultée de « sale négro » par ces trois agents de sécurité. Et la thèse du visiteur passé par la baie des cochons ne tient pas, puisque la victime possède un abonnement à son nom, valable du 1er mars 2023, au 31 mars 2024. Un élément produit par nos confères de France bleu.
Aujourd’hui, pour Gilles d’Ettore : « ma déclaration ne correspondait pas aux faits que j’ai appris par la suite … Depuis, on s’est éclairci les idées comme on dit… Cette affaire est sensible et gênante pour tout le monde … À l’époque, à France Bleu, que le gars s’était fait traiter de négro, de pédé, tout ça, je ne le savais pas. »
Mesures de suspension prises par le Maire d’Agde : « Je ne vais pas garder des agents sur leur lieu de travail alors que le procureur a interdit d’y aller. Ils sont suspendus jusqu’à ce que le délibéré du tribunal soit connu. Après, ils ont le droit de faire appel aussi, il faut quand même aussi respecter les voies de recours. Mais quoi qu’il en soit, pour l’heure, là on attend au moins le premier jugement qui nous donnera des premiers éléments concrets. »
Trois autres plaintes qui impliquent des violences graves ont été déposées contre le plus jeune des agents, âgé de 22 ans. Employé municipal d’Agde, titulaire d’une carte professionnelle d’agent de gardiennage, il était responsable de l’accès réglementé du village. Malgré ses dénégations devant le magistrat du parquet et le juge des libertés et de la détention, il a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de se rendre au village naturiste, de contacter les co-accusés et les victimes, d’exercer toute profession liée à la sécurité, de porter une arme, et il a l’obligation de se présenter hebdomadairement au commissariat d’Agde. Son procès est fixé au 19 janvier 2024.
Jusqu’à 10 ans d’emprisonnement
Ces trois agents sont accusés de violences commises en réunion, avec la circonstance aggravante, d’avoir agi sur des bases raciales ou ethniques. Ils encourent jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Le jeune agent fait face à des charges supplémentaires pour violences commises à plusieurs reprises en juin, en septembre et pour avoir menacé une victime afin d’entraver sa démarche de porter plainte, un délit puni jusqu’à 5 ans d’emprisonnement. À ce jour, cet agent municipal de 22 ans avait été condamné une seule fois en 2023 pour conduite en état d’ivresse, tandis que les deux autres agents possèdent un casier judiciaire vierge.
Y a-t-il des dérives dans le quartier naturiste du Cap ? Y a-t-il des agents qui joueraient les shérifs ? Pour Gilles d’Ettore, c’est « non ! » Et « je vais vous dire pourquoi. D’abord parce qu’avec la commissaire et avec mon adjoint à la sécurité, ils avaient des réunions de sécurité régulièrement, donc il n’y avait pas eu de signe avant-coureur. Après je vais vous dire, lorsqu’un service de sécurité travaille en plein été, il y a forcément des conflits à gérer. Donc très clairement, on attend la fin de la saison pour faire le point. Je n’ai pas eu plus que ça de signes avant-coureurs qui m’alertaient d’une quelconque dérive. Vous savez, on est dans le jus l’été. Il n’y a pas qu’eux, il y a la police, il y a les CRS, et il y a 300.000 personnes.»