Aucun tortillon n’est sorti du nid de la tortue qui a pondu au Cap d’Agde
Début août, une tortue caouanne avait pondu sur une plage du rivage de l'aire marine protégée de la côte agathoise. Bilan près de trois mois plus tard : les 68 œufs fécondés sont morts en cours de développement.
Au bout de 83 jours, aucun tortillon n’est sorti du nid de la tortue caouanne, espèce protégée emblématique. Pourtant, le site était suivi très régulièrement depuis que des traces avaient été observées le 2 août au Cap d’Adge. Des barrières de protection avaient été installées tout autour du nid sur la plage. Les agents de l’aire marine protégée (AMP), l’association Emergence, les scientifiques du Réseau tortues marines de Méditerranée française (RTMMF) et des bénévoles capagathois, riverains du site en particulier, ont assuré une veille tout au long de la période de possible émergence.
Mais après de longues semaines d’attente, la décision a été prise d’ouvrir le nid le 23 octobre et de l’examiner. Résultat : 70 œufs ont été trouvés dont 68 avaient des embryons décédés en cours de développement et deux étaient non fécondés.
Des températures trop basses pour l’éclosion des oeufs
“Les embryons sont morts probablement à cause des variations de températures, avec un mois de septembre qui n’a pas été assez chaud”, explique Renaud Dupuy de la Grandrive, directeur milieu marin et AMP Agde. Sur cette période, le sable est descendu à 19 degrés et des lames d’eau sont montées jusqu’au nid sans pour autant l’inonder – contrairement à celui de la plage de Narbonne qui a été envahi par les eaux.
“Les tortues ont pondu tardivement, c’est aussi ce qui a empêché les œufs de survivre”, continue M. Dupuy de la Grandrive. Le nid de Saint-Cyprien a par exemple donné plusieurs dizaines de tortillons – mais la tortue caouanne avait pondu dès le mois de juillet, au milieu de l’été. L’année dernière, des œufs avaient éclos à Marseillan et à Sète, l’année précédente à Valras.
Des analyses génétiques sont en cours pour définir si la tortue qui a pondu au Cap d’Agde est la même que celles qui avait fait son nid à Marseillan ou à Sète un an plus tôt.
Une tendance à la hausse
Les côtes méditerranéennes françaises semblent désormais être un habitat propice aux pontes de tortues caouannes et à l’incubation des nids. “Les tortues cherchent de nouveaux territoires et le changement climatique global avec un réchauffement de la mer, notamment pendant les canicules, font que ces espèces protégées viennent chez nous”, explique le directeur marin, qui précise que ce sont des hypothèses qui n’ont pas encore été validées scientifiquement.
Pour l’AMP Agde, même si aucun bébé tortue n’a vu le jour, cette nidification a aussi été l’occasion de parler de la protection de la biodiversité marine et d’écologie. “Nous avons pu sensibiliser les touristes et les populations locales, qui se sont rassemblés pour préserver l’espèce”, se réjouit M. Dupuy de la Grandrive.