Aude

Aude : « Le but principal, c’est de rencontrer d’autres nanas qui chassent »

Les associations de chasseuses (ou de chasseresses) se multiplient en France, avec plus ou moins de succès, tout en contribuant à changer l’image de la chasse. Les Chasseresses audoises, elles, font carton plein.

Depuis plusieurs années, partout en France, les chasseuses (ou chasseresses, c’est selon) sortent du bois, l’arme à la main, pour partir à la chasse aux préjugés. Non, la chasse n’est pas un milieu uniquement masculin, les femmes ont, elles aussi, droit au fusil. Selon le patron des chasseurs français, Willy Schraen, elles représentent même « l’avenir de la chasse française », rien que ça. En effet, dans une interview avec nos confrères de L’Est Républicain, en avril 2022, le président de la fédération nationale des chasseurs n’hésite pas à affirmer que « la femme arrive de façon massive dans la chasse ».

Seulement 3, 3 % des chasseurs sont des chasseuses

Un enthousiasme cependant vite refroidi par les chiffres de la Fédération française de la chasse : en 2023, seulement 3, 3% des chasseurs étaient des femmes. Par contre, force est de constater que « l’effectif des chasseurs se féminise progressivement avec une augmentation de 25 % du nombre de femmes en presque 10 ans », comme la fédération l’indique. Ce qui correspond à 31 200 femmes résidant en France contre 25 000 en 2014. « De plus, on dénombre 13 % de femmes candidates au permis de chasser, ce qui témoigne d’un attrait en progression.« 

« La femme est  l’avenir de la chasse »

Willy Schraen, président de la Fédération française de chasse

Depuis une dizaine d’années, parfois sous l’impulsion de la fédération, des sections féminines se sont créées partout en France avec plus ou moins de succès selon les départements. Si celle de l’Hérault a récemment périclité faute d’adhérente, celle de l’Aude est toujours active dix ans après sa création et on dénombre 300 chasseuses dans le Gard, selon un récent reportage de France Bleu. “Les Chasseresses audoises” sont « environ 26 adhérentes cette année contre 40 l’an passé, mais on vient juste de commencer la saison », indique leur présidente, Emma Robert. 

« J’étais presque anti-chasse au départ »

Arrivée à la chasse par hasard, cette jeune femme de 34 ans est aujourd’hui chargée d’étude en environnement pour la Fédération de chasse audoise et férue de gros gibiers. « J’étais même presque anti-chasse quand j’ai rencontré mon conjoint », précise-t-elle. Fan de grands espaces et d’aventures façon Nicolas Vanier, elle est tombée amoureuse de son conjoint et de la chasse à l’approche dans un même élan. « Il est aujourd’hui guide de chasse, il amène des clients dans la montagne en bivouac, pour chasser le mouflons ou l’isard et ça, ça m’a vraiment plu. On part plusieurs jours en montagne avec des paysages magnifiques, on découvre des territoires, on marche, on jumelle, on voit plein d’animaux.« 

Les Chasseresses audoises accompagnées de leurs homologues masculins © DR.
Les Chasseresses audoises accompagnées de leurs homologues masculins © DR.

Elle participe à des parties de chasse avec les membres de son association. « La plupart du temps, on se fait inviter par des ACCA [association de chasse agréée] soit parce qu’elles prévoient de grandes chasses et qu’elles ont besoin de monde, soit parce qu’elles ont envie d’inviter les chasseresses pour faire un repas convivial. » Au rythme de deux sorties par mois, les adhérentes se retrouvent autour d’un même goût pour la traque du gibier et la camaraderie entre filles.

Gros gibiers et bons repas

« Parfois on loue un gîte sur tout un week-end, parfois c’est seulement sur une journée. C’est principalement pour des battues, ce sont les sorties les plus simples à organiser mais on essaye de varier et faire au moins une fois par an une chasse aux petits gibiers », précise Emma Robert. « Le but principal, c’est de rencontrer d’autres nanas qui chassent, poursuit-elle, car c’est quand même un monde assez masculin, c’est rassurant de voir que l’on est pas seule. Et puis on est devenues amies pour la plupart, on fait aussi des sorties en montagne pour écouter le brame du cerf et des soirées, il y a une super ambiance. »

Le boum des  « influenceuses chasse »

La composition sociologique est apparemment éclectique chez les chasseuses audoises (infirmière, agricultrice, étudiante, toiletteuse pour chien, chargée d’études, etc.) mais la moyenne d’âge est relativement jeune (entre 30 et 35 ans, selon la présidente). Un bon point pour la communication car la plupart des associations de chasse au féminin sont très à l’aise avec les réseaux sociaux et n’hésitent pas à publier leurs exploits dans les bois ou lors de grandes tablées dont les chasseurs, masculins comme féminins, sont friands.

Retour de chasse des Chasseresses audoises © DR.
Retour de chasse des Chasseresses audoises © DR.

L’engouement des filles pour la chasse s’est d’ailleurs opérée grâce à des influenceuses spécialisées chasse qui ont cassé les codes en mélangeant féminité et battues aux sangliers comme, par exemple, Johanna Clermont (182 000 abonnés sur Instagram), blonde souriante au visage poupin posant en treillis devant des cerfs morts, ou Fiona Hopking (32 600 sur Insta, 24 000 sur Facebook), postant des photos de ses mains aux ongles vernis de rose glissant des cartouches dans son fusil aux milieux d’autres clichés de son mariage ou de chevreuils tués à l’arc dans la lumière d’un soleil automnal. Ou encore l’Héraultaise Hélène et la Bête Noire (15 000 sur Insta, 43 000 sur Facebook), yeux clairs, maquillage parfait et sangliers morts aux pieds.

« Changer l’image de la chasse et recruter des nanas » 

« C’est à partir d’elle que l’on a commencé à se dire : “Purée, les filles aussi peuvent aller à la chasse, témoigne Emma Robert. Elles apportent une bonne image, c’est à ce moment-là que les associations de chasseresses ont explosé. Et celle de l’Aude, c’était un peu dans cet élan de changer l’image de la chasse et de recruter des nanas.« 

Car le but, c’est bien d’attirer de nouvelles femmes et de grossir les rangs des chasseurs et chasseuses. « On a certaines qui adhérent et qui n’ont jamais chassé, voire ne connaissent personne qui chasse dans leur entourage », se félicite la présidente. Ce n’est cependant pas la majorité, loin de là, étant donné que la plupart, « 80 % environ, on un père, un frère  ou un conjoint qui chasse ». Si la femme est l’avenir de la chasse, l’homme, lui, en est toujours son présent. 


Des chasseuses sachant chasser pour Octobre Rose

L’association de chasse féminine du Gers et de la Haute-Garonne, les Dianes caçairos, organise plusieurs battues dans le cadre d’Octobre Rose samedi 26 à Jegun (32) et dimanche 27 octobre à Saint-Martin-Gimois (32), en partenariat avec l’ACCA locale. « Nous avons invité quatre autres associations de chasseresses : celle de l’Aude, de l’Aveyron, de l’Ariège et des Landes », précise la présidente, Anne Mallet, 37 ans. En tout, 21 filles sont inscrites pour trois battues : chevreuils, sangliers et lièvres. « Cela permettra de faire découvrir différentes topologies et chasses aux filles », poursuit-elle. Une tombola sera organisée et les bénéfices reversés à la Ligue contre le cancer de Auch.

Anne Mallet, présidente des Dianes caçairos © DR.
Anne Mallet, présidente des Dianes caçairos © DR.
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