Aude

Auteurs audois 4/4 : Laurent Cavalié, ou les « cris du cœur des ouvriers viticoles »

Dans les années 1960 et 1970, face à la misère, des milliers d’hommes et femmes se soulèvent, les viticulteurs du Languedoc. Laurent Cavalié honore leur combat en transmettant leur vécu dans son dernier livre, « N’i a pro ! »

Jusqu’à la fin des années 50, le vignoble languedocien cherche la quantité, et un prix abordable face à une demande intense de vin ordinaire. Or, dans les deux décennies qui suivront, cette demande chute, alors que la production augmente, notamment grâce à la mécanisation.

Face à ce phénomène de surproduction viticole, qui a dépassé le cadre national pour s’étendre à l’Europe entière, la Communauté européenne finit par mettre en place des politiques pour réduire l’offre de vin de table. En 20 ans, la moitié du vignoble languedocien a disparu, ou été muté en cépage de meilleure qualité.

Retour du « Midi rouge »

Le « Midi rouge », surnom du Languedoc hérité des révoltes de 1907, va faire à nouveau écho à son titre, et protester contre les différentes politiques nationales et européennes. En 1967, puis en 1971, c’est contre l’importation des vins d’Algérie qu’ils se soulèvent. En 1975, contre l’importation italienne, ce sont 40 000 viticulteurs se sentant délaissés qui sont réunis au port de Sète.

Un an plus tard, le fossé développé entre les manifestants et l’État provoque un drame : la fusillade de Montredon, deux morts, trente blessés, annuellement commémorés par les viticulteurs languedociens depuis. 

Conserver cette mémoire 

Cet héritage, ce « cri du cœur des ouvriers viticoles du Languedoc », voilà ce que Laurent Cavalié souhaite retranscrire, et continuer à faire vivre. Là est tout le sens de son ouvrage « N’i a pro » – « ça suffit ! » en Français – qu’il a co-écrit avec Marie Coumes. Entre contes et chansons militantes, les deux auteurs racontent la lutte de ces viticulteurs locaux, dommages collatéraux de l’évolution d’une société de plus en plus mondialisée, dont ils combattent la tendance à ériger la région en « bronze-cul de l’Europe ». 

Soucieux de rester fidèles aux sentiments qui ont animé ces manifestants, Laurent Cavalié appuie son écrit sur des témoignages réels, recueillis auprès d’acteurs de l’époque, et parfois d’individus préférant la confession anonyme. Quoi qu’il en soit, « N’i a pro ! » raconte une épopée moderne, une lutte engagée, portées par l’authenticité des témoignages, pour inscrire ce combat, long de quinze ans, sur le papier.

Collecter les chants traditionnels oubliés

L’auteur, Laurent Cavalié, est d’abord poète et chanteur. Il a déjà publié de nombreux disques et recueils en occitan, faisant de lui une des figures de la scène musicale occitane. Co-initiateur de la fanfare du Minervois, le percussionniste et accordéoniste collecte depuis des années les chants traditionnels oubliés.

Aujourd’hui, son répertoire chiffre à 300 chansons, dont les thèmes récurrents tournent autour des questions sociales et politiques, au même titre que « N’i a pro ! », paru en octobre 2023, et disponible chez les Éditions du bout de la ville.

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