Bassin de Thau : l'association ALT saisit le Conseil d'Etat contre la future ligne LGV-Perpignan
L'association, opposée au tracé de la future ligne le long de de l'étang de Thau, a déposé, ce mercredi 19 avril, un recours en annulation auprès du Conseil d'Etat.
“Nous voulons montrer que ce projet n’est pas d’utilité publique”, assène Félix Caron, président de l’association Alerte LGV sur Thau (ALT), opposée au tracé de la première partie de cette ligne Montpellier-Perpignan, Montpellier-Béziers (52,3 km, dix-huit communes concernées) approuvé notamment par la Région et déclaré d’utilité publique par décret le 16 février 2023.
A l’aide d’une cagnotte en ligne, l’association et “plusieurs habitants des communes concernées” ont réunis plus de 3000 € afin de payer les frais de justice et déposer ce recours au près du Conseil d’Etat, ce mercredi 19 avril. L’aboutissement d’une campagne menée depuis plusieurs semaines.
“Ce projet ne sert pas l’intérêt général”
“Nous avons jusqu’ici axé notre communication sur l’impact très négatif pour les habitants et l’environnement – notamment avec la construction d’un aqueduc de 28 m de haut, les risques de pollution, la suppression de 80% des TGV en gare de Sète, etc. – et le prix à payer pour le Ville de Sète estimé à 300 000 € par an, détaille Félix Caron. Avec ce recours en justice, nous voulons démonter que ce projet ne sert pas l’intérêt général“.
L’association souhaite ainsi mettre en balance “les bons côtés” – “gagner 15 minutes de trajet entre Perpignan et Paris” – et les points négatifs : “Investir 2,5 milliards d’euros dans un projet avec un lourd impact sur l’environnement.”
En parallèle de cette action en justice, “les membres de l’association continueront d’informer les citoyens Occitans de la menace que le projet de LGV représente pour notre territoire. A ce titre, une nouvelle réunion publique aura lieu le vendredi 5 mai au soir sur le Bassin de Thau”, indique l’association. Le lieu reste à préciser.
Même si je reconnais nécessaire d’alerter largement l’opinion et les « décideurs » sur l’impact évident de tout projet d’infrastructures, au demeurant validé par enquête publique, je trouve l’argumentaire de l’association « Alerte LGV sur Thau » (ALT) particulièrement biaisé et ne contribuant à la bonne et totale information de tous sur ce projet.
3 illustrations en réponse à l’argumentaire à charge développé par nos amis de l’ALT.
1/ Si l’impact du nouveau tracé sur l’environnement et les habitants à proximité de la ligne n’est pas anodin et doit être traité pour la petite centaine des habitations à proximité de la nouvelle voie, il faudrait mettre en balance que le nouveau tracé, en écartant la traversée de Sète intramuros pour le trafic grandes lignes et fret, de jour comme de nuit, améliorera la vie de plus de 6 000 sétois qui subissent une pollution par le bruit de plus en plus insupportable avec l’intensification du trafic. Mais pourquoi donc ce point n’a jamais été retenu par l’association…
2/La suppression de 80% des TGV s’arrêtant à Sète est incontestablement un problème ; mais, elle peut être facilement compensée par un système de navettes-taxi TER, selon un cadencement adapté aux passages des trains à Montpellier ou Béziers. Pour mémoire, le temps de trajet Gare de Sète /Gares de Montpellier est inférieur à 15 minutes. Pour les Frontignanais, l’usage du train pour prendre leur TGV à Montpellier plutôt qu’à Sète serait même bénéfique, car nous savons tous que les déplacements en voiture Frontignan /Sète dépassent largement les 13 à 17 minutes du trajet ferroviaire Gare de Frontignan- Montpellier… Sans parler du gain écologique du fait d’une moindre pollution automobile à Sète.
3/ Enfin, le raccourci tendancieux d’ALT entre « les bons côtés » et « les points négatifs » est pour le moins hallucinant, de la part de ceux, qui à juste titre au demeurant, nous alertent sur les conséquences inéluctables du dérèglement climatique. Si la montée des eaux prévues en Méditerranée devait se confirmer, la ligne actuelle en bordure de littoral entre Sète et Béziers serait, sinon totalement inutilisable, du moins fortement impactée. N’oublions pas que tout trafic ferroviaire a été interrompu, il n’y a pas si longtemps, plusieurs semaines durant, à la suite d’intempéries et d’inondations entre Béziers et Sète, avec pour conséquence un déport immédiat des camions sur l’A9.
Faire fi de cet aspect du débat est insupportable, pour tous ceux qui, comme moi, pensent qu’il est légitime de limiter les transports par avion lorsqu’un trajet par train rapide est disponible ou d’accélérer significativement le fret ferroviaire pour désengorger l’A9 de sa noria de camions. Or, rien de tout cela ne se fera sans la nouvelle ligne LGV.
C’est pourquoi, plutôt que de mener une guérilla juridique probablement perdue d’avance, ne serait-il pas préférable de mettre toute notre énergie collective pour négocier /imposer des compensations nécessaires aux contraintes environnementales de la nouvelle ligne. Les champs de la compensation sont multiples, dans des domaines comme l’assainissement dans les communes du Bassin, la conduite des eaux de pluies qui ruissèlent encore trop souvent dans l’Etang avec tout ce qui va avec, l’amélioration du cadencement des TER et l’accessibilité des gares (Sète-Frontignan- Montpelier Sud – Béziers, voire de l’irrigation de nos vignes (goutte à goutte réinjectant les eaux des stations d’assainissement). Et, probablement, tant d’autres choses encore…
Sachons aussi faire du projet de viaduc une vraie opportunité au travers d’une mobilisation citoyenne et partenariale pour un concours international pour une œuvre qui revigorera encore davantage notre fierté d’habiter le Bassin de Thau !
Mobilisons tous les acteurs, citoyens, collectivités, partenaires du projet pour faire de ce projet de ligne LGV
Serge Mauvilain, résidant à Sète
Bravo pour cette action et bon courage