Politique — Montpellier Méditerranée Métropole

Bétonisation de Sablassou : « Si on laisse passer ça, on laisse tout passer », Vincent Nourigat

« De qui se moque-t-il ? » C’est la question que se pose l’opposition à propos de Frédéric Lafforgue, quand il dit qu’il a « la volonté d’arrêter l’urbanisme » à Castelnau-le-Lez, l’une des 31 communes de la métropole de Montpellier. Sablassou, nouvel espace à urbaniser pour raison d’utilité publique ? L’enquête publique menée cet été a recueilli pas moins de 1 000 avis défavorables.

Une vague d’inquiétudes et de contestations citoyennes existe bien, mais semble avoir été balayée d’un revers de main par la Métropole, qui continue d’inscrire l’urbanisation de cette zone fertile de Sablassou dans le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi). La réserve foncière envisagée pour la construction de la Clinique du Parc, un établissement privé, ne fait pas l’unanimité. Thierry Davin, le commissaire enquêteur, chargé de rendre un rapport en septembre, n’a pas encore tranché pour savoir s’il faut déclarer cette zone en DUP (Déclaration d’Utilité Publique), c’est-à-dire pouvoir légalement exproprier les propriétaires. Pourtant, dès le début du mois d’août, la Métropole a annoncé la création d’une « Orientation d’Aménagement et de Programmation » (OAP) couvrant 10 hectares à Sablassou. Une décision qui demeure étonnamment hâtive, puisqu’elle a été prise seulement deux jours après la clôture de l’enquête publique. Y-a-t-il ici, une bousculade administrative ou une forme de mépris à l’égard de la démocratie participative et de la consultation publique ? Autre question : est-ce une façon de signifier au préfet de l’Hérault que cette enquête publique sur Sablassou diligentée en plein été ne sert à rien ?

La politique d’urbanisation à Castelnau-le-Lez est marquée par une mobilisation citoyenne significative. Déjà en mai 2023, ce sont 500 contributions majoritairement négatives qui avaient été déposées lors de la modification initiale du PLU. Un an plus tard, en mai 2024, 700 contributions supplémentaires viennent à nouveau fustiger ce projet, appuyées par un avis défavorable du commissaire enquêteur François Trusson. Malgré une opposition croissante, l’urbanisation à Castelnau semblerait poursuivre sa route : en juillet 2024, l’enquête publique comptabilise un millier d’avis contre la bétonisation de Sablassou.

Si Frédéric Lafforgue s’est voulu rassurant lors de son point presse de rentrée du 5 septembre 2024, en déclarant « j’ai la volonté d’arrêter l’urbanisme, d’y mettre un stop », selon le groupe Ensemble pour Castelnau (EPC), les faits sont têtus : c’est bien la pression exercée par les habitants, leurs associations, et l’opposition municipale qui a freiné les initiatives du maire. L’urbanisation de Sablassou, en plus de susciter une opposition locale forte, entre en contradiction avec les objectifs affichés du PLUi, notamment en matière d’adaptation au changement climatique. L’artificialisation de terres fertiles est en totale incohérence avec les impératifs écologiques que la Métropole prétend défendre. Comment justifier la destruction d’espaces naturels au profit d’un projet d’urbanisation dont les besoins réels sont contestables  selon l’opposition. « Cela fait quand même 4 ans que les associations, les citoyens, les habitants de Castelnau se mobilisent pour dire non et dire stop à l’urbanisation, » rappelle Mathile Borne, conseillère municipale et conseillère de métropole. Pour Richard Corvaisier les déclarations de Frédéric Lafforgue « c’est du greenwashing, c’est juste un effet d’annonce. »

[VIDEO] Interview avec Mathilde Borne et Richard Corvaisier du groupe d’opposition Ensemble pour Castelnau : 

Une urbanisation galopante et irréfléchie

Côté Coralie Mantion le ton est vite donné : « les Castelnauviens se mobilisent depuis 4 ans pour faire stopper les erreurs nombreuses d’une urbanisation galopante et irréfléchie menée depuis plus de 20 ans. » Question économie, la conseillère de métropole Les Écologistes prévient : « on le sait, il y a des besoins de foncier économique pour nos entreprises, mais il n’y a pas d’économie dynamique sur une terre saccagée ! Et c’est oublier que l’agriculture, l’alimentation, c’est une économie. Une économie qui produit de l’emploi, qui produit de la richesse et qui produit un bien vital qui est de nourrir. »

L’appel est lancé pour une forte mobilisation le 7 octobre prochain devant le conseil de la métropole à Montpellier où Le PLUi sera mis à délibération. « c’est un vrai problème de souveraineté, d’autonomie alimentaire, il faut vraiment rebasculer ce secteur en zone agricole, » explique Coralie Mantion en précisant qu’il faut « demander à Michaël Delafosse, président de la métropole de modifier le PLUi, avant le vote de l’arrêté du PLUi. » Son inquiétude si rien ne change c’est que : « 600 hectares de terres agricoles et naturelles sont voués à disparaitre dans les 10 prochaines années sur la Métropole de Montpellier.»

« Si on laisse passer ça, on laisse tout passer. » Vincent Nourigat

Vincent Nourigat, co-président du réseau Initiative pour une agriculture citoyenne et territoriale (InPACT Occitanie) note toute l’urgence de cette mobilisation pour préserver les terres de Sablassou : « Nos enfants nous en seront reconnaissants. » Urbanisation DUP et PLUi, « on ne peut pas laisser passer des passages en force comme ça ! Ce n’est pas possible ! Surtout sur un patrimoine comme celui-là. Si on laisse passer ça, on laisse tout passer. »

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