Culture & Loisirs — Béziers

Béziers : au fil des écluses, une après-midi à bord du 'Santa Maria'

La péniche 'Santa Maria' des Bateaux du Soleil, navigue sur le canal du Midi depuis 1904. À son bord, Karim Meddahi (matelot), Éric (pilote), et Laurent (cuisinier), accueillent avec beaucoup d'humour les touristes, qui repartent le sourire aux lèvres et les gratifient : "C'était super cool, ne changez rien !"

Une mécanique ingénieuse

Nous embarquons avec un groupe, bercés par le Printemps de Vivaldi et les blagues de Karim : “Les secours se trouvent à bâbord et à tribord, mais moi, je ne sais pas nager”, lance-t-il. Nous faisons notre entrée dans le premier bassin, plongés dans l’ambiance grâce aux musiques choisies par l’équipage.

Éric, le pilote, commence par nous expliquer le fonctionnement des écluses et l’histoire du canal du Midi. “D’abord, le bateau entre dans le sas. Puis, l’éclusier ferme les portes arrières de façon hermétique, et ouvre les portes avant pour que l’eau se déverse dans le sas suivant. Tout le travail est fait par le poids de l’eau ! Enfin, les deux sas sont à niveau, et l’on peut passer. […] C’est un système génial, grâce à lui, il n’y a plus de problèmes de navigation, de crue, de sécheresse, et l’on peut naviguer correctement toute l’année !”

Une écluse © Louise Brahiti
Une écluse © Louise Brahiti

Une histoire au fil de l’eau

Faciliter la navigation et le commerce en reliant la mer Méditerranée et l’océan Atlantique est un rêve qui a traversé le temps. Une ambition qui flottait déjà dans la tête des Romains et qui est devenue réalité grâce à l’intervention de Pierre-Paul Riquet, natif de Béziers. À l’âge de 53 ans, il contacte Colbert, le ministre des Finances de Louis XIV, pour lui exposer son projet de canal à écluses. En 1666, sa création est signée.

En s’appuyant sur le travail de Thomas de Scorbiac, qui envisageait le prélèvement de l’eau des rivières, Pierre-Paul Riquet a imaginé un moyen de capter les rivières Alzeau, Bernassonne, Lampy et Rieutort, pour les stocker dans un réservoir.

Éric, revient sur cet instant clef : Pierre-Paul Riquet, qui était précepteur pour Louis XIV, n’était pas ingénieur, mais très ingénieux. Il a dessiné les premiers plans du canal et en a financé une partie. Ensuite, il a fait construire un lac artificiel, le lac de Saint-Ferréol, qui est la réserve principale du canal.

Il s’agit d’un chantier massif, qui consiste à creuser un canal de 240 km de long, 10 m à 18 m de large et 1,90 m de profondeur. La création du plus grand réservoir d’eau artificielle de l’époque a nécessité la mobilisation de 12 000 ouvriers. Aujourd’hui, le canal du Midi est le deuxième site le plus touristique de l’Occitanie.

© Louise Brahiti
© Louise Brahiti

Les 9 écluses

Au fil de l’eau, nous passons devant une maison éclusière. Le pilote nous explique que 64 écluses ponctuent le canal du Midi, et qu’il y a une maison devant chacune d’entre elles, pour que les éclusiers puissent y vivre. Sur une plaque apposée au mur, nous pouvons lire : “Écluse de Fonsérannes / Distance de l’écluse de l’Orb, 1 400 m / Distance de l’écluse d’Argens, 53 869 m.” Ces phrases nous indiquent où nous sommes et où se trouvent l’écluse d’avant et la suivante.

Une fois les 9 écluses de Béziers franchies, nous pouvons apercevoir la pente d’eau de Fonsérannes : “Elle servait à tracter les bateaux, qui étaient tirés à la force du jarret, qu’il soit humain ou animal.” À ce moment de la balade, “nous sommes dans une partie non-creusée, qui tient avec des digues. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il y a des cyprès sur la berge, leurs longues racines font office d’armature et cela fait plus de 200 ans que les digues sont en place. Encore une idée de nos anciens !”

Pour clôturer la visite, nous passons par l’écluse de l’Orb, la plus impressionnante avec ses 6 mètres de profondeur. Dans un souci de perfectionnisme, Karim met la musique de Titanic, “cela rafraîchit les gens !”

L'écluse de l'Orb © Louise Brahiti
L’écluse de l’Orb © Louise Brahiti
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