Faits divers — Béziers

Béziers : gardien agressé dans un centre pénitentiaire, “On a tous les ingrédients pour que ça explose”

Le vendredi 2 août, une violente agression a eu lieu au Centre Pénitentiaire de Béziers, où un gardien a été attaqué par un détenu. Pour David Parmentier, secrétaire local de l’Union Fédérale Autonome Pénitentiaire, l’attaque est une nouvelle illustration d’un problème systémique.

“Il a pris une véritable pluie de coups “

Le responsable rapporte que l’agression a eu lieu tôt le matin, vers 7h15, lors de l’ouverture du centre de Gasquinoy. “Comme dans la majorité des établissements pénitentiaires, lorsque le personnel ouvre les cellules, ils sont souvent seuls, clarifie-t-il. Ce n’est pas une spécificité biterroise. Le détenu a profité de la situation pour se jeter sur un agent”.

Le gardien, pris par surprise, a été frappé violemment. “Il a pris une véritable pluie de coups et n’a même pas eu le temps de se défendre. Une fois au sol, le détenu a continué à le frapper”, décrit David Parmentier. Ce sont finalement des renforts qui sont venus stopper l’agresseur. Selon lui, le détenu, connu pour des antécédents violents dans d’autres établissements et placé en garde à vue, “n’avait pas de raison apparente pour son attaque ou de contentieux avec le gardien agressé”.

“Plus de 160 % de capacité

En réponse à l’incident, le personnel a décidé “de retarder leur prise de fonction le lendemain matin pour exprimer leur solidarité et leur colère” et donc de ne pas ouvrir les portes dès 6h45. Les détails précis de cette action sont encore en discussion, mais une manifestation ou des mesures comme la fermeture des parloirs sont envisagées “en fonction des réponses de l’administration”.

Car pour David Parmentier, cet épisode n’a rien d’un acte isolé, mais s’ajoute à plusieurs problèmes structurels qui impactent le milieu carcéral. “La surpopulation au Centre Pénitentiaire de Béziers atteint plus de 160 % de capacité, exacerbée par la canicule et un manque chronique d’effectifs, rappelle le secrétaire local de l’UFAP. Nous sommes en souffrance d’effectifs et souvent, là où nous devrions être trois, nous ne sommes plus qu’un seul. Pourtant, la vie d’une prison doit continuer. Nous avons vraiment tous les ingrédients pour que ça explose”. Un manque d’effectifs qui conduit aussi à des conditions de travail extrêmement difficiles, avec des agents qui comptabilisent “entre 40 et 80 heures supplémentaires par mois”.

“Les lois sont plus favorables aux droits des détenus

D’après son expérience, la réalité est celle d’un trafic exponentiel en milieu carcéral : “En 1995, quand j’ai commencé, si vous découvriez 2 grammes de cannabis, vous aviez quasiment une lettre de félicitation nationale. Vous étiez presque reçu par le ministre. Aujourd’hui, on découvre des kilos entiers. Dans la vidéo qui a circulé il y a quelques jours, nous voyons que certaines détentions sont vécues plus comme un séjour au Club Méd parce que l’alcool coule à flots, qu’il y a autant de drogues qu’à La Dévèze et qu’il y a plus de téléphones que dans une boutique Bouygues. C’est une triste réalité.”

Mais alors pourquoi ? Pourquoi est-ce qu’aujourd’hui les gardiens tombent sur des dizaines de téléphones portables et des centaines de grammes de cannabis ? Selon ses dires, les lois européennes auraient fait “du mal”. “On n’a plus le droit de fouiller, il y a plein de gestes professionnels qu’on ne peut plus exercer, déplore-t-il. Nous sommes obligés de reconnaître que les lois sont plus favorables aux droits des détenus qu’à ceux des personnels pénitentiaires. Aujourd’hui, c’est compliqué de faire son travail correctement en prison.”

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