Béziers : "J’ai dit que j’allais la tuer mais je ne voulais pas vraiment le faire"
Un jeune homme de 22 ans a été condamné le 13 novembre à six mois de prison ferme pour avoir menacé de mort sa petite amie de l’époque.
Le jeune homme, les cheveux mi-longs un peu gras, entre dans le box en plexiglas des accusés, entouré de trois agents de police. Il regarde l’air désinvolte le juge du tribunal correctionnel lister les faits pour lesquels il est poursuivi ce mercredi 13 novembre, principalement pour menaces de mort.
En couple pendant entre 2021 et 2023 avec une jeune fille de 15 ans à l’époque, il partage un appartement avec elle, dans un village à côté de Béziers. Mais le jeune homme refuse qu’elle aille à l’école, qu’elle voie ses amis ou demande à ce qu’elle s’éloigne de sa mère. S’il n’y a pas de violences sexuelles ou physiques, beaucoup d’insultes fusent tout au long de la relation.
Finalement, la jeune fille se sépare de lui en juin 2023, et c’est là que commencent les menaces de mort. Elle bloque son ex-petit-ami sur les réseaux sociaux mais des comptes anonymes continuent de la menacer. Elle décide alors de porter plainte en septembre 2023, trois mois après la rupture.
“C’était notre façon de parler”
“Je reconnais l’avoir insultée mais elle abuse”, se justifie le jeune homme. “J’ai dit que j’allais la tuer mais je ne voulais pas vraiment le faire. Pour moi, c’est juste une façon de m’exprimer. Elle m’a aussi insulté, c’était notre façon de parler”, continue-t-il, assurant qu’il est autant victime qu’elle. Le président lui demande s’il pense qu’elle a eu peur en recevant ces messages. Il lui répond que non, catégorique.
Alors qu’il est désormais en couple avec une nouvelle petite-amie, le juge lui demande quelle est sa relation aux femmes quand il est en couple. “Il y a des limites, j’aime quand c’est carré”, répond-il, même s’il précise qu’il s’impose les mêmes règles que celles qu’il dicte à ses compagnes.
Des menaces de mort répétées
La plaignante, absente, est représentée par son avocate. “Elle n’a pas souhaité venir car elle a reçu des messages anonymes de menace juste avant l’audience”, explique l’avocate, qui la dit très anxieuse. “C’est le début d’un dossier qui aurait pu aller jusqu’à des violences physiques”, s’inquiète l’avocate qui demande une interdiction de contact et des dommages et intérêts pour préjudice moral.
“Ces menaces de mort sont répétées et matérialisées donc elles sont punissables”, explique le procureur dans son réquisitoire. Alors que le jeune homme est déjà incarcéré jusqu’en 2026, il demande une peine supplémentaire de six mois de prison ferme.
Il a expliqué que le sursis n’était pas une option puisqu’il est déjà derrière les barreaux. Ni le paiement d’une amende alors que le jeune homme ne travaille pas et n’a pas de revenus. Incarcéré pour d’autres faits, il fait une remise à niveau au sein du centre pénitencier, il espère trouver du travail dans la peinture en bâtiment à sa sortie.
Cinq condamnations entre trois ans
Car le jeune homme de 22 ans a déjà fait l’objet de cinq condamnations entre 2020 et 2023, pour usage de stupéfiants, refus d’obtempérer, vol avec arme, trafic de stupéfiants et recel d’un vol. Alors qu’il fumait 4 à 5 joints par jour à l’époque de cette relation, il assure avoir arrêté depuis six mois.
L’avocate de l’accusé a plaidé la relaxe, expliquant que son client n’a “jamais eu la réelle volonté de nuire” et que “jamais sa petite-amie n’a craint pour sa vie”. Si elle ne conteste par les messages de menace de mort, elle plaide la relaxe. “C’était leur façon de communiquer”, martèle-t-elle, citant des échanges de SMS et brandissant des captures d’écran de messages Snapchat. Une plaidoirie qui visiblement n’a pas convaincu le tribunal qui a condamné le jeune homme à six mois de prison ferme.