Béziers : “Je n’accepterai pas ce chantage”, Robert Ménard accuse la Région de jouer l’intimidation
“Nous n’avons pas coupé la tête au roi pour que, sur les bords de la Garonne, on se prenne pour Versailles !”. Le ton est direct, sans équivoque.
Ce cri du cœur a retenti lors de l’opération de levage de la passerelle de Béziers, où l’indignation de Ménard à l’égard de la Région Occitanie, présidée par Carole Delga, a suscité quelques éclats de voix. Robert Ménard accuse la Région de ne pas honorer son engagement financier de 8 millions d’euros pour l’installation de cette liaison.
“C’est un scandale”
Selon lui, la Région conditionne le versement de ces fonds à l’abandon du soutien pour la création d’une nouvelle gare TGV à Villeneuve-lès-Béziers, un projet évalué à 80 millions d’euros, ce qu’il qualifie de “chantage”. “C’est un scandale”, a-t-il lancé devant un parterre composé de représentants de la SNCF et de l’État.
Le maire de Béziers a pointé du doigt l’absence de signature des engagements pris par le passé : “Quand on a pris un engagement, chacun paye sa part. On s’inquiétait de ça, on s’en est étonné. L’État et la SNCF aussi.” Il dénonce “la pression” exercée par la Région : “On nous explique qu’on va nous donner l’argent si on renonce à la gare de Villeneuve. C’est inadmissible, je n’accepterai pas ce chantage.”
“Béziers et le Biterrois entendent bien se défendre“
Dans une critique plus large de la gestion de la Région et sa présidente Carole Delga, Robert Ménard insiste : “La Région est mal placée pour donner des leçons de rigueur. Alors qu’elle nous explique vouloir faire des économies en ne construisant pas la gare de Villeneuve-lès-Béziers, elle réclame maintenant que la LGV soit accessible au fret entre Béziers et Perpignan. Ce qui coûterait entre un à deux milliards supplémentaires !”.
Le projet de la Ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan (LNMP) est particulièrement délicat, car comme le maire le rappelle, “dans la décision gouvernementale donnant le feu vert au projet de LGV – le seul document officiel à ce jour -, il est prévu deux gares : l’une à Villeneuve-lès-Béziers, l’autre près de Narbonne.” Pour l’édile, le problème serait attaché aux difficultés financières de la Région : “Béziers et le Biterrois entendent bien se défendre. Si la Région n’a plus l’argent pour payer ce qu’elle s’est engagée à payer, qu’elle le dise. Si la Région veut choisir tel ou tel projet en fonction de ses affinités avec les collectivités locales qui en bénéficient, qu’elle le dise. Et qu’elle ne tente pas de se défausser sur l’État qui, lui, respecte sa parole et sa signature. Si la Région continue de jouer de l’intimidation, nous pourrions ne plus financer la LGV, soit plus de 100 millions d’euros !”.
“Ce n’est pas notre projet”
Face à ces accusations, Jean-Luc Gibelin, vice-président de la Région en charge des Mobilités, a tenté de désamorcer la situation, qualifiant les déclarations de Robert Ménard de “malentendu”. Il a assuré que “les fonds seront bien débloqués”, mais a précisé que la Région ne financerait pas une autre gare dans le Biterrois. “Ce n’est pas notre projet, pas celui des collectivités,” a-t-il déclaré à nos confrères de France Bleu, rappelant que la Région a déjà investi plus de 24 % dans le projet du Pôle d’Échange Multimodal (PEM), un investissement s’élevant à plusieurs millions d’euros.
A Robert Ménard de répondre : “Il n’est pas question que, depuis Toulouse, Madame Delga décide ce qui est bon et ce qui ne l’est pas pour notre Biterrois et, plus généralement, pour notre département. Nous n’avons pas coupé la tête au roi pour que, sur les bords de la Garonne, on se prenne pour Versailles !”.