Béziers : Jean-Marie Bigard en spectacle le 2 mars, “Quand je dis ‘Al dente !’, toute la salle hurle ‘Enculé !’. C’est très joyeux”
L’humoriste est de retour avec son nouveau spectacle : “J’arrête les conneries”. Spectacle de la maturité pour Bigard ? Plutôt l’occasion d’évoquer, pour l’artiste, “ les grandes catastrophes planétaires”, soit “ tous ces thèmes qu’on ne peut plus aborder”. Au programme : danse, éducation positive, chansons enfantines et spaghetti. Dans cette société transformée, Bigard Non capisce niente.
Quelles thématiques on retrouvera dans votre spectacle ?
Jean-Marie Bigard : Je parle des trois grandes catastrophes planétaires, qui font qu’on en est là où on est et qu’on marche sur la tête : la disparition du slow, la pilule, et les contes pour enfants.
Le slow ? La danse ?
JMB : Oui. C’est une catastrophe planétaire parce qu’on est passé de danser ensemble à danser chacun de son côté. Je développe avec une foule d’exemples la profondeur abyssale de cette erreur : l’idée qu’on ne puisse plus prendre quelqu’un qu’on ne connaît pas dans ses bras. Ce qui est pour moi une catastrophe planétaire incroyable. Je dis dans ce spectacle que si le slow existait aujourd’hui, on bourrerait les cabinets d’avocat, avec la notion d’attouchements. Aujourd’hui, c’est comme si tout cela datait de la préhistoire, que quelqu’un vienne te demander de te prendre dans ses bras pendant les 7 minutes 11 de Hey Jude.
Vous faites aussi référence à la pilule contraceptive comme catastrophe planétaire ?
JMB : Oui, dans mon spectacle je parle de la pilule car les enfants qu’on a maintenant sont des enfants désirés, puisqu’on a la possibilité de ne pas en avoir. C’est un clivage monstrueux. C’est-à-dire qu’il n’y a pas si longtemps, quand il n’y avait pas la pilule, on pouvait dire à son 6e enfant, qui n’était pas forcément désiré, parce que c’était une bouche de plus à nourrir, on pouvait encore lui dire : ‘tu vas manger tes haricots verts et tu vas fermer ta gueule’. Maintenant, c’est terminé, les haricots verts il te les met dans la gueule.
Donc c’est plutôt l’éducation positive que la pilule contraceptive ?
JMB : C’est à dire que comme ce sont des enfants rois, ça entraîne la déliquescence de la famille, la désobéissance, l’incivilité. Tout ça. Dans le spectacle, je dis qu’il faut être ferme, il faut dire : ‘non Jérôme, tu as 12 ans et ta mère et moi nous t’interdisons de rejoindre les émeutiers Place Vendôme. Sauf si tu ramènes un iPhone 14 à ton frère, une Rolex à Papa et une paire de Louboutin à maman. En 39’. Je contourne tout en montrant l’absurdité de toutes ces dernières lois.
Vous parlez aussi de contes mais je crois qu’on est loin du spectacle pour enfants…
JMB : Oui, je complète en disant que les chansons qu’on apprend aux enfants sont absolument effrayantes ! Et qu’elles ne devraient plus avoir cours maintenant. Je parle par exemple de la chanson Une souris verte. Je dis que l’auteur serait gentil de dire ‘une souris vivante ! Qu’on a trempée dans une peinture verte !’, quelle torture ! Qui courait dans l’herbe, non ! Qui fuyait ses agresseurs, il y a eu attouchement, car je l’attrape par la queue ! Il y a eu viol en bande ! Je retourne tout ça à l’envers, en montrant comment on marche sur la tête. Je dramatise, je montre tout ceci comme un film d’horreur.
Est-ce qu’on peut dire que “J’arrête les conneries” c’est le spectacle de la maturité de Bigard ?
JMB : Non, non. Sans aller jusque-là, c’est juste dire comment la société s’est transformée. Enfin, je sais pas, t’as des yeux pour regarder autour de toi, tu vois bien que tu donnes du feu à une fille à une terrasse de café, tu te retrouves en prison quoi, pour viol ! On ne peut plus mettre un pied devant l’autre sans être accusé. Tout à coup, il y a une fille qui dit : ‘il y a 14 ans, il m’a pincé les fesses en me disant, ‘il est où mon café !’’. Tu vois dans quel monde on vit ou pas ? C’est une mine d’or pour un humoriste.
Alors on peut continuer à rire de tout ?
JMB : Bien-sûr ! C’est-à-dire que maintenant ce n’est même plus la question de rire ou de ne pas rire. Maintenant, pour passer entre les gouttes, il faut le faire ! C’était extrêmement difficile, quel que soit le sujet, de ne pas tomber sur un truc qui t’envoie directement devant un tribunal. Bah oui quand tout à coup il y a des gens qui se souviennent qu’il y a 17 ans, le réalisateur a dit ‘va me chercher mon café’ et qu’il lui a pincé les fesses, tu vois, et qu’elle avait 18 ans, parce qu’elle était stagiaire et que tout à coup elle porte plainte pour demander 4 millions de dollars ! Tu vois qu’on marche sur la tête ou pas ? On peut plus mettre un pied devant l’autre. On n’ a plus le droit de dire mademoiselle à l’école. Est-ce que tu te rends compte que moi qui aie été dans l’éducation, je devais dire madame à une gamine de CM2 de 10 ans ! Quelle loi a été votée pour qu’on ne puisse plus dire mademoiselle à une enfant pour la différencier d’une personne adulte ? Je parle de tous ces thèmes qu’on ne peut plus aborder maintenant et j’en fais mon spectacle. C’est ça qu’il faut que tu comprennes, sinon tu peux rien comprendre, tu peux pas rire. Tu peux juste te dire qu’est-ce qu’il me raconte ce fou ?!
Sur scène, vous vous interdisez des choses ?
JMB : Au contraire, je me sers de toutes les interdictions que nous sommes obligées de subir. Je prétends que tu ne peux pas aller dans un restaurant italien et demander des pâtes cuites. C’est impossible ! Moi, je refuse de sectionner l’intérieur de mon spaghetti pas cuit avec les dents ! Ça fait rire tout le monde. Je refuse de faire cuire mes spaghetti dans une baignoire. Je le confesse : moi, mes spaghetti, je les casse en deux, et je les fais à la casserole ! Je ne vais pas attendre que les premières spaghetti cuisent de façon à ce qu’on puisse rentrer les crus après, en poussant les petits picots qui dépassent avec une spatule en bois ! Tout ça, c’est des images. Moi quand le chef vient et qu’il me dit : ‘si vous voulez on peut les recuire’, je lui dis : ’non, il faut déjà les cuire !’. Et quand je dis : ‘Al dente !, toute la salle hurle : ‘Enculé !’. C’est très joyeux.
Vous avez travaillé sur beaucoup de projets, mais vous ne vous êtes jamais vraiment éloigné de la scène, de l’humour. C’est ce que vous préférez ?
JMB : Bien-sûr, la scène, c’est le seul endroit où je suis heureux, parce que je fais rire les gens. Je continuerai jusqu’à la mort, et après si c’est possible. J’ai failli. J’ai fait une paire d’AVC qui m’ont emmené assez loin, mais mon grand plaisir, c’est de savoir que je joue le 2 mars à Béziers, à Dunkerque, à la Bourse du travail à Lyon… C’est ça qui me rend heureux, c’est ce que je sais faire de mieux.
Jean-Marie Bigard jouera son nouveau spectacle “J’arrête les Conneries” le samedi 2 mars à Béziers
Informations pratiques
Date : samedi 2 mars, 20 h 30
Lieu : Zinga Zanga, Traverse de Colombiers, 34500 Béziers
Informations et réservations