Béziers, La Péira : investir dans un projet de rénovation urbaine, "un modèle rentable"
Permettre à tout le monde, en fonction de ses moyens financiers, d’investir dans un projet de rénovation en centre-ville, via une solution digitale de financement participatif. Voilà l’idée résolument innovante et utile des biterrois Jérôme Dorigny et Gaël Mirabella, à travers leur proptech La Péira - « La pierre », en occitan.
Jérôme Dorigny à gauche, Gaël Mirabella à droite © La Péira Immobilier Proptech
Leurs compétences sont complémentaires : le premier est un ex-cadre de la grande distribution, le second, également président de La Péira, marchand de biens immobiliers. Le projet, créé en août 2022 à Béziers, entend répondre à trois enjeux clés : « Accélérer la réhabilitation énergétique des passoires thermiques, créer une offre locative de qualité, avec des logements agrandis, dans les centres-villes, et faire financer des projets à impact par des citoyens résidant dans l’environnement proche », détaille Jérôme Dorigny.
« La loi Climat et Résilience pose un cadre très strict. Les propriétaires bailleurs ne pourront plus louer certains biens s’ils ne réalisent pas de travaux de réhabilitation », rappelle Gaël Mirabella.
Des tickets de 10 à 2.500 euros
Le montant des tickets s’échelonne en effet de 10 à 2.500 euros. Un plafond volontairement bas, « pour donner l’accès à un maximum de petits porteurs », observe Jérôme Dorigny.
La première campagne de financement concerne la réhabilitation d’un immeuble situé au 72, boulevard de la Liberté. Le rendement affiché sera d’environ 5 % pour les investisseurs. Les dividendes sont calculés en fonction du montant des loyers des logements réhabilités (hors taxes foncières et frais de gestion) et de la mise de départ de l’investisseur. Pour La Péira, le modèle se veut rentable dès le départ, avec la perception de commissions sur le projet global de rénovation, puis sur la gestion du bien. L’entreprise s’occupera des dossiers de subventions, par exemple auprès d’Action Cœur de Ville.
La Péira porte deux autres projets dans le centre-ville de Béziers, et entend dupliquer son modèle en Occitanie, dans des villes moyennes. Les coûts des projets de rénovation, portant sur des bâtiments d’au moins 300 m2, seront compris entre 500.000 et 1 million d’euros.
Le capital de la société, accompagnée par la pépinière Innovosud, s’élève à 50.000 euros (les deux dirigeants et deux autres investisseurs privés régionaux). Le chiffre d’affaire prévisionnel 2023 s’élève à 738.000 euros, à travers 4 projets de rénovation, puis à 2,3 millions d’euros en 2024, à travers 16 projets de rénovation. « Si on veut créer la ville du quart d’heure, avec des services à proximité, et limiter l’étalement urbain, il faut rénover les centres-villes », conclut Jérôme Dorigny.