Sports — Béziers

Béziers : le club de rugby sauvé par des investisseurs irlandais 

Racheté par la mairie en 2021, le célèbre club biterrois a été revendu à un consortium irlandais dont font partie les stars internationales de rugby Andrew Mehrtens et Bob Skinstad.

L’annonce était attendue. Dans une salle comble du stade Raoul Barrière, où trônent en arrière-plan les tribunes aux couleurs rouge et bleu, Robert Ménard, le maire de Béziers, a introduit les nouveaux repreneurs du club de rugby ASBH. Andrew Mehrtens, célèbre demi d’ouverture néo-zélandais et Bob Skinstad, ancien international sud-africain et champion du monde en 2007, se sont présentés, veste de costard déjà estampillée du logo du club mythique de Béziers.

« Vous ne pouvez pas savoir comme je suis content, c’est quatre ans de travail », a lancé l’élu qui avait racheté le club en 2021. Un rachat provisoire le temps de trouver de nouveaux repreneurs, durant lequel la municipalité a dépensé beaucoup d’argent. « Le club est sauvé, il est entre de bonnes mains et je ne suis pas peu fier », s’est-il réjoui.

Le consortium irlandais Strangford Capital, avec en tête de proue l’ancien pilote et propriétaire d’écurie de Formule 1, Eddie Jordan, a racheté 75% du club, pour un montant qu’ils n’ont pas voulu dévoiler. “Tous ceux à qui nous avions emprunté de l’argent vont pouvoir être remboursés”, indique seulement Robert Ménard. 

La municipalité garde environ 2% du club, le reste appartenant à des actionnaires minoritaires. « Nous restons partie prenante. Nous donnons 1,5 million d’euros par an au club. Il me semblait normal d’avoir un droit de regard », précise Ménard, qui précise que trois membres seront au conseil de surveillance pour représenter les intérêts de la ville.  Le consortium irlandais devient alors l’actionnaire majoritaire et donc le propriétaire du club qui joue maintenant en pro D2. Un rachat adoubé par l’autorité de régulation du rugby.

De longues négociations 

« Nous voulions des gens en qui on avait confiance, qui connaissent le rugby et le sport professionnel », a expliqué Robert Ménard, qui ajoute que des mois de négociations ont été nécessaires pour discuter du contrat « point par point, article par article, afin de trouver le meilleur accord possible ». 

De longues démarches qui ont convaincu Andrew Mehrtens. « Vous avez été exigeant et cela nous a rassuré car racheter un club comme Béziers, c’est sérieux », a expliqué le Néo-zélandais. 

« J’ai regardé des opportunités sportives dans le monde du rugby mais ce projet-ci était le plus excitant et où il y avait le plus à faire », s’est exprimé Bob Skinstad. 

Un rachat malgré un club dans la tourmente 

Robert Ménard a aussi sorti les cartes du bilan des dernières années pour convaincre les investisseurs. « Pour la première fois depuis des années, le club a gagné de l’argent, plus de 200 000 euros alors qu’il en perdait parfois des millions et nous avons de bons résultats sportifs », a justifié le maire. Des arguments qui ont fait mouche, malgré un rapport de la Chambre régionale des comptes d’Occitanie (CRC) très critique de la gestion du club entre 2018 et 2023 et malgré les affaires de violences conjugales qui entachent le club. 

« Le minimum de correction était de prévenir les futurs acheteurs des violences conjugales, pour leur dire qu’il y a ce problème. Cela n’a jamais remis en question nos discussions. Ces comportements sont inadmissibles s’ils s’avèrent qu’ils ont eu lieu. Mais ce sont la justice et les juges qui décideront », explique Robert Ménard. 

De grandes ambitions 

Andrew Mehrtens s’est voulu rassurant sur le futur du club, en insistant sur ses motivations personnelles à voir le club monter en Top 14, lui qui a été joueur et entraîneur biterrois. 

Pour lui, le but n’est pas de changer le club, qui va rester français et surtout biterrois. « Ce n’est pas le moment de changer l’équipe en pleine saison, on a confiance complète en Pierre Caillet, l’entraîneur de Béziers », a explique le célèbre demi d’ouverture, qui veut laisser les experts et les équipes actuelles s’occuper de la gestion quotidienne du club et du projet sportif.

« Nous pensons apporter nos réseaux internationaux, pas pour devenir un club étranger mais pour trouver des partenaires afin d’être plus grand », explique le nouveau co-président du club. 

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