Béziers : le joueur de rugby de l'ASBH condamné pour violences conjugales
Le rugbyman néo-zélandais Taleta Tupuola, trois-quarts centre de 35 ans, a écopé de 14 mois de prison avec sursis pour des faits de violences contre son épouse qui datent du 5 octobre.
Impossible de rater Taleta Tupuola dans la salle Simone-Veil du tribunal correctionnel de Béziers. Avec ses larges épaules sur lesquelles tombent de longues tresses, le rugbyman néo-zélandais de 35 ans a troqué le maillot de l’ASBH (Pro D2) par une chemise blanche cintrée et bien repassée.
Assis sur un banc aux côtés de son interprète, il discute discrètement avec son avocat en attendant son tour. Convoqué à 8h30 pour violences conjugales, il ne passe finalement à la barre que deux heures plus tard.
Après une heure d’audience et un rapide délibéré, il est condamné à 14 mois d’emprisonnement avec sursis probatoire pendant deux ans par le tribunal correctionnel de Béziers le mercredi 13 novembre. Le juge ordonne aussi une obligation de soin en matière d’addictologie à l’alcool. Le procureur avait requis 18 mois de prison avec sursis.
“Cette peine est proportionnée aux faits qui lui sont reprochés et à la gravité de ce qu’il a pu commettre. Mais c’est une peine qui prend aussi en considération le fait qu’il n’ait pas d’antécédents judiciaires et qu’il n’y a pas d’inquiétude de réitération“, a réagi son avocat Me Jean-Baptiste Mousset à la sortie de l’audience, qui ne prévoit pas de faire appel pour le moment.
Un déferlement de violence
Placé en garde-à-vue le 16 octobre dernier avant d’être placé sous contrôle judiciaire, Taleta Tupuola est accusé par sa femme de l’avoir insultée, de l’avoir frappée à plusieurs reprises et de l’avoir faite dégringoler dans l’escalier, le 5 octobre vers 5h30 du matin, après être rentrés d’une soirée alcoolisée chez des amis.
Une scène à laquelle a assisté leur fils de trois ans. “Madame a réussi à s’enfuir et à prévenir des amis, puis elle est allée à l’hôpital“, explique le président du tribunal, qui détaille les photos jointes à la procédure : “cuir chevelu ouvert, des traces de bleus sur les bras, les lèvres, les yeux et la partie haute du corps“. Des violences qui entraînent une incapacité de travail de six jours pour sa femme, qui a porté plainte quatre jours après les violences.
Dès le début de l’audience, Taleta Tupuola, l’air abattu, reconnaît les faits et s’excuse à plusieurs reprises. La tête baissée et les mains jointes, il écoute le président du tribunal puis il répond à ses questions dans un murmure, son interprète répétant à haute voix ses réponses.
Problèmes d’alcool et témoin de violence dans son enfance
Quand le président lui demande s’il souvient de la scène, Taleta Tupuola admet qu’il avait beaucoup bu, un mélange de bière et de whisky, et qu’il n’a plus aucun souvenir. “J’ai un problème avec l’alcool, j’ai du mal à m’arrêter”, reconnaît-il, prêt à ne plus en consommer une seule goutte.
“J’ai grandi dans la violence familiale. J’ai fait de mon mieux pour ne pas répéter ce que j’ai vécu dans mon enfance, je suis triste et je regrette profondément ce qui s’est passé car je n’étais pas maître de moi-même. J’ai besoin d’une aide médicale pour ne pas recommencer“, continue-t-il. “Mon fils, c’est tout pour moi. Mon cœur s’est brisé quand j’ai su qu’il avait vu la scène. J’ai tout perdu à cause de cette faute”
L’avocate de la partie civile, au nom de l’association France victime 34, a pris la défense de son fils, 3 ans. “Ce matin-là, le foyer sécurisant de cet enfant s’est effondré. Il a assisté à ce déferlement de violence”, décrit-elle. “Il faut qu’il soit reconnu comme victime”, plaide-t-elle. Après délibéré, le juge demande à Talepa Tupuola la somme de 500 euros à titre de dommages et intérêts pour son fils.
“Moins de gnons, plus de sanctions”
La femme de Taleta Tupuola a demandé la séparation et elle est rentrée en Nouvelle-Zélande avec son fils, qui continue de parler avec son père. Pendant une des auditions, elle avait précisé que “c’est un homme avec de bonnes valeurs, un bon mec. Mais ce qu’il a fait, c’est grave“. “Je veux lui donner la paix et la distance pour qu’elle prenne sa décision. Ma priorité est de travailler pour envoyer de l’argent à ma famille”, explique Taleta Tupuola, qui a été suspendu par Robert Ménard, maire de Béziers et propriétaire du club, et dont le contrat se termine en 2026.
Des pancartes “Stop aux violences”, “Urgence violences 3919”, “Moins de gnons, plus de sanctions” ont été déposées sur les marches à l’entrée du palais de justice par une dizaine de personnes venues apporter leur soutien à la victime. “Je déplore que la victime reste sous l’emprise de son agresseur et qu’elle continue de prendre sa défense“, commente Nathalie, du collectif les Rosies de Béziers, qui se dit tout de même plutôt satisfaite du verdict, qui est “assez sévère“.