Cap d’Agde : le ministre de la pêche veut “défendre les intérêts des professionnels” à Bruxelles
De passage sur les côtes méditerranéennes dans l’Hérault et le Gard, Fabrice Loher a échangé le 15 novembre avec les professionnels de la pêche quelques semaines avant les négociations des quotas et des totaux admissibles de captures au conseil européen.
Le ministre de la pêche, Fabrice Loher, est arrivé le 15 novembre à la maison de la mer du Cap d’Agde sous le soleil, après une réunion matinale avec les pêcheurs du port de Sète. Avec eux, il a discuté des conséquences du futur plan West Med (le plan de gestion régional pour la Méditerranée occidentale) dont la période de transition prend fin au 1er janvier 2025. Une réunion tenue secrète à laquelle la presse n’a pas pu avoir accès.
“La fin de la période transitoire de West Med inquiète les professionnels, je suis venu leur dire que je porterai une vision de défense des intérêts des pêcheurs auprès de la commission européenne à Bruxelles”, a voulu rassurer M. Loher, qui indique que des réunions sont déjà prévues lundi 18 novembre, puis les 9 et 10 décembre.
Inquiétudes des chalutiers
Adopté en février 2019, ce plan vise à restaurer les stocks halieutiques de Méditerranée, particulièrement surexploités. Réduction de l’effort de pêche, diminution de la flotte des chalutiers, limitation d’une journée de pêche à 15 heures, fermeture de certaines zones à la pêche… Ce plan inquiète les chalutiers méditerranéens qui le voient comme une menace pour leur activité économique.
“C’est une activité de production majeure pour le littoral méditerranéen. Le chalutage fait vivre toute une filière, que ce soit la pêche, le mareyage, la transformation, la distribution ou la logistique. Ce sont des milliers d’emplois”, a détaillé le ministre, également maire de Lorient, pour montrer qu’il est conscient des enjeux.
Mais il a rappelé que des questions se posent en termes de protection de la ressource, notamment du merlu. “La pêche a un avenir en France, avec le souci de préserver la biodiversité marine”, a-t-il précisé. Il a ajouté que l’un des enjeux est le renouvellement de la flotte et sa modernisation, “de façon décarbonnée, en utilisant des énergies plus propres, avec de meilleures conditions à bord pour les marins et la modification des techniques de pêche”.
Une réserve naturelle nationale marine au Cap d’Agde ?
D’où sa visite de l’aire marine protégée du Cap d’Agde qui se trouve dans un secteur à forte pression touristique. Ce qui n’a pas empêché d’y instaurer une zone de protection forte de 300 hectares, où il est interdit de pêcher, que ce soit professionnellement ou pour le loisir, de plonger ou de jeter l’ancre. “J’étais intéressée de voir comment on peut concilier les usages, et comment on peut, au travers d’un travail de concertation, pouvoir non pas contrôler et interdire, mais bien accompagner et convaincre les différents usagers que l’on a besoin de cette zones de protection forte qui permette de veiller à la préservation de la biodiversité marine”, a commenté M. Loher.
Le directeur du milieu marin d’Agde, Renaud Dupuy de la Grandrive, a aussi expliqué comment la ville souhaite aller vers la création d’une réserve naturelle nationale marine, un statut plus fort qui leur permettrait d’avoir plus facilement des financements et davantage de prérogatives. “Cela nous permettrait que nos agents puissent être assermentés pour contrôler les bateaux qui ne respectent pas les règles dans la zone de protection forte, alors que pour le moment nous ne faisons que de la pédagogie et de la sensibilisation”, a-t-il pris pour exemple.
“Je ne peux être que favorable à ce type de transformation alors que le nouvel objectif du ministère est de faire en sorte que 10% des littoraux français aient des zones de protection fortes”, a réagi le ministre de la pêche et de la mer.
En fin de journée, il s’est rendu au port de pêche du Grau-du-Roi dans le Gard, premier port de pêche chalutière de la Méditerranée française, ainsi que la criée, avant d’échanger avec les professionnels locaux.