Carrefour : sortie de 39 magasins du groupe, l'enseigne répond
À la suite de notre article mettant en lumière les risques sociaux et l'engagement de la procédure en référé de la CFDT Carrefour pour pratique abusive de la location-gérance, le géant de la distribution a souhaité réagir.
L’enseigne a souhaité réagir suite à la publication de notre article mettant en lumière les risques sociaux et l’engagement de la procédure en référé de la CFDT Carrefour pour pratique abusive de la location-gérance, le géant de la distribution.
« Le choix de la location-gérance, c’est le choix d’éviter la fermeture d’hypermarchés en difficulté. Depuis 2018, la location-gérance a prouvé sa capacité à redresser la performance de magasins fortement déficitaires, grâce à un management de proximité et une gestion plus agile du locataire-gérant. Depuis 2018, aucun hypermarché Carrefour n’a fermé en France », répond d’emblée Carrefour.
Pour rappel, Carrefour en 2023 : un chiffre d’affaires de 94,1 milliards d’euros dont un bénéfice net en progression de 23%. Sur la performance globale, l’entreprise s’en sort donc bien malgré ces « magasins fortement déficitaires ».
3 440 magasins en France
Et avec 3 440 magasins en France dont 253 hypermarchés, difficile d’évaluer l’efficacité économique de cette politique de mise en location-gérance, qui touche une dizaine hypermarchés chaque année (15 cette année), sans compter les Carrefour Market (24 sorties prévues en 2025). Surtout, la réussite d’un franchisé ou locataire-gérant indépendant, avec moins de ressources, là où un Groupe multi-millionaire a échoué, pose question.
Sur le versant social du passage en location-gérance de ces sites, l’enseigne dit avoir fait preuve d’exemplarité : « Par ailleurs, un accompagnement social exemplaire a été décidé : le Code du travail encadre strictement ces transferts en prévoyant que tous les contrats des collaborateurs en poste sont repris par le locataire-gérant avec les droits attachés (ancienneté, salaire, qualification), le bénéfice des accords collectifs durant 15 mois et, sans limite de durée, le bénéfice du 13e mois et la garantie de la rémunération annuelle des salariés.“
Et d’ajouter : “Le groupe Carrefour a souhaité aller au-delà de ces garanties en les renforçant sans limitation de durée par une “clause sociale” qui s’impose au repreneur – afin d’en faire un axe de responsabilité sociale vis-à-vis des salariés concernés et un critère innovant de choix des candidats à la location-gérance. Les salariés bénéficient ainsi du maintien d’autres avantages obtenus chez Carrefour comme la remise de 10% à valoir sur leurs achats dans le magasin, le maintien des tickets restaurant, d’un régime de mutuelle et prévoyance qualitatif ou le principe du volontariat pour le travail dominical. »
Sur papier, c’est un sans faute. Seulement, il semblerait que ces engagements sociaux sur le maintien des salaires, des avantages et même des conditions de travail ne soient pas garantis. Dans une lettre ouverte d’octobre 2023, les élus syndicaux d’un Carrefour d’Ivry-sur-Seine employant plus de 300 personnes pointent du doigt la dégradation de leurs conditions de travail.
Dans une lettre ouverte les syndicats ont alerté sur les conditions de travail et d’hygiène depuis la mise en location gérance du magasin, vendu pour une bouchée de pain à un repreneur visiblement peu regardant des exigences RH et sanitaires ⬇️
— Sabrina Sebaihi (@SabrinaSebaihi) October 24, 2023
2/ pic.twitter.com/oBaZMV0FX2
Sur le site de la CFDT, les témoignages se multiplient également. Cas isolés non représentatifs du bilan de cette stratégie d’externalisation ? En tout cas, Carrefour n’a pas souhaité transmettre de complément d’information au-delà des éléments déjà fournis ce lundi 13 janvier.