Castelnau le Lez : NFL Biosciences développe un médicament naturel pour stopper le tabac
NFL Biosciences est une société biopharmaceutique qui développe des candidats médicaments botaniques pour le traitement des addictions.
Le candidat médicament (c’est un médicament qui n’a pas encore été approuvé pour le traitement d’une maladie et qui fait l’objet d’essais cliniques). développé par NFL Biosciences provient de la méthode qu’utilisait le docteur Jean-Pierre Nicolas qui était anesthésiste et praticien en mésothérapie à Orange. Le traitement par injection sous-cutanée proposé par ce dernier, dont la réputation s’est faite par le bouche à oreilles, avait de très bons résultats. Il a ainsi traité 10 000 patients en 10 ans. Nombre d’héraultais ont arrêté grâce à lui. Rencontre avec Bruno Lafont, biochimiste, directeur général délégué et cofondateur de la société et Guillaume Audema, directeur financier.
Que fait NFL Biosciences ?
NFL Biosciences est une société cotée sur Euronext Growth Paris (FR0014003XT0 – ALNFL). Entreprise innovante, elle est éligible à l’investissement des FCPI. “NFL Biosciences est une société biopharmaceutique française qui développe des médicaments pour traiter les addictions à partir de produit botaniques, produits naturels qui ne sont pas des compléments alimentaires. Il s’agit de médicaments développés dans un cadre rigoureux et encadré par des façons de développer et des règlements particuliers“, explique Bruno Lafont. L’entreprise travaille donc sur un projet concernant le sevrage tabagique, un projet concernant le cannabis et un autre sur la réduction de la consommation d’alcool : “nous avons des approches différentes sur les projets. Nous avons un candidat médicament pour le tabac et un autre pour l’alcool. Ils sont totalement différents“, continue le directeur général délégué.
D’une expérience réussie à une start-up cotée
“Beaucoup de gens dans la région sont allés rencontrer le docteur Jean-Pierre Nicolas pour arrêter de fumer. Il utilisait des extraits allergéniques de feuilles de tabac développés par l’Institut Pasteur dans les années 80 pour désensibiliser les personnes qui travaillent dans les manufactures de tabac et qui finissaient par développer des allergies cutanées. C’était donc un allergène préparé spécialement (APSI). C’est une concentration protéiques de feuilles de tabac, injectée pour traiter les allergies de façon régulière à très faible dose sur une période de 3 ans. Le docteur Nicolas a eu l’idée d’administrer ce produit à des doses massives, une à deux fois, dont une fois au moment de la tentative d’arrêt (principe très important en tabacologie)“, détaille Bruno Lafont.
En 2003, les résultats du travail du docteur Nicolas ont été analysés: “rien qu’en 2003, il a aidé 1700 personnes, plus de 10 000 en 10 ans, et il faisait cela à mi-temps. Beaucoup de médecins se sont fait traités eux-mêmes et ensuite ils ont envoyé leur patientèle. Aucun effet secondaire notable n’a été noté car il n’y a pas eu de retour de pharmacovigilance“, raconte le co-fondateur.
En 2004, un changement de règlementation en France a fait arrêter la production de cet allergène : “la règlementation concernant la licence, jusqu’alors globale pour les allergènes, est devenu individuelle et demandait le dépôt d’un dossier par allergène. Celui-ci n’a pas fait la démarche, car il était destiné aux personnes allergiques et il y en avait de moins en moins“, explique les deux hommes. NFL Biosciences est alors créée avec trois co-fondateurs (les initiales de la société) dont le docteur Nicolas et Bruno Lafont.
L’analyse des résultats sur les patients traités par le docteur Nicolas “était très élevés : 44% de taux de succès à 1 an. Ce chiffre n’a pas été obtenu par une étude clinique rigoureuse, mais de façon déclarative, donc l’effet du traitement était très fort, même si nous restons prudents sur le chiffre. Notre définition de l’abstinence est pas une seule cigarette et nous vérifions cette présence par l’analyse de biomarqueurs. C’est d’ailleurs à ce niveau là que nous en sommes dans le développement du candidat médicament“, rajoute le directeur général délégué.
L’addiction au tabac
“Le tabac est constitué de nicotine et de beaucoup d’autres produits impliqués dans l’addiction. La nicotine est le 1er traitement qui a été mis au point pour se substituer à cette nicotine qui n’est plus apportée par la cigarette (patch, gommes à mâcher). Les taux de succès sont assez faibles : à 6 mois on est sur 16%, à un an on est sur une dizaine de pourcents. Cela montre bien qu’il n’y a pas que la nicotine dans cette addiction au tabac. Nous, nous concentrons en protéine de tabac et nous administrons en une ou deux fois. Nous avons constaté à l’Institut du Cancer de Montpellier que les gens avaient une forte réduction de l’envie de fumer. Et lorsqu’ils fumaient, ils ressentaient du dégoût et ne finissaient pas leur cigarette. Même les gros fumeurs étaient surpris car ils espaçaient le temps entre leurs cigarettes: ils réduisaient leur consommation“, détaille Bruno Lafont. Ce produit doit donc être reçu au moment de la date d’arrêt pour accompagner le fumeur dans la période où il va ressentir au plus fort une envie de fumer. Cet arrêt doit être rapide et ne pas durer plusieurs semaines pour maximiser les chances de réussite.
Pour le directeur général délégué : “il ne faut pas se leurrer, le facteur le plus important reste la motivation. La préparation est aussi essentielle. Ensuite vous avez des aides, des soutiens psychologiques ou médicamenteux, …” Le produit miracle n’existe donc pas, c’est un ensemble de choses qui permettent d’arrêter de fumer. Les symptômes de manque disparaissent au bout de 3 à 4 semaines, la “partie est presque gagnée à ce moment là. Le plus difficile, c’est le début. Et c’est là que nous pensons que notre candidat médicament (NFL – 101) a son rôle à jouer car la majorité des personnes rechutent au 3e ou 4e jour. A partir des 15 premiers jours, chaque jour qui passe est de plus en plus facile“, détaille Bruno Lafont.
Une étude clinique lancée
NFL Biosciences a racheté les droits de production de l’allergène. L’Agence française et l’Agence européenne des médicaments ont donné un avis pour transformer le produit en spécialité pharmaceutique du candidat médicament. Des essais précliniques règlementaires ont été réalisés : “notre dossier pré clinique est extrêmement propre. Pas l’ombre d’un soupçon d’un doute d’un effet nocif“, précise le co fondateur.
“La société va mettre en œuvre une étude clinique de Phase IIa, intitulée PRECESTO, dont l’objectif principal est de valider la complémentarité de NFL-101 avec les autres traitements de sevrage tabagique et notamment les substituts nicotiniques (timbres transdermiques (patchs), tablettes, gommes à mâcher, inhalateurs et spray de nicotine) en vue du développement d’une méthode de traitement innovante associant NFL-101 et les autres méthodes de sevrage tabagique. PRECESTO intervient en complément de l’étude CESTO II en cours (318 fumeurs, 9 centres d’investigations cliniques en France) destinée à valider l’efficacité de NFL-101 en tant que thérapie de sevrage tabagique. PRECESTO est une étude de type preuve de concept qui a pour ambition d’accroître le marché adressable de NFL-101 en l’élargissant à l’administration en association avec les autres traitements de sevrage tabagique et notamment les substituts nicotiniques. Le marché mondial des médicaments de sevrage tabagique est estimé à près de 6 milliards USD, avec une croissance de l’ordre de 6% sur les prochaines années“, annonce Bruno Lafont.
Si cette étude vous intéresse, et que vous avez une réelle volonté d’arrêter de fumer, veuillez contacter le Centre d’Investigation Clinique de l’hôpital de Montpellier au 04 67 33 23 32.