Castelnau-le-Lez : "Pour", la photo amateur prend ses lettres de noblesse au Kiasma
Le Kiasma accueille jusqu'au 15 juillet, puis du 24 août au 30 septembre, une exposition de photographies amateurs intitulée "Pour". Des destins s'y croisent, et l'on se prend à s'émouvoir…
La photographe Anne Delrez, photographe et autrice, est à l’initiative de cette exposition organisée au Kiasma, à Castelnau-le-Lez. Directrice de la Conserverie à Metz, elle compile les photos de famille, ces photos prises par des amateurs lors d’événements particuliers et dans leur quotidien. Dans le cadre de l’exposition Pour, elle a choisi d’explorer deux thématiques, la danse et les photos avec des oiseaux, qui sont exposées au Kiasma sous les titres “Danser” et “Du vent au bout des doigts”. Un troisième thème, l’enfance, est évoqué au rez-de-chaussée du Kiasma. Cette exposition s’inscrit dans le cadre du temps fort Mémoire #2 autour du lien entre mémoire individuelle et mémoire collective. Elle répond à la volonté municipale que les arts visuels investissent le Kiasma et d’entretenir le lien avec la population.
“La pandémie a provoqué un resserrement familial, donc cette thématique des photos de famille s’est imposée d’elle-même”, indique Sylvie Ros-Rouart adjointe à la Culture et à l’Egalité hommes-femmes dans la vie locale.
La danse, la joie à l’état pur
Danser est un condensé de clichés en grand format (exposés à l’étage) datant des années 50 aux années 70 ou 80. On y découvre des enfants dansant dans une cour de récréation, de jeunes mariés interprétant la première danse, mais aussi des personnes en plein Charleston ou danse country ou un vieux couple dansant au son de l’accordéon. Les images délicieusement rétro évoquent une époque oubliée, qui nous revient en mémoire peu à peu.
L’oiseau, frêle créature, fidèle compagnon
Du vent au bout des doigts, remarquable série exposée dans la coursive du Kiasma, y est fort bien accrochée et mise en valeur. L’éclairage, qui nimbe les photographies sans créer de halo lumineux, est parfait. De nombreux clichés sont en noir et blanc, quelques-uns en couleur.
On y découvre des moments de vie au fil d’une centaine de photographies. Comme cette jeune femme timide qui porte son pigeon sur l’épaule, cette jeune fille modèle en robe de dentelle qui exhibe fièrement son perroquet, ou cette femme qui donne la becquée à un oisillon… Un jeune homme facétieux, sosie de Charles Trenet jeune, présente son nez à son perroquet ; un autre, pensif, arbore une perruche sur sa tête. Une corneille apprivoisée picore la boucle d’oreille d’une femme des années cinquante rappelant Edith Piaf.
Le visiteur traverse les époques au fil des images. Pour finir dans les années 1970-80, avec ce jeune tatoué et entouré de peluches, tenant un oiseau sur la main.
Certains clichés, pourtant réalisés par des amateurs, révèlent parfois le talent de leur auteur. En témoigne notamment ce baiser d’une jeune femme à sa perruche devant un miroir. Le miroir révèle ce que le premier plan ne montrait pas. Si la jeune femme au premier plan semblait sage, celle que l’on aperçoit dans le miroir est bien plus femme et séductrice.
L’enfance via une exposition participative
Une trentaine de photographies d’enfants sont exposées au rez-de-chaussée du Kiasma. Envoyées par des particuliers castelnauviens dans le cadre d’un appel à candidatures, elles sont accompagnées au verso d’un texte où l’adulte parle à l’enfant qu’il était. La section “Entre nous” est extrêmement touchante.
Certains y parlent de l’innocence de l’enfance, d’autres des blessures qui viendront plus tard. Et un texte émeut particulièrement : le message d’un père parti à la guerre, que la photo de son petit garçon réconforte sur le front.
A l’issue de cette exposition, les Castelnauviens qui ont contribué à cette exposition repartiront avec leur cliché soigneusement agrandi par le service sérigraphie de la ville.
La place de la photo de famille
Tant de destins s’entrecroisent dans cette exposition. Tant de personnes ont fait ces photos destinées uniquement à leur album de famille, et qui finalement se retrouvent sur les murs du Kiasma. On ressort souvent l’album de famille lors des grandes occasions, pour les 18 ans des enfants. On le parcourt avec joie mais parfois aussi avec nostalgie, la larme à l’œil. Et parfois dans le chagrin le plus total, au décès d’un proche.
Infos pratiques
Exposition visible du mardi au vendredi de 14h à 18h et le samedi matin de 9h à 12h30, jusqu’au 15 juillet, puis du 24 août au 30 septembre 2021.
Le Kiasma – 1, rue de la Crouzette – 34170 Castelnau-le-Lez.
Cette exposition a été montée par Nina Gheeraert sous la supervision de Gabriel Lucas de Leyssac, directeur artistique du Kiasma, et de l’adjointe à la Culture de Castelnau-le-Lez, Sylvie Ros-Rouart.