Cinéma : "Dune", de Denis Villeneuve, une prouesse
Les prophéties le disaient et les signes sont là. Villeneuve est l'élu. On en a tellement rêvé, on l'avait tant espéré. "Dune", enfin, existe. Villeneuve l'a fait.
Une adaptation très fidèle
On le sait, la saga Dune de Franck Herbert est difficile, voire périlleuse à mettre en scène. David Lynch s’y est cassé les dents. Sa profondeur mystique, philosophique, son faux rythme, son côté parfois contemplatif ne sont pas des éléments particulièrement faciles à interpréter en images. Le film réalisé par Denis Villeneuve sublime pourtant le texte sans aucune trahison.
Des maisons opposées, une ambiance mystérieuse
Dans un premier temps pédagogique s’installe avec légèreté l’immense complexité de l’univers. Par des allusions simples, les mécanismes sont décrits et mis en place, rendant l’histoire aisément lisible pour le néophyte.
Les personnages évoluent sur des planètes aux atmosphères complètement opposées. L’une Caladan, où règnent les Atréides, agréable à vivre, avec ses landes de verdure, la proximité de la mer, le vent bienfaisant. L’autre, Arrakis, désertique et à l’atmosphère irrespirable, sauf pour les Fremen, peuple du désert colonisé mais indomptable. Sur cette Dune de sable est cultivée l’épice, une drogue aux pouvoirs mystérieux. Manipulées par la maison Corrino, qui détient le pouvoir, les maisons Harkonnen (emmenée par un baron sanguinaire) et Atréides (conduite par le noble duc Leto) s’opposent sur fond de lutte d’influence.
Le fils du duc, Paul Atréides, détient des pouvoirs insoupçonnés, qui se révéleront dans l’adversité.
Des décors aux lignes cassantes et grises, une musique envoûtante
Denis Villeneuve installe par moments des ambiances lourdes et austères de tragédie grecque, où tout se passe presque par signes, en silence, puis explose dans les tambours qui déchainent la violence. L’esthétisme de certaines scènes rappelle des tableaux de l’histoire de l’art.
Comme un nappage ou un philtre, la musique envoûtante, lancinante, de Hans Zimmer s’insinue entre les images et lie les destins. L’alternance de chants célestes allant parfois jusqu’au cri ethnique souffle le mythe et les lourdes percussions ponctuent l’intensité crescendo du drame.
Une magistrale prouesse.