Clermont-l’Hérault : l’espace Jean Vilar, “futur point de rencontre de ceux qui ne se croisent jamais”
À la sortie du premier Comité de pilotage “Vilar, Espace culturel, social et solidaire”, ce mercredi 10 juillet, les acteurs ont fait le point sur les premières avancées du projet.
Jean Vilar est un ancien couvent qui fut transformé en école avant d’être fermée en urgence en raison de défaillances aux normes d’accessibilité et de sécurité. “Le bâtiment a été occupé jusqu’en 2020, date à laquelle la commission de sécurité, présidée par le sous-préfet de l’époque, a dit que c’était impossible de conserver les enfants là-dedans à quatre jours de la rentrée, se souvient Gérard Bessière. Avant cela, il y avait eu des alertes, il y avait même un ouvrier qui était passé à travers. On s’est retrouvé dans mon bureau, avec le sous-préfet, l’inspectrice de l’éducation nationale, la gendarmerie, la commission pour trouver des solutions pour les 80 gosses concernés”. Les quatre classes de l’établissement avaient ainsi été déplacées dans d’autres écoles de la commune, avant de bénéficier de l’inauguration de la nouvelle école Jean Vilar à la rentrée 2021.
“C’est le principal projet de notre mandat”
Face à cette situation de crise, la municipalité a choisi de rebondir. Au lieu de détruire le bâtiment idéalement situé dans le centre historique de Clermont-l’Hérault, elle a décidé de réaliser les travaux nécessaires pour le restaurer et l’ouvrir au public.
“Le projet Vilar est le principal projet de notre mandat, puisqu’il correspond tout à fait à notre objectif de réhabiliter, de rénover et de dynamiser le cœur de ville, poursuit le maire. Ce centre culturel, solidaire et citoyen sera une sorte de tiers-lieu qui permettra à la population de Clermont et à la population extérieure, d’avoir à leur disposition les principaux services culturels, solidaires et associatifs.”
Sur près de 2 040 m² de surface, et après des échanges avec les acteurs publics, la décision a été prise de créer un pôle socio-culturel et solidaire, un tiers lieu rassemblant une médiathèque, l’école de musique municipale, le CCAS, les bureaux du centre social l’Échappée, un bureau info jeunesse, un point info sur la vie associative, etc. Des aménagements qui seront positionnés autour d’un îlot de fraîcheur : “Nous allons avoir un important travail à faire dans la cour bétonnée qui sera désimperméabilisée et arborée afin qu’elle devienne un lieu de convivialité”.
Visite du site Jean Vilar avec le maire de Clermont-l’Hérault Gérard Bessière
Une enveloppe à 6,4 millions d’euros
Après un appel à candidature, le cabinet d’architecture de Maxime Rouaud et l’agence Traverses ont été retenus pour réaliser ce projet. Afin de concrétiser cette volonté de rassemblement sous un même toit des services à l’écoute des habitants de la commune, un budget de 7,2 millions d’euros TTC a été débloqué, soit 6,4 millions hors taxes. “On est partis sur une bonne trajectoire financière, avec des partenaires qui semblent avoir une réceptivité de bonne loi sur les demandes”, se réjouit le maire avant de lister les collaborateurs clés : “L’État a déjà répondu présent, avec le Fonds Vert, qui attribue une subvention notifiée de 1,2 million d’euros, ce qui est très important. Puis, le reste est couvert par la Ville, le Département, la Région, la Culture, l’Europe aussi, donc tout le monde se rencontre. La commune devra couvrir 24% du financement.”
Les travaux devraient commencer début 2025 pour une livraison estimée à fin 2026. “On est en phase d’élaboration du projet d’exécution, c’est-à-dire que nous préparons l’appel d’offres en visant la rentrée. Puis on entamera la première phase, soit les travaux de ‘nettoyage’. On a besoin de voir ce qu’il y a dessous, ce qui nous attend dans les prochains mois”, indique l’architecte Maxime Rouaud, bien décidé à préserver le caractère unique du bâtiment.
Première tranche d’un projet plus volumineux, cette intervention d’environ 18 mois sera suivie par une deuxième tranche, qui devrait s’étendre sur un autre mandat. Elle aura vocation à traiter l’espace situé au-dessus et derrière la boutique Moncado. “On sait qu’il y a une chapelle derrière, mais on ne sait pas dans quel état elle est, glisse l’architecte Jean-Luc Lauriol de l’agence Traverses. On sait qu’il y a un plancher qui est monté sur deux niveaux, ainsi que des voûtes. Les photos dont nous disposons ne sont pas forcément fiables donc c’est un peu la surprise.”
L’Etat, premier soutien
Pour donner vie à ce lieu “d’expression et d’animation citoyenne”, “point de rencontre de ceux qui ne se croisent jamais”, la municipalité bénéficie aussi du dispositif Quartier Prioritaire de la Ville : “Cet endroit va incarner le dispositif QPV, que nous avons intégré le 1er janvier 2024. C’est important de le signaler, c’est vraiment le projet symbole”, lance Gérard Bessière.
Présente lors du 1er comité de pilotage du projet dit “Vilar”, la secrétaire générale de la sous-préfecture de Lodève, Irène Poutier, bras droit du sous-préfet Éric Suzanne, a tenu à partager la position de l’Etat : “Le préfet François-Xavier Lauch et le sous-préfet de Lodève Eric Suzanne portent une attention particulière à ce projet, et de manière générale au projet de Clermont-l’Hérault. Pourquoi ? Parce que la question de la ruralité est pour eux une priorité et que la commune est une nouvelle entrante en ‘Politique de la ville’.”
Nouveau nom pour une nouvelle vie
Puisque l’artiste sétois Jean Vilar dispose désormais d’un nouveau fronton en héritage, sur la nouvelle et moderne école de la commune, une réflexion est lancée quant au nom que portera ce nouveau lieu de rassemblement. Plutôt que de puiser elle-même dans les livres d’histoire, la municipalité a décidé de lancer une consultation citoyenne pour le trouver.
“Elle sera lancée le 25 juillet prochain, à l’occasion de Croc’Ciné, un événement organisé dans le cadre de l’animation du Quartier Prioritaire de la Ville, détaille Audrey Lureau, directrice du Pôle Culture depuis le 1er juin. On profitera de cette journée pour présenter les projets de la commune, dont celui-ci. Les habitants, quelqu’ils soient pourront proposer leurs idées, il y aura une pré-liste puis un vote. La consultation devrait se poursuivre jusqu’à début octobre et se clôturera avec l’arbitrage final du Conseil municipal.”
Et ceux qui veulent mieux comprendre l’histoire de ce “phoenix de pierre” et son empreinte sur la ville, “une retrospective sera organisé à la bibliothèque Max Rouquette dans le cadre des Journées Européennes du Patrimoine” du 21 septembre.