Connaissez-vous… la légende de Guilhem, du Diable et du chien ?
Au fil des siècles, une légende s'est tissée autour des gorges tumultueuses de l'Hérault, là où les moines de Gellone et d'Aniane, armés de détermination, entreprirent la construction d'un pont pour unir deux rives séparées : celle du Pont du Diable.
Une œuvre infernale
On raconte qu’à l’époque de sa construction, chaque matin, ses bâtisseurs découvraient d’importants sabotages, rendant difficiles les efforts opiniâtres des moines en quête de finalisation.
Rapidement, les suspicions des moines se portèrent sur une force surnaturelle qui se jouait d’eux, entravant leurs travaux nocturnes. Face à pareilles menaces, ils invoquèrent la protection de Guilhem.
L’art de la tromperie
Une nuit, Guilhem décida de s’aventurer seul sur les lieux pour confronter le perturbateur potentiel. Il y découvrit le Diable, habillé en bouc noir, en train de démolir les ouvrages. Une joute verbale s’ensuit, où le trouble-fête avoua son amusement face aux efforts des moines sur Terre.
- “Satan, je t’ai reconnu dans ton ridicule apparat. Pourquoi dévastes-tu ainsi l’ouvrage de mes frères ?”
- “C’est que je n’ai que faire des entreprises de tes chiens de serviteurs sur terre”
- “Satan, plutôt que de nous affronter ici, essayons de régler notre contentieux intelligemment.”
Le Diable accepta le challenge et suggéra de bâtir le pont le plus solide en trois jours, en échange de l’âme du premier être vivant à le traverser. Guilhem, loin d’être impressionné, accepta le marché.
Trois jours et trois nuits s’écoulèrent, et le protecteur de la vallée revint sur les lieux avec ses compagnons. Ils y découvrirent le Diable, satisfait de son ouvrage, en attente de l’âme humaine qu’il avait réclamé. Mais le Malin ignorait la malice de Guilhem, qui sortit un os de sa poche et le lança de l’autre côté du pont. Son chien, fidèle et dévoué, traversa le pont d’un pas assuré. Le Diable, stupéfait par la manœuvre, réalise trop tard qu’il a été dupé.
L’appel des profondeurs
Fou de rage et de déception, le Diable tenta de détruire le pont, mais sa solidité l’en empêcha. Comprenant qu’il ne pourrait se venger, il se jeta dans les eaux de l’Hérault, creusant un gouffre obscur dans sa chute.
À ce jour, en période de crue, les hurlements du Diable semblent surgir des profondeurs du gouffre. Pour apaiser sa colère, les voyageurs et les pèlerins continuent de lancer des pierres dans le fleuve, espérant le maintenir prisonnier au fond des eaux.