Connaissez-vous...la légende des trois pics ?
Selon une croyance populaire remontant au bas Moyen Âge, l'origine des noms des trois monts - Saint-Clair à Sète, Saint-Loup au nord de Montpellier et l'Aigoual dans les Cévennes - se noue dans une histoire mélancolique, celle des trois fils d'un grand seigneur de Saint-Martin de Londres...
Bien que beaux, riches et prometteurs, ils furent ensorcelés par une même femme, une créature de beauté et de vertu répondant au doux nom de Bertrade. Là où se trouve la richesse, les prétendants affluent, et cela ne faisait pas exception. Ainsi, les trois frères rivalisaient pour attirer le regard de Bertrade, chacun avec ses charmes distincts. Guiral, l’aîné, l’attirait par sa gravité et sa puissance. Clair, le cadet, la séduisait par sa légèreté et son insouciance, tandis que Loup, le benjamin, la touchait par sa gentillesse et son dévouement.
Alors que la belle était déchirée entre ces trois prétendants, ses parents prirent position et lui firent savoir qu’elle devait faire un choix. Confrontée à cette décision impossible, Bertrade fit ce que de nombreuses jeunes filles de l’époque auraient fait : elle plaça son destin entre les mains de Dieu. La situation devint intéressante lorsque les nouvelles d’une nouvelle croisade parvinrent à ses oreilles. Dieu sembla avoir une idée lumineuse : pourquoi ne pas envoyer ses soupirants à la croisade pour délivrer Jérusalem, promettant sa main à celui qui accomplirait les actes les plus glorieux ? Ainsi, les trois frères partirent vaillamment pour des terres lointaines, laissant derrière eux une Bertrade impatiente qui filait sa quenouille en attendant leur retour.
Les frères partirent avec l’énergie du désir et combattirent comme des lions. Ils revenaient de leur quête, porteurs de lauriers et de cicatrices, espérant gagner le cœur de leur bien-aimée à leur retour. Mais ce qu’ils trouvèrent, ce fut le deuil. Bertrade était décédée la veille de leur retour, laissant derrière elle trois amoureux éplorés. Dans leur chagrin, les frères décidèrent de se retirer du monde et de mener une vie d’ermites, chacun isolé sur un mont distinct, mais disposés en triangle par rapport à l’endroit où reposait Bertrade. Année après année, à la date anniversaire de sa mort, des feux étaient allumés sur les trois monts, illuminant la nuit de Sète au mont Aigoual et jusqu’au pic Saint-Loup. La mort rattrapa les frères un par un. Les brasiers se réduisirent progressivement, jusqu’à leur disparition. Bertrade et ses amoureux auraient pu être oubliés si ce n’était pour la gratitude et la reconnaissance des villageois. Ainsi, les trois monts reçurent les noms de ces amoureux qui avaient marqué l’histoire et les cœurs de la région.