Consommation : les labels sont-ils fiables ?
Pour choisir leurs produits, les Français, soucieux des impacts de leur consommation alimentaire, s’en réfèrent souvent à des labels. Mais que valent-ils ? Des associations éditent une « boussole » pour repérer les plus loyaux.
Carton rouge pour le Label Rouge
Label Rouge, Max Havelaar, Bleu-Blanc-Cœur… Apposés sur les produits alimentaires, ces labels, qui se veulent rassurants, sont supposés servir de garantie au consommateur. Mais que valent-ils réellement ? L’un des plus célèbres d’entre eux, par exemple, Label Rouge, ne remplit pas ses promesses en termes de production uniquement bio sur la ferme, ni de non utilisation de produits chimiques de synthèse, de l’absence d’OGM, ni de la protection de la biodiversité, d’après « La boussole des labels ». Ce petit guide s’est donné pour objectif l’évaluation des labels. Il a été publié ce 18 mai par les ONG ActionAid France, Fair(e) un monde équitable et Bio Consom’acteurs.
En 2017, déjà, les deux premières avaient publié un premier guide qui passait au crible 7 labels. Cette fois-ci, la liste s’allonge : 18 d’entre eux, souvent bien connus des consommateurs, sont évalués par rapport à leurs promesses en matière de bio, de commerce équitable ou encore, de respect de l’environnement.
Trois couleurs pour des objectifs ciblés
Concrètement, le guide se présente sous la forme d’un tableau. Pour chaque label, différents critères sont évalués. Trois couleurs permettent de visualiser si les objectifs ont été atteints (vert), partiellement (orange), ou non (rouge). Le blanc indique que le critère désigné n’est pas pris en compte. Au total, une trentaine d’entre eux sont détaillés. Par exemple, pour les labels équitables, ce sera le respect des conventions de l’Organisation mondiale du travail ou celui de la traçabilité et de la transparence des filières. Et pour pour les labels bio, sera notamment retenu le critère du « bien-être animal au travers de la limitation des tailles d’élevage et de l’interdiction de l’écornage et de la castration ». La « Boussole des labels » renseigne également le consommateur sur les différents types de labels existants, privés et publics.
Des labels foisonnants
L’objectif de cet opuscule, financièrement soutenu par l’Union Européenne et de l’AFD, Agence française de Développement, consiste à aider les citoyens à faire le tri. Un enjeu loin d’être anodin, car ces outils, qui prolifèrent, répondent à une tendance sociétale de fond et à des habitudes de consommation qui se sont installées. Au supermarché, pour faire leurs choix, 66 % des Français sont attentifs aux certifications des produits, même si un peu plus de la moitié d’entre eux seulement leur font confiance (étude Quantitude/ LSA -2020). A la base, en effet, 84 % des Français se préoccupent de l’impact des produits alimentaires qu’ils consomment sur leur santé, 40 % de leur impact écologique, et 30 % de leur caractère éthique, d’après une enquête Harris Interactive (2017). Une tendance qui explique la multiplication des labels.
En 2013, déjà, sur le seul critère écologique, l’OCDE, Organisation de coopération et de développement économiques, notait un véritable essor du phénomène de la labellisation. A cette date, l’OCDE répertoriait 450 labels écologiques dans plus de 197 pays. Et leur nombre a quintuplé entre 1988 et 2009. Ils sont d’une grande variété : certains sont publics, d’autres promus par des associations sans but lucratif ou par l’industrie ou encore hybride, par exemple, issus d’une collaboration entre l’industrie et une association sans but lucratif.
« En principe, les labels écologiques présentent de nombreux avantages », note l’étude, soulignant, par exemple, le fait qu’ils encouragent les entreprises à adopter des pratiques vertueuses. Toutefois, « la prolifération des labels écologiques est une source de préoccupation. Parfois, trop de choix rend le choix plus difficile, car il devient plus compliqué de comparer les différentes options. Les labels écologiques moins rigoureux ou moins crédibles risquent d’échapper au contrôle minutieux qui permettrait de vérifier leurs allégations ». D’où l’intérêt d’une boussole…