Travaux — Montpellier Méditerranée Métropole

Contournement ouest de Montpellier : un projet de plus en plus plébiscité, mais des ombres écologiques au tableau 

Pour la troisième année consécutive, l’institut IFOP a sondé les habitants de l’ouest montpelliérain sur leur perception du projet de Contournement Ouest de Montpellier (COM). 

Destiné à désengorger les routes et améliorer la mobilité dans cette partie de la métropole, le projet bénéficie d’un soutien public grandissant. Cependant, des inquiétudes persistent quant à son impact environnemental et ses effets à long terme sur la transition écologique.

Un soutien en progression

Selon l’enquête réalisée en septembre 2024 auprès de 809 habitants des quartiers ouest de Montpellier et des communes avoisinantes, 87 % des sondés se disent favorables au COM. Ce chiffre marque une progression de 1 point par rapport à 2023 et de 4 points par rapport à 2022. L’étude révèle également que 77 % des habitants jugent la circulation dans cette zone “difficile”. Cette adhésion majoritaire s’explique par la perception positive de l’utilité du projet. En effet, 92 % des sondés jugent le COM “utile” et 89 % le considèrent comme “nécessaire”. De plus, 70 % des répondants souhaitent que “la mise en service se fasse d’ici à cinq ans”. 

Les enjeux pour la mobilité

Déclaré d’utilité publique en 2021, le COM tend à fluidifier la circulation en réaménageant un tronçon de 6 km entre Juvignac et Saint-Jean-de-Védas, reliant les autoroutes A750 et A709. L’objectif est de réduire les flux de trafic dans les communes de la première couronne de Montpellier et de mieux desservir l’ouest montpelliérain, tout en réorganisant la voirie locale.

L’une des caractéristiques majeures du projet est l’intégration de voies réservées aux bus à haut niveau de service (BHNS), notamment pour la future ligne 4 du Bustram. Ces aménagements devraient améliorer les connexions intermodales, en lien avec les lignes de tramway existantes (lignes 1, 2, 3 et 5). Le COM s’inscrit également dans la stratégie régionale de transport, notamment via le futur Service Express Régional Métropolitain (Serm), qui reliera Clermont-l’Hérault à la gare Sud de France.

Sur le plan financier, le COM a franchi une étape importante en décembre 2023 avec la validation des modalités de financement par le Conseil d’État. Cette décision a levé les derniers obstacles juridiques après le rejet d’un recours par le Tribunal administratif de Montpellier, garantissant que le projet ne sera pas financé par les contribuables de la Métropole.

Vers un faux pas environnemental ? 

Cependant, des voix discordantes se font entendre. Le Shift Project, un think tank spécialisé dans la décarbonation de l’économie, a soulevé des questions concernant l’impact du COM sur les émissions de carbone de la métropole. Selon les Shifters, un groupe local affilié au Shift Project, la mise en service du COM pourrait annuler une grande partie des bénéfices des politiques locales en matière de réduction des émissions de CO2.

“Si la trajectoire de l’étude d’impact du COM était suivie, l’ambition de neutralité carbone de la métropole serait hors d’atteinte, car les émissions des transports représenteraient à elles seules cinq fois le budget CO2 de la métropole en 2050”, avertissent-ils. L’étude critique notamment l’incohérence de certaines projections, qui prévoient à la fois une augmentation de la consommation de carburant et une diminution des émissions de CO2. Cette contradiction est jugée “entachée de fortes incertitudes” par l’Autorité environnementale, un organisme d’État chargé d’évaluer l’impact des grands projets.

Graphique comparant les trajectoires d’émission de gaz à effet de serre issues de l’étude d’impact du COM et du PCAET de la métropole de Montpellier ©The Shifters
Graphique comparant les trajectoires d’émission de gaz à effet de serre issues de l’étude d’impact du COM et du PCAET de la métropole de Montpellier ©The Shifters

Par ailleurs, l’analyse souligne que l’étude d’impact initiale n’a pas pris en compte le phénomène de trafic induit — l’augmentation du nombre de véhicules due à l’amélioration des infrastructures routières —, ce qui conduit selon les Shifters à une sous-estimation des émissions de CO2 et des polluants atmosphériques comme les particules fines ou les oxydes d’azote. Ils plaident ainsi pour une nouvelle étude d’impact plus rigoureuse et une réflexion sur des alternatives moins coûteuses en termes d’émissions, comme le développement des transports en commun ou des infrastructures cyclables. Selon eux, “une fluidification de l’ouest montpelliérain par une baisse de trafic est possible en réservant des voies dédiées aux transports en commun et au covoiturage, et en développant un maillage cyclable permettant des trajets sécurisés, sans réaliser d’aménagement augmentant la capacité routière”. 

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