Sports — Cournonterral

Cournonterral : 14e Masters Tambourin, " un sport d’équipe unique où le travail collectif est primordial"

Descendant du jeu de paume, patrimoine languedocien, sport traditionnel de l’Hérault, le jeu de balle au tambourin jouera une de ses plus belles parties de l’année du 30 juillet au 1er août lors des Masters Tambourin.

En amont de cette 14e édition, qui verra les terrains Max Rouquette pris d’assault par les pratiquants, les supporters et les curieux, Nicolas Terme, vice-président du Tambourin Club Cournonterralais, est revenu sur l’identité de ce sport et les obstacles qui se posent parfois à lui.

Le b.a-balle

Mais avant de commencer, qu’est-ce que le jeu de tambourin ? Issu du jeu de paume médiéval, le jeu de tambourin se joue sur un terrain rectangulaire sans filet, avec deux équipes de cinq joueurs qui frappent une balle en caoutchouc à l’aide de tambourins, ou tambornet (voir lexique ci-dessous). L’objectif est clair : marquer des points en envoyant la balle dans le camp adverse. Très populaire dans les villages de l’Hérault, le jeu a son terrain au cœur de plusieurs centres animés, comme à Vendémian, Cazouls d’Hérault et bien entendu Cournonterral. C’est là que depuis de nombreuses années, la Métropole co-organise avec le Tambourin Club Cournonterralais les Masters Tambourin. En 2024, c’est du 30 juillet au 1er août que les équipes venues de toute la France rivaliseront d’adresse pour décrocher le titre. Puis le volet festif digne des grandes fêtes de village prendra place.

L’entretien

Nicolas Terme se décrit comme “un homme de l’ombre” qui “n’a jamais été un grand joueur”, mais ce local de l’étape fait partie de la belle équipe qui continue de porter à bout de bras “ce sport de copains” menacé de disparition.

Nicolas Terme ©DR
Nicolas Terme ©DR

Qu’est-ce qui est nécessaire pour être un “bon joueur” de tambourin ?

Nicolas Terme : Il faut de l’adresse, du physique et de la force. C’est souvent décrit comme du tennis avec un tambourin, mais c’est un jeu d’équipe. Contrairement au tennis individuel, où l’on gagne la balle seul, au tambourin, il s’agit de 5 contre 5. En plus, le classement ne fonctionne pas pareil car dans le tambourin, il y a la Nationale 1 est le plus élevé, suivi de la Nationale 2, puis des ligues et des équipes départementales, de 1 à 3.

Et pour former une bonne équipe ?

N.T : Il est essentiel d’avoir des joueurs avec des compétences variées. La composition idéale comprend deux joueurs au fond du terrain, un joueur au milieu qu’on appelle “le tiers”, et deux joueurs devant la ligne médiane qu’on appelle “des cordiers”. L’idéal est d’avoir sur le fond un joueur patient qui sait “tenir la balle”, c’est-à-dire les échanges, et à côté de lui, un autre plus incisif pour “rentrer dans la balle” ou taper. La complémentarité est indispensable.

Est-ce que ce sport est en voie de disparition ?

N.T : Nous avons des difficultés à recruter. Le tambourin est souvent considéré comme un sport de deuxième choix, surtout chez les enfants. Beaucoup préfèrent le football ou le basket, et si le temps le permet, ils viennent au tambourin. Nous devons passer par les écoles pour développer notre sport, mais nous restons trop méconnus. Il faut qu’ils viennent essayer, car c’est un sport d’équipe unique où le travail collectif est primordial. Ce qui est beau avec le tambourin, c’est que vous allez jouer seul, mais que le succès dépendra de votre préparation et de votre stratégie en équipe.

Qu’est-ce qui freine selon vous l’essor de la pratique ?

N.T : En France, comme ailleurs, la Fédération de tambourin souffre d’un manque de médiatisation et de reconnaissance, ce qui limite son rayonnement et son attractivité. Si on ajoute à ça les ressources financières insuffisantes, tout est fait pour freiner l’évolution de sa visibilité. À noter d’ailleurs, que les joueurs de tambourin français sont tous bénévoles. Côté financement, nos ressources proviennent de partenaires privés qui soutiennent le tambourin, principalement des petites entreprises locales. Nous avons aussi le soutien des institutions publiques, telles que le département, la Région et la Métropole, sous la forme de subventions financières qui aident en partie à faire fonctionner les clubs et à organiser des événements.

Est-ce que l’accessibilité du jeu ne serait pas un autre facteur ?

N.T : C’est vrai qu’en France, il existe qu’une seule fabrique de tambourins, située à Gignac, où se trouve également le siège de la Fédération française de tambourin. Ce fabricant, qui est aussi salarié de la Fédération, produit environ 10 000 tambourins par an. La Fédération a tenté d’introduire le tambourin dans des grandes surfaces comme Décathlon ou Intersport, mais ça n’a pas abouti. Et alors qu’on pourrait associer le tambourin à la plage l’été, c’est le prix qui refroidit un peu. Si on compte deux tambourins à 18€ chacun plus une balle, c’est un coup que les vacanciers ne veulent pas dépenser pour une activité ponctuelle. C’est aussi pour ça que les touristes ne sont pas nos premières cibles. Mais ce serait génial s’ils pouvaient assister à un match ou voir à quoi ressemble un tambourin. Si on n’en fait pas des joueurs, au moins, on fera parler de nous.

C’est donc sur l’événementiel, notamment avec les Masters Tambourin, que vous misez..

N.T : Tout à fait, ce sont des rencontres amicales avec des joueurs de talents et des amateurs organisées de manière à ce que les festivités, l’ambiance et la programmation attirent tout le monde, y compris ceux qui ne connaissent pas la discipline. Si nous le faisons à Cournonterral, c’est parce que c’est le club local qui a créé cet événement. Cournonterral ayant obtenu d’excellents résultats ces dernières années, le partenariat avec la Métropole de Montpellier a été solidifié.

Tambourin ©DR
Tambourin ©DR

Cette 14e édition des Masters Tambourin se distingue des événements précédents par son format sur trois jours. Les Masters de tambourin à Cournonterral se distinguent par une programmation variée, débutant à 16h30. Les premiers matchs sont consacrés aux équipes jeunes et aux équipes de niveau moyen. Les équipes de France moins de 16 ans et les équipes féminines moins de 18 ans marquent aussi l’événement avec des confrontations contre des sélections de joueurs de niveau intermédiaire. Vers 19h, chaque soir, un intermède festif est prévu avec un apéritif musical. Cette année, l’événement sera animé par une pena locale en mode banda, ainsi que par Ricoune et DJ Cassou. On est un peu chauvin chez nous !

Comment se passe les derniers jours d’organisation ?

N.T : Nous avons quelques incertitudes en lien avec la présence de plusieurs joueurs italiens. Les équipes italiennes étant semi-professionnelles et en pleine saison, les joueurs préfèrent parfois ne pas se déplacer pour un tournoi amical qui ne compte pas pour le classement officiel. Nous essayons d’ailleurs d’organiser l’événement en milieu de semaine pour ne pas interférer avec les championnats en cours, tant en France qu’en Italie.

Preuve que le tambourin est loin d’être uniquement français…

N.T : Oui, le tambourin n’est pas exclusivement pratiqué en France, il s’exporte. En plus de l’Italie, où il est bien établi, le sport se pratique en Écosse, au Maroc, et commence à se développer en Belgique. Une particularité notable est que dans ces pays, le tambourin est souvent joué en salle, car les gymnases sont plus répandus et accessibles que les terrains extérieurs nécessaires pour le jeu traditionnel. À l’inverse, au Bénin, cela se joue principalement en extérieur. C’est toujours intéressant de voir comment les pays l’ont traduit chez eux.

Lexique occitan du tambornet par Max Rouquette

Alandar : faire voler la balle très haut.
Aquet : moitié du terrain qui fait face à la batterie.
Aquetar : reprendre la balle venue du battoir.
Arescle : cercle de lamelles concentriques en bois de mûrier qui constitue l’armature sur laquelle est tendue et clouée la peau parcheminée.
Aterrar : faire courir la balle sur le sol.
Bassa : ligne médiane des cinquante mètres ; se dit aussi d’une balle qui, à la mise en jeu par le batteur ne franchit pas cette ligne.
Bateure : battoir; batteur.
Ceuclar : se dit d’une balle qui dévie dans sa course en décrivant une courbe sur un plan horizontal
Clavels : clous: les clous de fer, fines pointes ; les clous de cuivre à tête large et arrondie servant à fixer les lanières de cuir de couleur.
Clausa : se dit d’une balle qui franchit la ligne de fond adverse; se dit aussi de cette ligne.
Corda : ligne des joueurs d’avant. Ils sont trois.
Cordiers : joueurs d’avant. Celui du milieu porte le nom de tiers.
Crosar : jouer en diagonale.
Dalhar : littéralement « faucher » se dit du joueur qui, par un geste de faucheur, envoie la balle en faute du côté opposé à la main qui joue.
Desclavetat : se dit du tambourin dont la peau cesse d’être tendue par le relâchement des clous ou déchirure des bords de la peau.
Detibat : détendu, se dit d’une peau insuffisamment tendue ou détendue par l’humidité de l’atmosphère
Fanabregon : micocoulier ou alisier sont les arbustes qui fournissent les manches légèrement flexibles des battoirs.
Freta : nom de la muraille qui fermait un des grands côtés du terrain et dont l’action sur les balles était admise à une certaine époque.
Jaça : emplacement marquant l’arrêt d’une balle après son premier bond ; ou son point de sortie du jeu, quand elle ne peut plus être rejouée.
Joc : jeu, nom du terrain; du jeu dans son ensemble. C’est aussi le cri du batteur lorsque, après les balles d’essai auxquelles il a droit, il annonce que la balle qu’il va lancer comptera pour la partie.
Marca : bâton de couleur servant à indiquer l’emplacement d’une jaça.
Marcaire : marqueur, celui qui jalonne les jaçes ou chasses
Pauma : balle
Pelh : désigne ici la peau de chèvre parcheminée
Riban : lanières de cuir rouge, vertes ou bleues servant à cacher les bords de la peau et ornementer le tambourin.
Tambornet : désigne à la fois l’instrument de jeu et le sport qu’il désigne

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