Crise du médico-social : deux salles, deux ambiances au Corum de Montpellier
Après un arrêt devant l’Hôtel du Département ce jeudi midi, les manifestants ont convergé en début d’après-midi vers le Corum de Montpellier. À l’intérieur, l’Unapei34 réunissait ses salariés pour esquisser les projets à venir. À l’extérieur, une tout autre scène se jouait : sous les drapeaux rouges de la CGT, des éducateurs spécialisés, aides-soignants et travailleurs sociaux de plusieurs associations dénonçaient des conditions de travail qu’ils jugent “insoutenables”.
Deux salles, deux ambiances. Et des revendications qui résonnent fort, même si, à l’intérieur, l’Unapei déplore que les efforts consentis soient passés sous silence.
“On soigne l’humain, on sacrifie les accompagnants”
Il est 14 heures et, devant le Corum, les slogans fusent : “183 euros pour tous, pas pour eux !”, “Management violent, dignité absente”, ou encore “On ne sauvera pas l’humain avec des miettes”. Les travailleurs se disent à bout de souffle.
Le rassemblement, organisé par la CGT Action Sociale Est Hérault, cristallise la colère d’un secteur en crise. En cause : l’annonce de l’arrêt du financement “Ségur Pour Tous” dès janvier 2025, privant des milliers de travailleurs médico-sociaux de la revalorisation salariale de 183 euros obtenue quelques mois plus tôt. “C’était déjà insuffisant, mais au moins, on voyait une reconnaissance de notre travail. Maintenant, on nous l’enlève. C’est humiliant”, s’indigne une éducatrice spécialisée.
Un secteur en souffrance
Pour les manifestants, cette suppression est la goutte d’eau qui fait déborder un vase déjà trop plein. Faibles rémunérations, sous-effectifs chroniques, pressions managériales : les récits dressent un tableau sombre de leur quotidien.
Face à ce qu’ils considèrent comme “une destruction progressive du secteur”, les manifestants formulent des revendications claires :
- maintien des 183 euros du Ségur pour tous, y compris les apprentis
- augmentations salariales significatives via une revalorisation des points indiciaires et des primes pour les bas salaires
- amélioration des conditions de travail, notamment en mettant fin aux pratiques de management violent et en garantissant des locaux salubres
- plus d’équité dans les négociations collectives, pour assurer une juste reconnaissance des efforts consentis par les équipes sur le terrain.
“On ne demande pas des privilèges, juste la possibilité de faire notre travail dignement, pour nous et pour les usagers qu’on accompagne”, résume Gérald Verrier, moniteur éducateur et militant au sein de la CGT Action sociale 34.
L’Unapei 34 face aux revendications
À l’intérieur du Corum, derrière les lourdes portes de la salle Pasteur, les responsables de l’Unapei34 regrettent que les efforts déployés par l’association, interpellée aujourd’hui au même titre que toutes les structures du secteur médico-social (Association 2Choses Lune, Adages, Compagnons de Maguelone…), soient oubliés dans les discussions.
Jean-Michel Roche, directeur général adjoint de l’Unapei34, partage sa frustration face à une situation complexe : “On a su rebondir, même s’il y a des incertitudes.” Conscient des limites imposées par un système rigide, il reconnaît les difficultés : “L’inflation augmente plus vite que la tarification, ça c’est une vérité. La convention du secteur n’est plus du tout adaptée pour nos salariés, pour nos fonctionnements, pour nos grilles de rémunération. On est en attente d’une nouvelle convention qui soit beaucoup plus adaptée et bénéficiera forcément aux salariés que nous accueillons aujourd’hui.”