Décès de Jean-Luc Godard : la Nouvelle Vague perd son enfant prodige
Symbole du cinéma français et du mouvement de la Nouvelle Vague, qu’il incarnait avec fierté et passion, le réalisateur franco-suisse s’est éteint ce mardi 13 septembre, à l’âge de 91 ans.
Avec près de soixante ans de carrière et plus de cent films réalisés, le cinéaste à marquer de son empreinte le 7e art, bousculant sans cesse les codes et ceux qui tentaient de les imposer.
S’emparer de la réalité
Crise de couple, avènement de la jeunesse, deuil, sont autant de thématiques que le cinéaste s’est empressé de transposer à l’écran, dirigeant au cours de sa carrière les plus grands comédiens pour leur donner vie : Jean-Claude Belmondo, Yves Montand, Jane Fonda…
Le réalisateur a laissé son génie et son instinct opéré, alternant les calembours, la chanson et les épisodes de révoltes. La richesse de ses langages, rythmés par un montage et des plans saisissants, a permis au cinéaste de s’attaquer à des sujets qui lui tenait à cœur tout au long de sa carrière, et ceux depuis ses débuts : Une femme est une femme (1961), Bande à part (1964), Masculin féminin (1966)…
La révolte de l’âme
Ouvertement militant, Jean-Luc Godard n’a eu de cesse de s’exprimer dans ses œuvres et dans la presse, s’associant publiquement aux causes défendues par les « groupes Medvedkine » en 1967 ou les étudiants en mai 1968. Des prises de position courageuses, estimées dérangeantes par certains, qui ont parfois mis le réalisateur au rang de paria et de bloquer la diffusion de ses films.
Lors d’un entretien aux Cahiers du cinéma en 2019, il avait expliqué avec recul : “Je suis pour la désobéissance, mais je reste dans le cinéma, avait expliqué Jean-Luc Godard lors d’un entretien aux Cahiers du cinéma en 2019. J’ai cru à un moment pouvoir me mêler des affaires du monde. Quand Anne-Marie Miéville m’engueule, elle me dit : “Va dans le monde faire ta révolution, et puis pas de café aujourd’hui !””.
“Fatigué”, l’enfant turbulent du cinéma a porté un dernier engagement au moment de s’éteindre : celui de mourir dans la dignité. Des proches du cinéastes ont confirmé au journal Libération cet après-midi que le réalisateur, âgé de 91 ans au moment de son décès, avait eu recours au suicide assisté en Suisse, où il résidait depuis les années 1970.
Enfant chéri du cinéma
Aujourd’hui, à l’heure de dire un “au revoir” définitif à l’artiste, la nostalgie laisse un goût amer. Fort heureusement, ses œuvres, immortelles, subsistent. Elles nous rappellent que l’homme, avec son tempérament et ses prises de position, à bouleverser le 7e art et les courants de pensée de ces soixante dernières années. Qu’il s’en va après avoir livré de nombreux combats. Qu’il s’est éteint après avoir bien veillé…