Des vacances à vélo ! C’est possible.
Sans opposer l’une à l’autre, la voiture est le symbole de la réussite sociale, de la liberté, de l’autonomie, de la puissance. La petite reine semble encore engluée dans une partie de son histoire : être l’emblème d’une classe ouvrière qui va au boulot.
La phase prolo du vélo reste plus ancrée dans les esprits, que sa période aristo du 19e siècle, où la bicyclette était une distraction mondaine pour les riches. En France, au 21e siècle, elle entrerait aujourd’hui dans son cycle bobo subventionné, tout aussi sectaire, avant peut-être de s’imposer à tous, comme une « vélorution », pour le bien-être de chacun, et la sauvegarde de la planète.
Il existe désormais une mutation. Les gens commencent à devenir « des cyclistes à part entière. » Pour Nicolas Le Moigne, président de Vélocité Grand Montpellier, « le vélo a été pendant longtemps, un objet sportif, un objet de loisirs, aujourd’hui on s’aperçoit que c’est un élément indispensable pour participer à l’ère du développement durable. La bicyclette commence à remplacer dans le quotidien, l’usage de la voiture. »
« Les robots de l’aube »
Entre la chaleur directe du soleil et la transpiration, ou le froid, la pluie et l’humidité, il est difficile de concurrencer le confort d’un SUV* soit climatisé, soit chauffé à souhait. Transpirer ou être mouillé, voire glacé, Elijah Baley, le personnage créé par Isaac Asimov, exprime cette crainte ancestrale : « c’était ça l’ennui, avec l’Extérieur. On vacillait sans cesse entre deux possibilités désagréables. » Dans le roman « Les robots de l’aube » la température et l’humidité de la Ville-bulle sont parfaitement contrôlées, « on ne transpire jamais, à moins de le vouloir. » Exactement comme avec les automobiles d’aujourd’hui.
5 millions de cyclistes au quotidien
L’Union Sport et Cycle, principale fédération professionnelle des entreprises du sport et du cycle, soit 1400 entreprises adhérentes, porte et réalise l’Observatoire du Cycle. Vente, entretien, assurances, équipements : selon les données de cet observatoire, le marché du vélo est dans une dynamique exponentielle, avec un chiffre d’affaires qui dépasse 3,4 milliards d’euros et avec plus de 2,7 millions de vélos vendus en 2021, contre 1,6 million de voitures particulières neuves, la même année. La France compte à ce jour, 5 millions de cyclistes au quotidien.
Olivier Schneider, président de la FUB, fédération française des usagers de la bicyclette, prévient : « aujourd’hui, c’est l’urgence ! Il faut changer l’imaginaire. Et une fois que l’on aura changé l’imaginaire, on trouvera les solutions techniques.* » Changer d’idéal ! Oui. Mais qui décide de cet idéal ? Le marché ? Le mystère de l’offre et de la demande, un marché agité, faible, hésitant, résistant, actif ! Le vélo, deviendra-t-il incontournable dans l’après tout-voiture ? Au cours des cinq dernières années, il s’est vendu plus de 12 millions de vélos neufs. Et selon une étude SDES-Insee*, de 2019 : en moyenne, les trajets à vélo sont de 3,4 km et durent 19 minutes. Au-delà de 12 km, le vélo n’est que rarement utilisé. Pourtant, le vélo est un mode de déplacement relativement peu onéreux, et bénéfique pour la santé et l’environnement.
Des vacances, à vélo ! C’est possible. Plein air assuré, et contact avec la Nature retrouvé. Voilà pour l’ambiance ! Avec le développement des itinéraires cyclables, tout le monde peut partir en voyage à vélo, des jeunes retraités, aux jeunes aventuriers en passant par les familles avec enfants. Le cyclotourisme permet à chacun de trouver son rythme. Les destinations sont nombreuses et riches de sensations. Quelques exemples : Des plages de l’Atlantique à celles de la Méditerranée, il y a « le canal des deux mers », ou plus simple « la Véloccitanie », et à tester aussi « l’Avenue Verte London-Paris » un itinéraire vélo, avec une liaison ferry Dieppe-Newhaven.
Le choix du vélo de voyage
Il peut être difficile de savoir par quoi commencer, lorsque l’on se prépare pour une randonnée ou des vacances complètes à bicyclette. Le choix du vélo est un moment important et il faut bien garder à l’esprit la possibilité d’ajouter un maximum de rangements.
Le vélo de route, pour faire simple, celui du tour de France, n’est pas le vélo le plus adapté avec sa position de pilotage, et ses pneus assez fins. Il faut certainement lui préférer le gravel. Même look, mais avec une âme de baroudeur. Confortable sur de longues distances, avec une posture moins contraignante que le vélo du coureur cycliste. L’asphalte et les sentiers s’avaleront sans difficulté. Moins sportif, plus stable et plus confortable, c’est le vélo de randonnée ou vélo de trekking. Équipé de porte-bagages et d’un éclairage efficace, avec de belles sacoches, ce modèle vous emmène partout. Et le VAE ? Évidemment, on peut opter pour un modèle de vélo avec une assistance électrique, il permet de répartir ses efforts lorsqu’on doit enchaîner plusieurs journées de route, sans de longues étapes de repos. C’est aussi le parfait compromis pour transporter des charges lourdes.
Le bikepacking, une affaire d’aventurier
Le bikepacking, une nouvelle façon de voyager en autonomie complète. Le principe est simple : ne prendre que le strict nécessaire. Donc pas de porte-bagages, mais des sacoches accrochées au cadre des vélos de type VTT ou gravel. Et tout devient possible, pour traverser le monde, un pays, une région, en alliant sport, vitesse et aventure. Ce nouveau mode de voyage fait de plus en plus d’adeptes à en croire le succès du hashtag #bikepacking très en vogue sur Twitter, Instagram ou Facebook.
Pour faire du sport, pour ses loisirs, pour ses voyages ou pour ses recherches, comme son périple Montpellier-Rennes, une diagonale rurale de 800 km, pour rejoindre le 23e Congrès de la FUB, Artur Rainho membre du CA de Vélocité Grand Montpellier est un habitué des longues distances en autonomie, il explique : « quand on bifurque sur les chemins, les pistes, la forêt, ou la montagne, cela demande beaucoup plus de préparation et cela exige de savoir lâcher prise… Là oui, on entre vraiment dans une relation avec la Nature. » Le tracé se pense et se prépare plusieurs semaines à l’avance, « il est plutôt de l’ordre topographique assez fin, avec une carte de 25 millièmes. » Puis il précise concernant l’équipement : « avec un vélo qui pèse 10 kg, je vais emporter 8 à 10 kg de bagages, nourriture et eau, avec un abri qui s’apparente à une tente ultra légère, un tapis de sol, un matelas gonflable, un sac de couchage. » Le bikepacking prône le voyage ultra léger et aventurier. Artur Rainho en est un expert et un passionné.
Plan climat, « roulons plus propre »
Du brevet de la draisienne, en 1818, en passant par l’année 1868 avec le serrurier Pierre Michaux qui met au point le vélocipède à pédales, jusqu’aux frères Michelin en 1888 qui perfectionnent le pneumatique de John Dunlop. Des roues en bois aux roues à rayons métalliques, ce siècle aura vu la naissance d’un compagnon qui permettra peut-être aux bipèdes que nous sommes de se réconcilier avec sa planète, et de s’inscrire à nouveau dans l’équilibre de la biodiversité.
Dans le prolongement du Plan Vélo et Mobilités Actives, annoncé par la Première ministre le 20 septembre 2022, le ministre de la Transition écologique, et le ministre délégué chargé des Transports annoncent la reconduction et le renforcement des aides à l’achat de vélos pour 2023. Avec le Plan climat, « roulons plus propre », la prime à la conversion des véhicules, et le bonus écologique 2023, le gouvernement souhaite encourager les changements de comportements vers une mobilité dite, « propre ».
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* SUV : Sport Utility Vehicule
* 23e congrès de la FUB interview d’Olivier Schneider par Artur Rainho.
* Le SDES (service des données et études statistiques) est l’un des 16 services statistiques ministériels qui constituent avec l’Insee, le service statistique public.