Disparition de Magali Blandin : les aveux de son mari et la découverte du corps
Magali Blandin, âgée de 42 ans et mère de 4 enfants, a été retrouvée morte le vendredi 19 mars dans la forêt de Boisgervilly, près de Rennes, plus d’un mois après sa disparition. Cette découverte succède à l’interpellation de son mari, Jérôme G., qui a reconnu en garde à vue le meurtre de son épouse le 11 février dernier.
Le mystère autour de Magali Blandin s’éclaircit. Le procureur de la République de Rennes, Phillipe Astruc, a annoncé lors d’une conférence de presse, le samedi 20 mars, la découverte du corps de la mère de famille dans la nuit de vendredi à samedi à Boisgervilly dans le département d’Ille-et-Vilaine. Cette opération relève de la coopération du mari de la défunte, Jérôme G., qui a avoué le meurtre à la suite de son interpellation le jeudi 18 mars. Selon un communiqué du procureur de la République de Rennes, il a également été mis en examen pour « meurtre par conjoint » et placé en détention provisoire.
Des faits sordides
Ces recherches ouvertes par le parquet de Rennes dès le 15 février aboutissent plus d’un mois après la disparition de la quadragénaire. Son mari, âgé de 45 ans, confesse avoir attendu sa femme dans l’escalier de son immeuble de Monfort-sur-Meu le matin du 11 février dernier. Il lui aurait ensuite assené deux coups de batte de base-ball qui ont provoqué sa mort et aurait rentré le corps sans vie dans l’appartement. Il serait revenu la nuit suivante pour récupérer le corps et effacer les traces du crime avant de l’enterrer dans la forêt de Boisgervilly, au fond d’un trou recouvert de chaux vive.
Au cours de sa garde à vue du jeudi 18 mars, il a déclaré en présence de son avocat, Jean-Guillaume Le Mintier, « être l’auteur du meurtre prémédité de son épouse ». Une autopsie a été réalisée le lundi 22 mars, mais le procureur de la République s’est refusé à tout commentaire. Les obsèques de la victime se sont déroulées le jeudi 25 mars en l’église de Bain-de-Bretagne. Par ailleurs, les parents du mari ont été aussi placés en garde à vue et mis en examen pour « complicité de meurtre par conjoint ». Quant aux 4 enfants du couple (âgés de 4, 7, 12 et 14 ans), ils ont été amenés en urgence dans des lieux gardés secrets et sont actuellement « pris en charge par une équipe médico-sociale afin de leur annoncer le dénouement tragique » de cette affaire, a précisé Phillipe Astruc.
La séparation du couple, élément déclencheur
Cet homicide serait dû, en partie, au départ de Magali Blandin du domicile en septembre 2020. En effet, les époux étaient en instance de divorce, ce qui a laissé l’homme de 45 ans « dans une impasse psychologique » a expliqué son avocat, Jean-Guillaume Le Mintier. « Il voit la famille comme un édifice. Vous avez les quatre piliers que sont les enfants et le pilier principal, sa femme. Au moment où ce pilier disparaît, c’est tout qui s’effondre », a-t-il ajouté. De plus, la crainte de perdre la garde de ses enfants en vue d’une audience, prévue le 8 mars, devant le juge des affaires familiales, aurait grandement influé sur ses motivations.
Des complices escrocs
Jérôme G. aurait donc fait appel, en premier lieu, à des relations géorgiennes, dont certaines à qui il louait un hangar. Ce « complot criminel » se serait amorcé dès novembre 2020 : le commanditaire aurait versé la somme de 20.000 euros aux exécutants pour éliminer Magali Blandin. Cependant, ces derniers l’auraient escroqué par la suite, forçant l’époux à agir seul. En outre, ils posséderaient un moyen de pression contre l’époux car « certains Géorgiens, disposant d’un enregistrement du mari où il déclarait son intention de tuer sa femme, ont exercé sur lui un chantage en l’invitant à leur remettre 15 000 euros en échange de leur silence », selon Phillipe Astruc.
Trois suspects – deux hommes et une femme – d’origine géorgienne ont été mis en examen dans la soirée du jeudi 18 mars pour « tentative d’extorsion en bande organisée ». Les deux hommes ont été placés en détention provisoire. Un voisin géorgien du mari doit également être mis en examen. Ces récents éléments d’enquête rendent désormais le dossier plus complexe puisque « ce crime, qui s’inscrit dans la triste liste des homicides conjugaux, trouve sa spécificité dans son inscription dans une bande », a retenu le procureur de la République de Rennes.
Une nouvelle affaire relative aux féminicides
Néanmoins, cet homicide fait tristement parler de lui puisqu’il s’inscrit dans la lignée des féminicides. Selon la définition de la Commission générale de terminologie et de néologie intégrée au Vocabulaire du droit et des sciences humaines en 2014, le féminicide est perçu comme « l’homicide d’une femme, d’une jeune fille ou d’un enfant en raison de son sexe ». Le meurtre prémédité de Magali Blandin rentre donc dans cette catégorie.
Une enquête approfondie de l’inspection générale de la justice rendue en 2019 recense 88 dossiers criminels, concernant un féminicide ou une tentative, qui ont donné lieu à un procès en cour d’assises entre 2015 et 2017. Ce rapport met en surtout la lumière sur l’inefficacité de la réponse judiciaire face aux victimes de violences conjugales. En effet, 41% des 88 homicides conjugaux et tentatives avaient été signalés à la police ou à la gendarmerie, mais dans 80% des cas leur plainte a été classée sans suite. Cette statistique est très criante dans l’affaire Magali Blandin en raison d’une plainte déposée pour violences conjugales en septembre 2020, même si elle reconnait « avoir pu elle-même se montrer violente ». Cette plainte sera classée sans suite.
En droit pénal, le terme de féminicide n’est pas considéré, car une nette partie de la doctrine estime qu’il n’est pas pertinent. Actuellement, un crime ou un délit contre une personne est aggravé s’il est commis à raison de son sexe ou de son genre (article 132-77 du Code pénal). Ancrer plus profondément le concept de féminicide dans le code pénal pourrait entrainer certains inconvénients comme « celui d’entériner en droit la catégorisation des femmes comme victimes des hommes », ce qui contribuerait à affermir le sexisme dans l’ordre judiciaire français, selon l’ancienne député LREM Fiona Lazaar.
Pourtant, elle soutient dans un rapport de la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée nationale qu’elle a déposé début 2020, la diffusion du terme féminicide. Selon elle, cet emploi « utile et pertinent […] permet de nommer un phénomène de société qui nécessite des réponses spécifiquement adaptées ». Elle souhaite également que son usage « soit encouragé en France afin de reconnaître le caractère spécifique et systémique de ces crimes et ainsi de mieux nommer ces réalités intolérables pour mieux y mettre un terme ».