Disparition des paillotes à La Grande Motte, explications avec Stéphan Rossignol
Tout savoir sur la disparition des paillotes ! Stéphan Rossignol, maire de La Grande Motte et Président de l’agglomération du Pays de l’Or souligne : « je rappelle que ces établissements existaient aussi avec la tolérance de l'État ! »
Paillotes, quèsaco ? Parasols, transats, musique, restauration, douches, toilettes, ce sont des plages privées ou plages aménagées, elles marquent à leur façon le retour de la période des vacances d’été, des soirées, du farniente en bord de mer et de la convivialité. Généralement, elles ouvrent leurs portes dès le mois d’avril… Cette année sur la plage du Grand Travers c’est « niet ! »…
Hérault Tribune : Stéphan Rossignol, il y a l’incontournable « Question-Paillotes », mais que s’est-il passé avec les paillotes ?
Stéphan Rossignol : Il s’est passé qu’aujourd’hui en France, on est victime d’une écologie punitive, une écologie de la décroissance. Une écologie qui remet en jeu tout ce qui fait notre art de vivre, notre qualité de vie. Une écologie de ceux qui s’attaquent à nos traditions. On retrouve les mêmes, ceux qui veulent voir disparaître les courses camarguaises, les corridas, qui veulent nous obliger à manger végane. Depuis plusieurs années, j’avais des associations qui s’attaquaient à ces paillotes.
Je rappelle que les paillotes du Grand Travers existent depuis 27 ans. Depuis 27 ans sérieusement, si les dunes et la plage avaient été impactées par ces établissements, ça se saurait, on l’aurait remarqué. Alors oui, par le passé, et il y a plusieurs années, ces établissements commettaient des excès. Des excès sont terminés depuis longtemps. Maintenant les paillotes sont rentrées dans les clous, elles sont hyper contrôlées à la fois par les services de l’État, par ceux de la ville. L’agglo collecte leurs déchets et elles payent une taxe forfaitaire très importante pour la collecte des déchets. Elles sont raccordées au réseau d’assainissement. Elles assuraient un service public de bain de mer, c’est-à-dire que les paillotes ont des douches, des sanitaires qui peuvent être utilisés par n’importe qui sur la plage.
Le Tribunal n’a pas retenu cet aspect-là. Demain, il n’y aura plus de toilettes, plus de douches privées qui pouvaient être utilisées par le public. Ces paillotes assuraient aussi une sécurité sur la baignade. Certes, nous avons un poste de secours, mais il ne peut pas être actif sur les quatre kilomètres de littoral sur le Grand Travers. Ces paillotes étaient positionnées à plusieurs endroits très espacés. Elles occupaient moins de 1%, vous imaginez, de cet espace. Il y avait largement de quoi installer sa serviette si l’on ne souhaitait pas être sur une plage privée.
En plus, elles assuraient la sécurité de jour et de nuit, puisque ces établissements de plage ont du personnel H24. Ils ont des gardiens de nuit. Et maintes fois leurs gardiens appelaient la Police Municipale pour signaler que des bandes venaient sur la plage faire des feux de camp avec les ganivelles qui protègent les dunes justement. Vous imaginez, on aura un linéaire de quatre kilomètres, où il n’y aura plus rien. Et, cerise sur le gâteau, c’est un affront économique, chaque paillote embauchait en moyenne entre 60 et 80 personnels. La plupart des étudiants qui travaillaient sur ces plages. De nouveaux emplacements vont leur être attribués, mais ils auront moins d’activité parce qu’ils seront moins bien placés que là où ils étaient. Donc ils vont moins recruter. C’est une atteinte aux circuits courts, puisque ces établissements se servent tous chez les viticulteurs du coin, à la criée du Grau du Roi pour les poissons, chez les boulangers.
Aujourd’hui malheureusement on a été bloqué et je rappelle que ces établissements existaient aussi avec la tolérance de l’État, puisque ce n’est pas moi tout seul, qui ait pu installer ces établissements sur ces emplacements. C’est l’État aussi qui malgré le caractère d’espace naturel remarquable, autorisait, tolérait, comme on tolère beaucoup de choses dans la mesure où ils respectaient certaines obligations. C’est cela que le Tribunal n’a pas su reconnaître : c’est-à-dire qu’ils étaient contrôlés, on faisait respecter un certain nombre d’obligations, notamment c’était 6 mois de présence, montage, démontage compris, c’était l’entretien de la plage, c’était les services de bain de mer. C’est-à-dire offrir à tout usager de la plage, les sanitaires, les douches. Et lorsqu’ils démontaient, ils remettaient tout en état et l’on pouvait passer quinze jours après le démontage, on n’avait pas l’impression qu’il y avait eu un établissement qui accueillait tous les jours plusieurs centaines de personnes qui venaient déjeuner, ou se reposer sur un transat.
Tous ces aspects-là n’ont malheureusement pas été retenus, c’est ce que nous regrettons. N’ont été retenus que les aspects négatifs mis en avant par deux associations écologistes.
Dans son communiqué du 11 avril 2024, le maire de La Grande Motte précise bien son envie de ne pas en rester là : « nous enclenchons donc les solutions alternatives sur lesquelles nous avions déjà travaillé par anticipation, et nous nous battrons pour que les textes réglementaires incohérents soient modifiés. »