Élections européennes 2024 : Voter, « quand faut y aller, faut y aller ! » Qui sont les candidats ?
Ce sera le 9 juin. Un seul jour de vote ! Déjà 20 têtes de liste à un mois du scrutin ! L’Union européenne organise un système de représentation proportionnelle. C’est-à-dire que le nombre de sièges attribués à chaque liste est proportionnel au nombre de voix reçues. Mais qui sont les candidats ?
Tout citoyen a jusqu’au 17 mai pour être candidat
Le 9 juin 2024, il sera question de choisir 81 députés européens. Bon à savoir : pour se présenter aux élections européennes, un candidat doit être citoyen français ou d’un autre État membre de l’UE, avoir au moins 18 ans la veille du scrutin et jouir de ses droits civiques. Les candidats non français doivent résider en France depuis six mois minimum. Les candidatures sont formalisées par le dépôt d’une liste de 81 noms au ministère de l’Intérieur.
Pour les élections du 9 juin 2024, les dépôts se feront du 6 au 17 mai 2024. Bon à lire : le mémento à l’usage des candidats. Ensuite, il y a l’incontournable formulaire de candidature à remplir sur le site du Service Public et le modèle de liste de candidats à compléter.
À ne pas négliger si cela vous tente : pour obtenir des sièges au Parlement européen et bénéficier d’un remboursement partiel des frais de campagne, une liste électorale doit récolter au moins 5 % des suffrages. Les listes qui obtiennent entre 3 % et 5 % des votes ne gagnent pas de sièges, mais peuvent prétendre à un remboursement partiel. En dessous de 3 %, les listes ne reçoivent ni sièges ni remboursement.
Qui sont les candidats ? Les 20 têtes de liste déclarées à ce jour :
Caroline Zorn, avocate et vice-présidente de l’Eurométropole de Strasbourg, mènera pour la première fois la liste du Parti pirate aux élections européennes. Elle a été intronisée lors du congrès à Marseille les 14 et 15 octobre 2023. Pierre Beyssac et Marie Jouveau seront en deuxième et troisième positions. Le programme du parti se concentre sur la protection des droits fondamentaux, y compris numériques. Le Parti pirate, présent pour la troisième fois consécutive aux Européennes, avait obtenu 0,21 % en 2014 et 0,13 % en 2019.
Thierry-Paul Valette, ancienne figure emblématique du mouvement des Gilets jaunes apparu fin 2018, mène pour la première fois sa propre liste aux élections européennes. À l’âge de 47 ans, il a été désigné tête de liste par Europe Équitable, le parti politique qu’il a contribué à fonder en octobre 2023. Sa campagne se fera sous la bannière “L’Union pour une Europe arc-en-ciel”. Bien que Thierry-Paul Valette ait exprimé, dès le scrutin européen de 2019, son désir de candidater avec la liste “Rassemblement des gilets jaunes citoyens”, il avait finalement renoncé à cette ambition quelques semaines plus tard.
Laure Patas d’Illiers conduira la liste d’Europe Démocratie Espéranto (EDE) pour les élections européennes, comme annoncé le 9 janvier 2024 par le parti. EDE, qui milite pour l’adoption de l’espéranto comme langue commune de l’Union européenne, a vu des résultats modestes depuis sa première participation en 2004, n’obtenant jamais plus de 0,18 % des voix. Ancienne vice-présidente du parti et informaticienne au ministère des Finances, Laure Patas d’Illiers, désormais retraitée et auteure, se présente pour la première fois en tête de liste.
Marine Cholley, ingénieure de 30 ans dans les énergies renouvelables, a été désignée comme tête de liste lors de l’assemblée générale du parti Equinoxe le 21 novembre 2023. Fondé en 2021 par des jeunes de 20 à 30 ans préoccupés par l’évolution des progrès techniques et les changements de modes de vie, le parti Equinoxe présentera sa première liste aux élections européennes. Après avoir aligné trois candidats lors des législatives de 2022.
Yann Wehrling, ancien secrétaire national des Verts et ex-ambassadeur de France délégué à l’environnement, dirigera une liste écologique « non radicale » aux élections européennes. En octobre 2022, il a fondé Écologie positive, prônant une approche réaliste et pragmatique de l’écologie, centrée sur les territoires. Le 8 février 2024, il a aussi lancé le collectif Écologie Positive & Territoires, qui associe son parti à diverses organisations, incluant CAP21 de Corinne Lepage et d’autres groupes régionaux. C’est la première fois que Yann Wehrling se présente en tête de liste pour ce scrutin.
Guillaume Lacroix, président du Parti radical de gauche (PRG) depuis 2019, mènera la liste de son parti aux élections européennes de 2024, annonce faite lors du congrès à Paris le 25 novembre 2023. Il vise à offrir une option « hors Nupes » pour les électeurs de gauche, incluant les « macronistes de gauche » et les « anciens socialistes ». Le PRG a également consolidé son positionnement en accueillant Régions et peuples solidaires (RPS) le 2 février 2024, après la rupture de ce dernier avec EELV, et le mouvement paneuropéen Volt France le 8 février. Ces alliances renforcent l’engagement du PRG à vouloir placer les territoires au cœur des préoccupations européennes.
François Asselineau, fervent défenseur du “Frexit”, conduit pour la troisième fois la liste de l’Union Populaire Républicaine (UPR) aux élections européennes. Prônant le retrait de la France de l’Union européenne, de l’euro, et de l’OTAN, il se présente comme un « gaulliste social. » Aux précédentes élections, il a recueilli : 0,4 % des voix en 2014 et 1,2 % en 2019.
Florian Philippot, ancien député européen pour le Front national de 2014 à 2019, a quitté ce parti en 2017 pour fonder Les Patriotes, un parti souverainiste dont il est le Président. En 2019, en tant que tête de liste, il a obtenu 0,65 % des votes. Lors de son congrès à Arras le 2 septembre 2023, Les Patriotes ont confirmé que Florian Philippot mènerait leur liste aux élections européennes de 2024. Le 4 avril 2024, Jean-Frédéric Poisson de Via La Voie du Peuple a annoncé le ralliement de son parti avec Les Patriotes. Il occupera la troisième position sur la liste qui milite pour un retour à la souveraineté française et la sortie de l’UE et de l’OTAN.
Nathalie Arthaud mène pour la quatrième fois la liste de Lutte ouvrière (LO) aux élections européennes, position confirmée lors du congrès du parti début décembre 2023. Déjà en tête de liste en 2009, 2014, et 2019, elle est accompagnée par Jean-Pierre Mercier, également porte-parole de LO. Arlette Laguiller, figure emblématique du parti, occupera la dernière position de la liste. En 1999, elle avait mené LO à obtenir 5,2 % des votes, leur seul succès à entrer au Parlement européen. En 2019, la liste d’Arthaud a recueilli 0,8 % des suffrages. Selon Jean-Pierre Mercier, LO ne cherche pas le succès électoral, mais plutôt à diffuser leur message internationaliste et communiste révolutionnaire.
Jean-Marc Governatori, chef d’entreprise et conseiller municipal d’opposition à Nice, mène pour la troisième fois une liste écologiste indépendante aux élections européennes de 2024. Ayant déjà concouru en 2004 et 2009 sans succès, avec respectivement 1,6 % et 3 % des voix, il préside le parti Écologie au centre, précédemment connu sous le nom d’Alliance écologiste indépendante. Il aime à critiquer la tendance trop à gauche d’Europe Écologie Les Verts depuis leur adhésion à la Nupes. Il défend une écologie « ni de droite ni de gauche. » Candidat malheureux à la primaire écologiste de 2022 avec 2,35 % des voix, qu’il considère comme un résultat « vicié », il reste néanmoins optimiste pour les Européennes.
Hélène Thouy dirige à nouveau la liste du Parti animaliste aux élections européennes, après avoir surpris lors du précédent scrutin avec près de 500 000 voix, soit 2,2 %. Cofondatrice et coprésidente du parti, elle milite pour les droits des animaux, et y inclut l’abolition de la corrida et l’amélioration des conditions d’élevage. La campagne a été lancée officiellement le 2 décembre 2023, lors du congrès du parti à Lille.
Jean Lassalle. Après des discussions prolongées, Willy Schraen a annoncé sa candidature sous la bannière “L’Alliance rurale” le 5 décembre 2023. Initialement prévu comme chef de liste, il cède finalement la place à Jean Lassalle, suite à l’union de son parti, Résistons, avec L’Alliance rurale en mars 2024. Willy Schraen occupe la troisième position. Jean Lassalle, ancien député et candidat à la présidentielle, se présente pour la première fois aux Européennes. La liste s’identifie comme vouloir représenter le monde rural, mais a vu plusieurs retraits, y compris celui de l’ex-rugbyman Louis Picamoles, en raison de divergences sur la stratégie. L’objectif principal reste de défendre les valeurs rurales au Parlement européen, et de lutter contre l’inflation normative. Jean Lassalle espère réitérer le succès de Chasse, pêche, nature et traditions, qui avait envoyé six élus au Parlement européen en 1999 avec 6,8 % des voix.
Léon Deffontaines, 27 ans, est l’une des plus jeunes têtes de liste aux élections européennes. Membre du Mouvement des jeunes communistes de France depuis une décennie, il a progressé jusqu’à devenir porte-parole de Fabien Roussel lors de la campagne présidentielle de 2022. Le 1er juillet 2023, il a été désigné par le Conseil national du Parti communiste français (PCF) comme chef de file pour ces élections, une décision ratifiée par les militants le 12 novembre 2023. La liste de Léon Deffontaines inclura le PCF et d’autres formations de gauche telles que la Gauche républicaine et socialiste de l’eurodéputé Emmanuel Maurel, L’Engagement d’Arnaud Montebourg, Les Radicaux de gauche, et le Parti communiste réunionnais.
Marion Maréchal, neuf ans après avoir participé aux élections régionales de 2015, elle fait son retour en politique pour les élections européennes de 2024. Elle se présente non plus sous l’égide du Rassemblement national, quitté en 2017, mais à la tête d’une liste du parti Reconquête, fondé en 2021 par Eric Zemmour. Le 6 septembre 2023, sa candidature a été officialisée par le président du parti. À 33 ans, l’ancienne membre de la famille Le Pen veut remporter un premier succès électoral pour Reconquête, après des performances modestes aux précédentes élections présidentielles et législatives. Son objectif est de franchir le seuil des 5 % nécessaire pour obtenir des sièges au Parlement européen. Le Mouvement conservateur et le Parti de la France, deux groupes ultraconservateurs, soutiennent également sa liste.
Marie Toussaint, âgée de 36 ans et juriste en droit international de l’environnement, prend la tête de la liste Les Écologistes (anciennement Europe Écologie Les Verts) pour les élections européennes. Connue pour avoir initié l’Affaire du siècle qui a mené à la condamnation de l’État français en 2021 pour ses lacunes dans la lutte contre le réchauffement climatique, elle a déjà servi au Parlement européen où elle a plaidé pour la justice climatique mondiale et la responsabilité des multinationales. Vice-présidente du groupe écologiste européen depuis presque deux ans, elle a été élue tête de liste par les militants le 10 juillet 2023, devant David Cormand, qui est deuxième sur sa liste.
François-Xavier Bellamy est à nouveau choisi par son parti Les Républicains (LR). Une confirmation faite par le président du parti, Eric Ciotti, le 15 janvier 2024. François-Xavier Bellamy, qui avait dirigé la campagne de 2019 en obtenant 8,5 % des voix et réduisant la délégation LR de 20 à 8 élus, est depuis devenu l’un des eurodéputés français les plus visibles. Il s’est engagé sur divers sujets tels que la guerre en Ukraine, le pacte migratoire, l’agriculture, et le nucléaire. Après des hésitations et malgré la considération d’autres candidats comme Michel Barnier, le parti a opté pour sa reconduction faute de grandes figures disponibles et du temps pressant.
Manon Aubry est tête de liste de La France Insoumise pour les élections européennes. Après avoir tenté sans succès de former une liste commune avec les partenaires de la NUPES, elle a été confirmée suite à un vote des militants le 15 mars. À 34 ans, Manon Aubry, qui avait obtenu 6,3 % des suffrages et 6 sièges au Parlement européen en 2019, continue de s’affirmer au sein de l’assemblée, co-présidant le groupe de la Gauche (GUE/NGL). Elle est active sur divers enjeux, des traités de libre-échange aux droits des travailleurs des plateformes. Plusieurs petits partis de gauche radicale, dont le Parti ouvrier indépendant (POI) et Révolution écologique pour le vivant (REV), soutiennent sa liste.
Raphaël Glucksmann, chef de file de la liste “Réveiller l’Europe” pour les élections européennes de 2024, a lancé sa campagne avec Place publique le 8 octobre 2023. Le Parti socialiste a renouvelé son soutien à l’essayiste, d’abord par son bureau national le 1er février 2024, puis par un vote des militants le 9 février. Le 24 février, un accord a été formalisé entre le PS et Place publique, attribuant 20 des 81 places de la liste à ce dernier, dont trois considérées comme éligibles. Il y a cinq ans, leur liste commune avait recueilli 6,2 % des votes et 6 sièges. Au Parlement européen, Raphaël Glucksmann s’est fait remarquer par son engagement sur les droits de l’Homme et la présidence de la commission spéciale sur l’ingérence étrangère dans les processus démocratiques de l’UE.
Valérie Hayer mène la liste “Besoin d’Europe” de la majorité présidentielle aux élections européennes. Elle a été élue pour la première fois députée européenne en 2019 sur la liste de la République en Marche, en 19e position. Spécialiste des questions budgétaires au Parlement européen, elle a coordonné les positions de son groupe au sein de la commission des Budgets et a été rapporteure sur des dossiers clés, comme le cadre financier pluriannuel et le plan de relance européen. Depuis janvier 2024, suite à l’entrée de Stéphane Séjourné au gouvernement, elle préside le groupe Renew Europe. Le bureau exécutif de Renaissance a confirmé son nom pour diriger la campagne le 29 février. Sa liste unit la coalition Ensemble (Renaissance, MoDem, Horizons, Parti radical) et l’Union des démocrates et indépendants (UDI).
Jordan Bardella, 28 ans, mène à nouveau la liste du Rassemblement national (RN) pour les élections européennes. Devenu célèbre après avoir remporté le scrutin de 2019 avec 23,3 % des voix et 23 sièges, il est désormais président du parti, succédant à Marine Le Pen. Jordan Bardella est aussi vice-président du groupe Identité et démocratie au Parlement européen. Il a confirmé avoir pour objectif de réitérer ou surpasser ses résultats de 2019.
Premier débat des élections européennes 2024
Le premier débat des élections européennes 2024, qui a eu lieu dimanche 5 mai, a permis d’en savoir un peu plus, voire un peu mieux, sur les sept têtes de liste, définies comme principales. Les candidats Jordan Bardella (Rassemblement national, RN), Valérie Hayer (Renaissance), Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique), Manon Aubry (La France insoumise), Marie Toussaint (Les Ecologistes), François-Xavier Bellamy (Les Républicains) et Marion Maréchal (Reconquête !) ont confronté leurs visions sur presque tous les enjeux de l’Union européenne. Ce débat diffusé lors de l’émission “Le Grand Jury” sur RTL, Le Figaro, M6 et Paris Première, en partenariat avec La Chaîne parlementaire (LCP), a abordé la défense européenne, l’écologie, l’immigration et les relations économiques avec la Chine.
La question de l’envoi de troupes en Ukraine a été un point de friction, notamment entre François-Xavier Bellamy qui soutient l’envoi d’armes et de munitions, et Valérie Hayer qui a souligné les risques d’un conflit ouvert avec la Russie tout en plaidant pour une défense européenne renforcée. Jordan Bardella veut éviter l’escalade avec Poutine.
Autre front, la transition écologique et l’agriculture. Le débat a oscillé entre la critique de l’interdiction des voitures thermiques neuves à partir de 2035 et la nécessité de promouvoir l’industrie européenne des voitures électriques. Marie Toussaint a proposé une baisse de la TVA sur les produits écologiques. Mais les échanges sur l’agriculture ont révélé des divisions sur la stratégie « Farm to Fork » comprendre « de la Ferme à la Table. » François-Xavier Bellamy et Jordan Bardella ont critiqué cette approche, et l’ont définie comme une entrave à la production agricole.
Le thème de l’immigration a vu Manon Aubry analyser la gestion des frontières par l’UE, comme « inhumaine et inefficace », alors que Jordan Bardella et Marion Maréchal ont défendu une politique plus stricte. Le débat s’est enflammé autour des positions de chaque candidat sur l’accueil des réfugiés, avec des échanges tendus sur les politiques actuelles en Europe.
Économie, Chine, changement climatique. En ce début du mois de mai, la venue du président chinois Xi Jinping en France a rendu obligatoire le débat sur les relations économiques avec la Chine. Raphaël Glucksmann a critiqué l’approche amicale envers Pékin, tandis que François-Xavier Bellamy a dénoncé une stratégie chinoise de déstabilisation de l’économie européenne. Quant à Valérie Hayer, elle a souligné l’importance du comportement à venir de la Chine dans la lutte contre le changement climatique, et a appelé à une politique de réciprocité sur les marchés publics.