Élections européennes : Temps de parole, c'est quoi le principe ?
À l'approche des élections européennes du 9 juin, qui détermineront la composition française au Parlement européen, l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) se prépare à un exercice toujours périlleux : la régulation des médias.
Le décompte du temps de parole des candidats débute ce lundi 15 avril et se poursuit jusqu’à la veille du scrutin. Cet exercice veut assurer une couverture média équitable, afin de protéger le bon fonctionnement démocratique. À savoir : les listes de candidats seront déposées entre le 6 et le 17 mai, avec une campagne officielle qui débutera le 27 mai et qui se terminera le 7 juin 2024 à minuit.
Résultats 2019, sondage et engagement : Un redoutable principe d’équité ?
Contrairement à l’élection présidentielle qui suppose l’égalité stricte du temps de parole, les règles pour l’élection européenne se fondent sur le principe d’équité. Ce système prend en compte plusieurs facteurs tels que les résultats des précédentes élections européennes, les sondages d’opinion, et l’engagement actif des partis dans la campagne. Une approche qui serait justifiée par le nombre élevé des têtes de liste, qui atteint pour l’heure le nombre de 22.
Pour essayer de saisir « l’importance » du critère des sondages intégré au principe d’équité, il semble essentiel d’en déduire que l’Arcom accorderait une valeur scientifique à ces enquêtes. Et pour les esprits chagrins, il faudra savoir se rassurer en étant convaincu que l’objectif n’est pas de construire artificiellement une opinion publique ni de susciter des débats stériles. L’objectif est certainement de garantir que l’attention ne se détourne pas des programmes politiques que défendent les différentes têtes de liste aux élections européennes.
Aujourd’hui tout le focus est mis sur les 32% trouvés par le sondage exclusif Ipsos pour Le Parisien, concernant le candidat RN Jordan Bardella. Mais demain si Hélène Thouy qui mène la liste du Parti animaliste ou Léon Deffontaines PCF l’une des plus jeunes têtes de liste de ce scrutin, explosent dans les sondages, on devrait un peu, beaucoup, à la folie, parler d’eux.
Méthode. L’Arcom évalue le temps de parole non seulement des têtes de liste, mais aussi de leurs soutiens proches, y compris le président de la République. Ainsi, toute mention des élections par le président Macron sera attribuée au temps de la liste Renaissance. Cette méthode voudrait garantir que les médias ne favorisent pas indûment un parti au détriment d’un autre.
Médias : Qui est surveillé ?
La surveillance s’étend à un large éventail de médias, incluant 17 chaînes de télévision et 10 stations de radio. Parmi elles, on trouve des acteurs majeurs comme TF1, France 2, France 3, ainsi que des chaînes de radio influentes telles que France Inter et RTL. Ces médias sont tenus de soumettre régulièrement les données de temps de parole à l’Arcom, qui veille à leur exactitude et à leur conformité. Un cas particulier est celui de CNews, notamment en ce qui concerne Philippe de Villiers, qui, bien qu’il ne soit pas candidat, voit son temps de parole comptabilisé pour le compte du camp divers droite en raison de ses apparitions en tant qu’animateur. CNews se trouve également dans une situation spéciale vis-à-vis des Écologistes, qui ont choisi de boycotter la chaîne, réduisant de fait leur visibilité sur ce réseau.
En tenant compte de la visibilité des partis et de leur impact potentiel, l’Arcom s’efforce donc d’ajuster le temps de parole de manière à refléter fidèlement le paysage politique actuel. Ce processus, certes complexe, permet-il à toutes les voix de se faire entendre de manière juste avant le jour du scrutin ?
Pour rappel, les membres l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique sont nommés par différentes instances du gouvernement français, selon un processus destiné à garantir l’indépendance et la diversité de l’organisation. Ainsi, le Président de l’Arcom est nommé par le Président de la République. Les autres membres du collège au nombre de huit sont désignés pour trois d’entre eux par le président de l’Assemblée nationale. Le président du Sénat en choisit trois autres. Un membre est nommé par le vice-président du Conseil d’État et un autre désigné par la Première présidente de la Cour de cassation. Chacun des membres est nommé pour un mandat non renouvelable de six ans. L’actuel Président est Roch-Olivier Maistre, son mandat prendra fin en janvier 2025.