Emmanuel Macron veut un bilan fertilité à 20 ans, "il y a un âge pour tout" répondent les spécialistes
Proposer à tous les Français un "bilan" de fertilité "autour de la vingtaine" dans un vaste plan pour relancer la natalité: la proposition d'Emmanuel Macron a suscité mercredi l'incompréhension de spécialistes, qui jugent "infondé" de généraliser un tel rendez-vous à cet âge.
“Un chiffre m’interpelle: le taux de fécondité est de 1,8 et le taux de désir d’enfant s’établit à 2,3. Il y a donc de nombreux couples qui souhaitent devenir parents et ne réalisent pas ce souhait”, a souligné le chef de l’Etat dans un entretien au magazine Elle où il précise, notamment, les contours de son plan contre l’infertilité annoncé en janvier.
Alors que le pays a enregistré en 2023 le plus faible nombre de naissances depuis 1946 et que quelque 3,3 millions de Français seraient directement affectés par l’infertilité, selon un rapport remis au gouvernement en 2022, Emmanuel Macron entend articuler sa stratégie autour de la “prévention”, du “parcours” et de la “recherche”.
“Par exemple, autour de la vingtaine, un +check up fertilité+ permettra d’établir un bilan complet, spermogramme, réserve ovarienne…”, souligne-t-il, en évoquant aussi des “campagnes en faveur de l’autoconservation d’ovocytes pour les femmes qui veulent avoir des enfants plus tard”.
L’âge, facteur-clé
L’âge d’un tel “check-up”, alors qu’une Française a 31 ans en moyenne à son premier enfant, selon l’Insee, interpelle le Pr Samir Hamamah, chef de service de biologie de la reproduction du CHU de Montpellier, qui avait copiloté le rapport de 2022 avec Salomé Berlioux, fondatrice de l’association Chemins d’avenirs.
“Le proposer à 20 ans, c’est infondé selon moi, ça n’a aucun intérêt. Il y a un âge pour tout et à 20 ans on a vraiment autre chose à faire”, dit-il à l’AFP.
Dans le rapport, rappelle-t-il, l’une des recommandations portait sur la mise en place d’une consultation spécifique proposée “à chaque homme et à chaque femme de 29 ans par l’Assurance maladie”, à l’âge “auquel ils sont autorisés à congeler leurs gamètes (ovocytes ou spermatozoïdes)”.
Le faire trop tôt peut même être contre-productif, soit en angoissant les futurs parents soit au contraire en les rassurant faussement: “Plus on fait cette consultation en amont (avant un projet de bébé, NDLR), plus c’est dangereux parce que les gens vont se dire: ça y est tout va bien, je ne fais rien, alors que l’âge est facteur important pour la fertilité”, ajoute-t-il.
“Un malentendu”
Et pour certaines maladies génétiques, susceptibles d’entraîner des risques pour la fertilité, des enquêtes peuvent déjà être menées sans notion d’âge sur l’ensemble de la famille concernée, fait valoir ce spécialiste.
“On n’a jamais dit qu’il fallait des examens à 20 ans ! Cela n’a pas de sens sur le plan médical”, confirme la présidente du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF), Dr Joëlle Belaisch-Allart. “Un bilan de réserve ovarienne sur la population générale qui n’a pas encore eu d’enfants, ça n’a aucune valeur pronostique. Et je ne connais aucun professionnel qui fera un spermogramme à un jeune homme de 20 ans (qui n’a pas de projet d’enfant, ndlr)… Il y a sûrement un malentendu dans cette proposition”, affirme-t-elle à l’AFP.
Pour autant, elle est “ravie qu’on parle d’infertilité”. Et rappelle qu’il “faut en parler à tous les âges de la vie, au collège, au lycée, pour expliquer ce qui nuit à la fertilité (tabac, obésité, facteurs environnementaux…), qu’elle baisse avec l’âge, pour que ça ne tombe pas comme un couperet, à 30 ans ou 35 ans quand on veut un enfant”.
En France, environ un couple sur quatre en désir d’enfants ne parvient pas à obtenir une grossesse après 12 mois ou plus d’essais, délai correspondant à la définition de l’infertilité par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Surtout que les jeunes trouvent que les enfants sa coûte cher et en France on a vite droit rien d abord revisiter votre façon d aider . Au Portugal pays européens l école est gratuite pas France