Épiphanie : quand la galette des rois cache bien plus que la fève…
L’Épiphanie, célébré le premier dimanche de janvier, s’invite à la table des Français pour une occasion festive et gourmande. Une galette des rois, une fève, une couronne… mais derrière ces éléments, une multitude de mystères et de traditions parfois surprenantes.
La naissance d’un culte
Le mot “Épiphanie” vient du grec epiphaneia, signifiant “manifestation” ou “apparition”. C’est d’abord une fête païenne, celle des Saturnales romaines, qui rend hommage à Saturne, le dieu de l’agriculture, par des célébrations de joie et d’égalité. À cette époque, une galette ronde, représentant le soleil, était partagée entre les convives. On y dissimulait une fève (ou un haricot) pour désigner un roi pour la journée, une tradition qui préfigurait déjà le concept de tirer les rois. Lors de la christianisation de la fête, l’Épiphanie s’est orientée vers l’hommage aux trois rois mages venus offrir des cadeaux à l’enfant Jésus, mais la galette, elle, est restée.
“Tirer les rois”
Tirer les rois ne se fait pas à la légère. La coutume exige une découpe juste, une part pour chaque convive, ni plus ni moins. Dans certaines régions, une part supplémentaire, appelée “part du Bon Dieu”, est laissée de côté. Elle était jadis réservée à un mendiant, invité à frapper à la porte pour recevoir cette portion symbolique. Aujourd’hui, la part est souvent mise de côté pour un visiteur surprise, mais le geste reste imprégné de cette idée d’accueil et de générosité.
L’interdiction royale
En 1794, la révolution n’a pas seulement mis fin à la monarchie, elle a aussi fait interdiction de tirer les rois. La galette des rois, symbole d’un pouvoir monarchique désormais déchu, a été prohibée par les autorités révolutionnaires. Et pour ne pas froisser la gourmandise des Français, un compromis a été trouvé : à la place de la galette, on a introduit le “gâteau de l’égalité”, une galette sans fève. L’ironie de l’histoire ? Ce gâteau d’égalité était, en soi, un refus de la tradition, bien loin des festivités chaleureuses qui entourent encore aujourd’hui l’Épiphanie.
De l’embryon au souvenir
Les premières fèves dissimulées dans la galette étaient des haricots ou des pois chiches. Leur forme symbolisait l’embryon, évoquant la renaissance et la vie nouvelle. Ceux qui découvraient la fève devenaient “roi” ou “reine” pour la journée. Mais dès le XIXe siècle, la fève en porcelaine a pris la relève, une nouveauté venue de Saxe, où l’on confectionnait des fèves décorées. Cette petite surprise a évolué, et aujourd’hui, elle est devenue un objet de collection, parfois aussi extravagante que la galette elle-même. Les fèves en porcelaine sont maintenant des miniatures, des personnages historiques ou des symboles farfelus qui animent la fête de manière toujours plus originale.
Diversité des galettes
La frangipane reste la saveur reine des galettes, mais selon les régions et les goûts, les variations sont nombreuses. En France, 80 % des gourmands préfèrent la frangipane, cette crème d’amande délicieusement fondante, mais certains se tournent vers des alternatives : galettes au chocolat, au praliné ou même aux pommes. À l’étranger, les galettes prennent des formes et des saveurs bien différentes. Aux Pays-Bas, une pâte d’amandes est l’ingrédient star, tandis que dans les pays hispaniques, l’Épiphanie se fête avec des roscones aux fruits confits, et en Amérique latine, des fêtes de l’Épiphanie riment avec cadeaux et réjouissances pour les enfants.