Escale à Sète : la ville est parée pour la grande fête des traditions maritimes
Bénévoles et partenaires sont prêts pour accueillir le grand rassemblement du 12 au 18 avril. Il ne reste qu’un seul point d’interrogation sur la venue du "Shtandart", bateau du capitaine Vladimir Martus de père ukrainien et de mère russe, qui enflamme les réseaux sociaux malgré le soutien de la Ville.
Photo © Mathieu Weisbuch
A la conférence de presse sur l’organisation d’Escale à Sète 2022, près de la criée, les premiers mots du maire de Sète François Commeinhes sont une prière. Il espère qu’au 12 avril, les conditions sanitaires n’auront pas changé. L’annulation de l’édition 2020 est encore dans les mémoires. La manifestation génère des retombées économiques évaluées à 15 millions d’euros par la Chambre de commerce de l’Hérault. En effet, aux 45 000 habitants vont se mêler 300 000 visiteurs pendant la durée de l’événement.
Les changements dans la ville
La circulation, le stationnement, les contraintes imposées aux riverains constituent le principal casse-tête des autorités. Il sera résolu comme en 2018 ont annoncé les organisateurs. Un flyer détaillant les zones de stationnement et les restrictions sur la circulation est diffusé à travers toute la ville. Il est également consultable en ligne. La piétonnisation de 3 kilomètres de quais, la mise à disposition de bus gratuits et de navettes maritimes, faciliteront les déplacements des visiteurs, des parkings au centre-ville, et d’un bateau à l’autre. Nouveauté en 2022, un QR code pour les visiteurs ayant installé une application pour le flasher. Il délivrera instantanément les informations pratiques sur chaque événement.
Le Shtandart
Tout semble prêt pour la fête si ce n’était une confusion qui a enflé en polémique sur les réseaux sociaux. Le bateau le Shtandart, venu à plusieurs reprises à Sète, est un bateau civil du capitaine Vladimir Martus, de père ukrainien et de mère russe. Son pavillon russe a créé un mouvement de contestation de la part de gens mal informés et qui ont répandus de fausses informations sur les réseaux sociaux. Le contexte de la guerre en Ukraine les a autorisés à suspecter le Shtandart d’être un bateau militaire, ce qu’il n’est pas ont confirmé les organisateurs d’Escale à Sète. “Il a été construit par un passionné avec l’aide de bénévoles” rapporte Wolfgang Idiri, directeur de l’événement. Le capitaine Vladimir Martus serait d’ailleurs indésirable en Russie. De nombreux ports européens l’ont accueilli, conscients de sa situation.
Les fausses informations sur le Shtandart qui hypothèque sa venue à Sète sont d’autant plus incohérentes qu’une partie de l’équipage du capitaine Vladimir Martus est ukrainienne. Enfin, le capitaine finance des convois pour transporter des médicaments aux réfugiés de la guerre en Ukraine. “Le capitaine est catastrophé, déclare Wolfgang Idiri. Malheureusement les amalgames vont bon train (…) Il y a des minorités violentes, inconscientes, qui font des amalgames (…) Ils représentent un danger. Il nous reste une poignée de jours pour décider. La décision sera un choix de raison.”
Une aventure humaine
Cet épisode du Shtandart rappelle qu’Escale à Sète est avant tout une aventure humaine, avec ses figures. Le maire demande au directeur des nouvelles d’Alfred. C’est un bénévole, qui s’est présenté en 2016 pour aider à l’organisation. Ses origines polonaises l’ont désigné pour accueillir les visiteurs sur un bateau polonais où manquait des bénévoles. Par la suite, on apprit qu’il était sans domicile fixe. Un élan de solidarité s’est constitué autour d’Alfred qui “apporte toujours des chocolats à l’association Escale à Sète, à Pâques”, raconte Wolfgang Idiri.
L’œil d’un expert
Le succès d’Escale à Sète se mesure à la qualité des bateaux qui stationnent et s’ouvrent aux visiteurs pendant quelques jours. Un gage de confiance qui repose en partie sur les épaules de Raymond Dublanc, charpentier de marine et capitaine de grands voiliers. Il est le “monsieur patrimoine maritime” d’Escale à Sète. Il a rédigé une charte des bonnes pratiques qu’il fait appliquer de son œil d’expert. “Parfois, cela se joue à une poulie près” raconte Raymond Dublanc qui peut refuser la venue d’un bateau pour ce type de négligence au moment de sa restauration. “On ne restaure pas une chapelle avec du placoplatre” conclu-t-il.
A quelques jours d’Escale à Sète 2022, la ville s’est déjà mise au diapason de cet immense événement qui est aussi une histoire incroyable de passionnés. Quelques impatients semblent scruter au loin les silhouettes de bateaux magnifiques. Les restaurateurs s’apprêtent à déployer leurs plus belles assiettes. Quelques semaines après l’Oursinade, la population qui semble ne jamais se lasser va connaître un nouvel événement de grande ampleur. On voit mal comment le soleil pourrait bouder les jours qui viennent.