Étang de Thau : la menace de vol plane sur les huîtres de Noël
Pour lutter contre les vols d’huîtres pendant les fêtes de fin d’année, la préfecture de l’Hérault a interdit la navigation nocturne sur l’étang de Thau entre 18h et 6h du matin jusqu’au 5 janvier. Une mesure parmi tant d’autres qui rassurent les conchyliculteurs. Reportage.
Une ambiance pesante flotte sur l’étang de Thau à quelques jours de Noël. Depuis quelques semaines, les conchyliculteurs sont vigilants alors qu’un producteur s’est une fois de plus fait voler de la marchandise à Mèze.
“Nous commençons à avoir deux ou trois déclarations de vol, le risque est accru avant les fêtes de fin d’année”, constate Fabrice Grillon, directeur du comité régional de conchyliculture de Méditerranée (CRCM), qui explique travailler “en lien étroit avec la gendarmerie de Pézenas”.
Un hélicoptère et des drones
Pour lutter contre ce fléau pendant les fêtes de fin d’année, période où les conchyliculteurs font une majeure partie de leur chiffre d’affaires, la préfecture maritime de la Méditerranée et la préfecture de l’Hérault ont pris toute une batterie de mesures.
D’abord, la navigation nocturne sur l’étang de Thau a été interdite de 18 heures à 6 heures du matin depuis le 2 décembre et jusqu’au 5 janvier. D’autre part, une trentaine de gendarmes sont mobilisés pour faire des contrôles autant sur la mer que sur la terre, ainsi qu’avec des agents des douanes et de l’unité littoral des affaires maritimes de l’Hérault. En parallèle, un hélicoptère et des drones surveillent l’étang depuis le ciel.
“L’action de l’État qui repose sur deux piliers, la prévention et la répression, a notamment pour but de dissuader les passages à l’acte, tant s’agissant des coquillages que des mas conchylicoles”, indique dans un communiqué la préfecture de l’Hérault qui rappelle qu’en 2023, ces opérations avaient donné lieu au contrôle de plus de 500 personnes pour quatre vols constatés.
Des caméras de surveillance
Une mobilisation qui rassure Michel Vaillier. “On nous a volé plusieurs fois des cordes d’huîtres, notamment une grosse quantité juste avant Noël il y a deux ans”, raconte le conchyliculteur installé à Loupian sur l’étang de Thau depuis plus de 30 ans. Lui compte sur les forces de l’ordre même s’il estime que “les gendarmes ne sont pas assez nombreux” pour couvrir toute la lagune qui s’étend sur 20 km de long et 5 km de large.
Dans le mas voisin Huîtres-Bouzigue.com, Philippe Vaudo a lui décidé d’installer un système de caméras depuis la terre pour surveiller ses tables de stockage et de production après avoir été victime en 2009 d’un vol de 450 kilos d’huîtres en pochon, prêtes à être vendues et consommées. Dont une cinquantaine d’huîtres plates à forte valeur ajoutée. “Les pertes étaient évaluées à 1 300 ou 1 500 euros”, se souvient le conchyliculteur qui produit entre 60 et 65 tonnes d’huîtres par an et une dizaine de tonnes de moules.
Des gendarmes dissuasifs
“Par le passé, des huîtres espions permettait d’envoyer une alerte sur une application avec la géolocalisation mais ça n’avait pas été très probant. Aujourd’hui, certains conchyliculteurs s’équipent de caméras aux tables et aux mas mais la présence de la police et de la gendarmerie est ce qui est le plus dissuasif”, remarque M. Grillon.
Philippe Vaudo est donc rassuré de croiser les bateaux de la gendarmerie quand il se déplace vers ses tables. “La gendarmerie terrestre vérifie aussi que les cargaisons des camions sont en règle et que le produit est bien tracé. Si un produit est tracé, on a peu de chances qu’il soit volé”, précise le conchyliculteur, qui a lui-même été contrôlé plusieurs fois.