Fessées, menaces, dénigrement contre les enfants : halte à la violence éducative ordinaire
La Violence Éducative Ordinaire (VEO) concerne les formes physiques, psychologiques ou verbales de violences utilisées envers les enfants en prétextant les éduquer, et communément admises et tolérées… La Fondation pour l'enfance lance une campagne de sensibilisation et de prévention contre ce phénomène encore trop répandu au sein des familles.
Qu’est-ce que la violence éducative ordinaire ?
La violence éducative ordinaire est souvent considérée comme légitime par les parents qui estiment qu’elle a un but éducatif. Elle recouvre toutes les formes de violences : physiques, psychologiques ou verbales. Ainsi, la violence psychologique désigne notamment le chantage, le déni des émotions de l’enfant, les moqueries ou encore l’humiliation… La violence verbale correspond aux hurlements, aux injures, aux moqueries ou même à la condescendance envers l’enfant. Enfin, la violence physique est synonymes de châtiments corporels, comme les gifles, les fessées, les pincements, les coups, les morsures, mais aussi l’insatisfaction de ses besoins physiologiques (privation de nourriture, enfermement…). Toutes ces facettes de la violence faite aux enfants ont encore lieu de nos jours dans de nombreux foyers français. Chiffre symbolique, plus de 8 Français sur 10 assurent avoir recours à la fessée, selon la Fondation pour l’enfance. Selon une étude de l’Observatoire dédié, 71,5 % donnent des “petites gifles”. Et la moitié des sondés frappe ses enfants avant l’âge de 2 ans.
Des conséquences désastreuses pour les enfants
Les conséquences des violences dites éducatives sur la santé des enfants qui les subissent ont été démontrées par de nombreux chercheurs de par le monde. Elles vont de l’anxiété à la dépression, des troubles du comportement (agressivité, pipi au lit, manque de confiance en eux, attitudes antisociales…) aux vrais problèmes de santé mentale. Et l’on sait que vivre des violences dans l’enfance prédispose les individus à reproduire ce comportement lorsqu’ils deviennent à leur tour parents. En France, 2 enfants meurent par jour sous les coups de leurs parents.
Que dit la loi ?
L’article 371-1 du Code civil dispose que “L’autorité parentale s’exerce sans violences physiques et psychologiques”. Et la loi interdisant les violences éducatives ordinaires, que certains appellent la loi anti-fessée, est en vigueur depuis juillet 2019.
La Fondation pour l’enfance sensibilise les parents
Pour sensibiliser les parents au danger pour la structuration de l’enfant que peuvent représenter ces brimades, la Fondation pour l’enfance édite des affiches délivrant des messages positifs, du genre “Pour éduquer mon enfant, si je menace c’est de mes bisous”, “Pour éduquer mon enfant, quand je hurle c’est de joie”, ou “Pour éduquer mon enfant, quand je frappe, c’est dans mes mains”.
Car l’idée n’est pas de blâmer les parents mais de les aider à trouver d’autres solutions que les gifles, les brimades ou les menaces pour les faire obéir.
Les alternatives éducatives à la fessée
Pour aider un enfant à faire des progrès dans un domaine, lui accorder sa pleine confiance est primordial, et bien plus profitable que de le dénigrer. Il se sentira encouragé. Quand un enfant n’écoute pas les consignes ou se trompe, plutôt que de le réprimander, il est préférable de lui indiquer que ce qu’il est en train de faire n’est pas approprié. S’il s’énerve, on peut lui proposer de mettre des mots sur ce qui lui pose une difficulté, pour trouver ensemble une solution. Considérer les enfants comme de futurs citoyens adultes incite à leur apprendre à discuter, collaborer, s’exprimer et s’écouter.
Un ouvrage clé : Le décodeur des VEO par Céline Quelen
Le Décodeur des VEO (Editions First) par Céline Quelen, présidente de StopVEO, passe en revue les différentes formes de violences éducatives et propose aux parents des pistes pour aborder une éducation bientraitante. De mises en situation en idées reçues à bousculer, le lecteur ne pourra plus dire qu’ “une bonne fessée n’a jamais fait de mal à personne” et découvrira des perspectives de relations parents-enfants basées sur le respect mutuel, avec une autorité parentale conservée.
Informations pratiques
Pour aller plus loin : www.oveo.org (Observatoire de la Violence Éducative Ordinaire)
Une liste des numéros d’aide aux parents est diffusée par la plate-forme 0 830 130 000, sans oublier le 119 enfants en danger, parents en difficulté.