Florensac : 90 ans de la Cave Florès, « Une histoire de résilience et d’innovation »
Le 22 février 1934, la cave coopérative de Florensac, désormais connue sous le nom de Cave Florès, voyait le jour.
Fondée par 221 sociétaires, elle démarrait modestement, avec une production annuelle de 5 000 hectolitres. Cependant, dès ses premières années, la cave fut portée par une dynamique populaire locale, favorisant une croissance rapide. Ce développement s’appuya sur un modèle de souscription de parts sociales, demandant un engagement financier assez important de la part des nouveaux entrants, témoignant ainsi de la volonté collective des vignerons de l’époque de bâtir une structure pérenne.
Interview de Benjamin Brousse, président de la cave coopérative Florès.
L’âge d’or des années 50-60 : un développement important
Dans les années 1950, un tournant majeur fut pris avec la décision de mutualiser la vente des vins produits par les coopérateurs. Cette initiative marqua le début d’une croissance exponentielle, culminant en 1960 avec la participation de 750 coopérateurs et une production de 100 000 hectolitres, un record pour l’époque. Les vignes de la région, plantées en carré de 1,5 mètre par 1,5 mètre, se distinguaient par deux particularités : l’absence d’utilisation de désherbants chimiques et le recours à la traction animale, les chevaux, ainsi que les premiers motoculteurs et tracteurs étroits. Ces pratiques, que l’on pourrait qualifier de “bio” avant l’heure, témoignent déjà d’une volonté de préserver les méthodes naturelles.
Les mutations des années 60-70 : restructuration et modernisation
Les décennies suivantes furent marquées par des bouleversements profonds, provoqués en grande partie par les interventions publiques, telles que le RQD (restructuration qualitative différée), visant à limiter la production. En conséquence, la cave dut réduire ses volumes à 40 000 hectolitres, entraînant une baisse du nombre de coopérateurs et un arrachage massif des vignes. Cette période de transition, difficile, fut également marquée par de grandes manifestations des vignerons languedociens, qui protestaient contre les changements imposés par l’État. Malgré ces difficultés, la cave sut s’adapter. La plantation de nouveaux cépages (sept cépages blancs et trois rouges) symbolisa cette transition vers une production plus qualitative. Cette diversification cépage par cépage ouvrit la voie à des investissements importants, notamment en œnologie moderne, qui allaient permettre à la coopérative de s’inscrire dans une dynamique de renouveau.
Les années 2000 : un virage vers l’œnotourisme et la qualité
À partir des années 2000, la Cave Florès initia un nouveau virage stratégique. En 2008, la construction d’un nouveau bâtiment dédié à l’œnotourisme, incluant un caveau de vente, une salle de réception et un restaurant, marqua l’entrée dans une nouvelle ère. La cave offrait désormais un visage moderne et tourné vers l’accueil des visiteurs, tout en consolidant son savoir-faire en matière de vinification. Deux éléments majeurs illustrent cette transformation. D’une part, la cave devint prestataire de vinification pour un important négociant et quatre caves particulières. D’autre part, la production de vin conditionné explosa pour atteindre 1,2 million de bouteilles, majoritairement destinées à l’exportation vers des marchés tels que les États-Unis, le Royaume-Uni et les Pays-Bas.
Cette transition vers le conditionné eut des répercussions positives sur le chiffre d’affaires de la cave, qui dépassa celui des ventes en vrac, jusque-là sa principale source de revenus. Cette diversification des activités, incluant la prestation de services et l’œnotourisme, contribua largement à la croissance actuelle de l’entreprise. La cave Florès accueille également régulièrement Le Cercle des Épicurieux, un club privé de réseautage réunissant les esprits entreprenants de la région autour de la gastronomie et des vins de la cave.
Un engagement pour la durabilité et l’innovation
Fidèle à ses racines, la Cave Florès s’est engagée dans une démarche durable, tant au niveau environnemental que social. Depuis trois ans, une partie du vignoble a été convertie à l’agriculture biologique, avec 50 hectares en conversion, soit plus de 10 % de la production totale. Par ailleurs, la cave se distingue par son recours aux énergies renouvelables. L’installation de panneaux solaires permet de couvrir 45 % des besoins énergétiques de l’exploitation, tandis que des bornes de recharge pour véhicules électriques ont été mises à disposition des visiteurs. « L’obtention du label HVE 3 (Haute Valeur Environnementale), le niveau maximal de certification en France, témoigne de l’engagement de la coopérative pour des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. Des pratiques viticoles raisonnées, telles que la confusion sexuelle sur 70 % des vignes pour réduire l’usage de pesticides, ainsi que le désherbage mécanique sur 20 % des parcelles, contribuent à la préservation de la biodiversité locale. En ces temps de changement climatique, ces initiatives placent la cave en tête des efforts pour une agriculture durable. » explique Benjamin Brousse, président de la coopérative.
Une cave ancrée dans le territoire
Aujourd’hui, avec 85 coopérateurs, la Cave Florès continue d’avoir un impact significatif sur l’économie locale, générant de l’emploi direct et indirect. Le président de la coopérative, voit dans la coopération le secret de la longévité de la cave : “C’est la mutualisation des efforts et des idées, ainsi que la solidarité entre les coopérateurs, qui nous permet de faire face aux défis et de maintenir une dynamique collective.” Face aux défis climatiques et aux mutations du marché, la cave soutient ses adhérents, notamment en facilitant l’irrigation des vignobles grâce au réseau BRL, et en accompagnant les démarches de conversion vers une agriculture plus durable. Face récents dispositifs gouvernementaux favorisant l’arrachage des vignes, le président indique que la région florensacoise, productrice de vins blancs, est moins touchée par cette crise que d’autres zones spécialisées dans les vins rouges.
Un avenir résilient et prometteur
Malgré les turbulences actuelles dans le secteur viticole, Benjamin Brousse reste optimiste pour l’avenir de la Cave Florès. Des projets sont en cours, notamment la construction d’un nouveau hangar de stockage pour soutenir l’essor des ventes de vin conditionné. “C’est une période difficile, mais nous avons toujours su nous adapter. Nous restons confiants en notre capacité à faire face et à trouver des solutions”, explique-t-il. Avec une histoire riche de 90 ans, marquée par des périodes de crise et de transformation, la Cave Florès incarne la résilience et l’innovation comme l’évoque son président. Forte de son ancrage local et de son engagement vers la qualité et la durabilité, elle semble prête à relever les défis des décennies à venir.
Joyeux Anniversaire !
Pour célébrer les 90 ans de la cave Florès, un événement est organisé le samedi 5 octobre au grand jardin. Au programme, un menu anniversaire préparé par le chef Nicolas Gros, une dizaine de food trucks ainsi que trois concerts avec Luna Gabriel, Les Barbeaux, et le groupe What Else. La soirée sera également animée par un spectacle de magie et de mentalisme avec Guillaume Vallée, un spectacle de jonglerie et un lâcher de lanternes pour clôturer l’événement.