Politique — Montpellier Méditerranée Métropole

Frédéric Lafforgue compare l’urbanisme de la ville à un tanker difficile à arrêter

Résonné, et en capitaine de pétrolier, le maire de Castelnau-le-Lez veut rassurer : « j’ai la volonté d’arrêter l’urbanisme, d’y mettre un stop ! » C’était lors du point presse de rentrée au Clos des Verdures où Frédéric Lafforgue s’était entouré de certains collaborateurs de sa majorité, le jeudi 5 septembre.

Castelnau-le-Lez ne dépassera pas « les 30 000 habitants », c’est dit et c’est martelé : « on restera sur ce quota-là », affirme le maire. « J’ai la volonté d’arrêter l’urbanisme. » Une ambition partagée par un grand nombre de Castelnauviens et par toute son opposition municipale. Sans compter ses années d’adjoint à l’urbanisme de Jean-Pierre Grand, l’édile d’aujourd’hui aime à dire qu’il va « fêter » son « septennat » et il veut rassurer : « on continue d’avoir la Nature en ville. J’allais dire la campagne en ville. » Mais voilà, garder ce cap Nature n’est pas si facile, il faut savoir manœuvrer : « c’est comme un pétrolier qui veut aller à Port-de-Bouc sur la Méditerranée, il commence à ralentir depuis l’Espiguette », explique-t-il.

Une responsabilité pénale au-delà des mandats

Navigation difficile pour Frédéric Lafforgue qui raconte l’équilibre qu’il faut trouver entre incertitudes et choix : « je tends la joue droite, j’ai le préfet qui me rappelle que j’ai 772 logements sociaux à faire et puis je tends la joue gauche, le 20 décembre 2021, on a un  porté à connaissance sans discussion sur le plan de prévention de risque incendie. Je suis toujours dans l’attente des prescriptions. Le 30 mai 2023, on m’annonce un plan de prévention de risque inondation en me disant ne vous inquiétez pas monsieur le maire, cet été on vous fera le “porter à connaissance.” Bon, ils ont oublié de me donner l’année. »

Septembre 2024, toujours pas de porté à connaissance, du temps long donc, question urbanisme, on parle en années, voire en décennies. « À travers les documents du PLUi, on a voulu vraiment marquer les choses. Donc j’ai rencontré Stéphane Champay, début juillet, dans ses premiers jours de fonction », explique le maire de Castelnau-le-Lez. Et tout semblerait revenu sous contrôle, « depuis février j’ai une carte officieuse sur Castelnau » et ainsi Frédéric Lafforgue se considère désormais comme « sachant » puis il précise : « et en étant sachant, on a notre responsabilité pénale au-delà de nos mandats qui est pleine et entière. » D’autant que le Plan de prévention des risques d’inondation (PPRI) devient un élément incontournable pour toute réflexion en matière d’urbanisme. « On est convoqué avec le maire de Montpellier à la préfecture puisque ce sont les deux communes qui sont concernées par le PPRI […] On nous explique très gentiment et on nous montre une carte d’aléas qui est officieuse, mais pas officielle. Mais dès le moment où l’on a eu connaissance de cette carte, nous sommes sachants, » raconte Frédéric Lafforgue, pour clarifier la situation.

L’ignorance est écartée, être bien informé suppose action et réaction, le tanker de l’urbanisation va-t-il pouvoir s’arrêter ? « On consulte maintenant sur chaque permis la métropole, mais indirectement les services de l’État, de la DDTM. Et si le permis est dans la zone rouge élevée  […] je signe un refus de permis, j’en ai déjà signé cinq. » Ces refus du maire concernent le centre ancien de la ville ou l’avenue de l’Europe comme le Caylus ou le champ Juvénal. 

Frédéric Lafforgue semble vouloir poursuivre cette politique du refus tant qu’il n’aura pas « le porter à connaissance » et les prescriptions : « c’est bien beau d’avoir une carte, mais il faut aussi connaître les prescriptions de l’État. » 

Concernant la 1re enquête publique, celle de l’avenue de l’Europe, Frédéric Lafforgue se défend d’avoir été sanctionné : « je rappelle quand même que c’est la métropole. Quand j’entends, les petits copains qui disent, le maire a pris un carton rouge, c’est pas le maire, c’est la métropole qui prend un carton rouge. » 

Quid de la zone de Sablassou ? « Il faut arrêter de rêver »

Quid de la zone de Sablassou ? « Il reste une zone de 10 ha, on va tomber à 5 ha qui correspondront au transfert de la clinique », annonce l’élu. Précisant «  il n’y aura pas de logement autour de la clinique. Peut-être au sein de la clinique, il y aura un équipement pour qu’on puisse recevoir du personnel médical. » Sur cette 2e enquête publique de la réserve foncière de Sablassou, le commissaire enquêteur Thierry Davin a demandé un délai supplémentaire avant d’émettre son avis. Mais Frédéric Lafforgue confie : «  sans effleurer les choses, il m’en a parlé un petit peu sur la procédure, visiblement on n’aurait pas eu la bonne procédure adaptée. » Cela n’aurait rien d’impactant et le maire était récemment avec Didier Jaffe le directeur de l’ARS qui signait une convention. « Cette convention va de 2024 à 2028 et prévoit le transfert de la clinique. Là aussi, il faut arrêter de rêver. Celui qui décide du transfert de la clinique, c’est le directeur de l’ARS. Et il l’a écrit, il l’a confirmé par le biais de cette convention qui est signée. » Comprendre, c’est l’État qui confirme ce transfert.

Pour Frédéric Lafforgue les choses avancent, car « c’est un équipement public majeur pour Castelnau, mais aussi pour l’Est montpelliérain. » Le maire aime à rappeler : « je ne me suis pas levé un matin en me disant, je vais emmerder tout le monde et on va la mettre à Sablassou. On a un petit peu réfléchi avant. Aujourd’hui vous avez un arrêt de tram, plus un futur arrêt dans 6 mois de bus tram, une gare TER qui a été confirmée dans le plan SERM avec l’État, ça serait une hérésie de ne pas y mettre un équipement de santé. » La métropole aussi a aidé à la réflexion de l’implantation sur le secteur de Sablassou, insiste le maire.

« Je suis en pleine forme ! »

Alors qu’il s’apprête à « fêter son septennat », le maire de Castelnau cite un sondage qui affirme que beaucoup d’élus sont atteints d’épuisement ou de potentiel burn-out. Il confie dans un sourire : « je suis en pleine forme ! » Les investissements se poursuivent « afin de répondre au mieux à un service public de qualité pour une ville apaisée. » Des satisfactions aussi : « j’avais annoncé un parc par an, on va être à deux parcs par an sur ce mandat » Question sécurité : « avant la fin du mandat, on aura 100 caméras sur la ville ! Et un nouveau poste de Police municipale. » 

Pour ce qui est d’une « garde à vue », comme s’interrogeait le journal l’Agglorieuse, Frédéric Lafforgue écarte la question dans un trait d’humour « c’était le 18 juillet ! Alors je ne sais pas si vous avez remarqué, mais c’est la Saint-Frédéric. Je sais qu’il y en a qui veulent me faire ma fête, mais je n’ai nullement été en garde à vue. » Le maire annonce dans la foulée qu’il porte plainte en diffamation contre l’Agglorieuse.

Depuis 1973, d’abord sous format magazine, puis via son site, Hérault Tribune informe le public des événements qui se produisent dans le grand Agathois, le Biterrois et le bassin de Thau.

Depuis 1895, l’Hérault Juridique & Economique traite l’économie, le droit et la culture dans son hebdomadaire papier, puis via son site Internet. Il contribue au développement sécurisé de l’économie locale en publiant les annonces légales.