Frontignan: après les chiens, les dromadaires autorisés sur les plages pour l'opération 0 déchet
A l’instar des nettoyeurs ambulants présents dans certains trains low-cost français, le nomade camélidé était présent sur la plage de Frontignan ce samedi 13 juillet pour une opération ramassage de déchets. Une initiative originale de la municipalité, sous l’impulsion de Jean-Louis Molto, élu délégué aux espaces portuaires et balnéaires.
Sous un soleil de plomb, deux dromadaires, Lili et Touareg, sillonnent la plage; sacs accrochés sur le dos, ils sont en quête de déchets à récupérer auprès des vacanciers, surpris de croiser un tel animal loin des déserts africains.
“Le but”, explique Coralie Le Meur, cofondatrice de l’exploitation Dromasud et éleveuse de dromadaires, “c’est d’inciter les gens à rembarquer leurs déchets chez eux, ou de les jeter en sortie de plage vers les containers pour faire le tri. Les dromadaires attirent, ils jouent les médiateurs entre les humains et la nature”. “Ça nous permet de prendre contact avec les enfants pour leur apprendre à trier. Quoi de mieux que les animaux pour nous apprendre à respecter cette nature ?”, poursuit la jeune femme de 28 ans, auprès de l’AFP.
Depuis 2023, pendant toutes les vacances d’été, une fois tous les 15 jours, à chaque fois le samedi, la mairie de Frontignan a ainsi fait le choix d’éveiller les touristes au respect de leur environnement, en faisant appel à cette entreprise locale et ses camélidés.
Une bosse, 0 déchet
“C’était une expérience folle au début. Faire marcher des dromadaires sur la plage, aller chercher des déchets. L’objectif est ludique: sensibiliser dès le plus jeune âge les enfants et les amener à trier leurs déchets”, explique Jean-Louis Molto, élu à la mairie de Frontignan, délégué aux espaces portuaires et balnéaires.
Sur la plage, samedi, le succès a une nouvelle fois été au rendez-vous. Touareg, un dromadaire mâle âgé de 16 ans, et Lili, une jeune femelle de quatre ans, suscitent la curiosité des vacanciers, incités à jeter leurs déchets dans les sacs estampillés du logo de la Ville et placés sur les flancs des animaux. Ils circulent sur cette plage tous les quinze jours.
“Bonjour, avez-vous des déchets plastiques, emballages ?”, lance Coralie, tout en tirant le dromadaire vers elle, à l’adresse d’un petit groupe de personnes allongées sur leurs serviettes. Luc Rivière, 64 ans, maillot de bain et lunettes de soleil, n’en revient pas. Deux bouteilles vides à la main, à moitié rassuré, il vient les déposer dans un des sacs portés par Touareg, sans quitter l’animal du regard. “C’est épatant”, s’exclame-t-il, “je me dis que ça peut motiver les gens à faire attention, les motiver à faire le nécessaire pour garder une plage propre”.
La démarche ample et chaloupée des deux dromadaires se poursuit le long des sept kilomètres de la plage de Frontignan, aller puis retour. Une promenade qui leur a pris plus de trois heures samedi, leur présence attirant l’attention des familles.
A la recherche du débris perdu
“Je n’en avais jamais vu!”, s’exclame une petite fille en maillot de bain rose. “Il ne sent pas bon”, commente une autre jeune vacancière en pouffant de rire.
Une fois leur passage sur la plage terminé, Lili et Touareg se dirigent vers une des rues parallèles, où se situent les poubelles de tri. Leurs sacs sont vidés et leur contenu réparti dans les conteneurs correspondants. Si le volume est important, le nombre exact de kilos ainsi ramassés est en cours d’étude auprès de la mairie.
“Avant, nous avions des poubelles sur la plage”, raconte Jean-Louis Molto, l’élu frontignanais: “Mais une fois pleines, les gens déposaient leurs sacs de déchets à côté. Les goélands venaient les éclater et le vent ramenait le tout dans la mer. Il nous a donc semblé important de décaler ces poubelles (NDLR: sur la route de front de mer) en y ajoutant le tri sélectif”, explique l’élu.
Raccompagnés par leurs guides, à travers la ville, les deux dromadaires n’ont plus qu’à rentrer à pied vers leur ferme, satisfaits d’une journée “où tout le monde s’est senti utile”, explique leur propriétaire.
“Le dromadaire, c’est le champion des économies, des ressources”, insiste Cécile Le Meur, 55 ans, cofondatrice de la ferme Dromasud avec sa fille Coralie: “C’est un animal qui ne boit pas beaucoup, hyper adapté à la chaleur, qui sait parfaitement marcher dans le sable, et donc qui se prête quasiment de façon naturelle au ramassage des déchets sur la plage”.